Extraits

- Absurde pour nous, rectifia Christus Yeggo. J'en reviens à mon hypothèse: nous avons plongé en ignorant le point d'émergence, en nous fiant uniquement aux données primitives... et encore!... RIEN NE PROUVE QUE NOUS AYONS REELLEMENT UTILISE LE SUBESPACE!

-Et si nous avions émergé dans un monde parallèle? C'est possible, après ce que nous avons passé! Un de ces mondes soupçonnés par les savants?... A moins que nous soyons tombés dans une faille de temps!

De nouveau, cinq paires d'yeux étaient braquées sur le panoramique. La planète occupait presque la totalité de l'écran. Elle apparaissait, nimbée de bleu, belle comme une perle voilant sa nudité d'un habit de nuages, mystérieuse comme une légende ancienne.

Reg et Lorn avaient préparé l'itinéraire du retour, avaient dégagé les points de plongée subspatiale ainsi que les points d'émergences en tenant compte des mouvements planétaires et des obstacles tels que les météores. Certaines zones étaient classées dangereuses. On les éviterait.

Mais déjà, le Noir avait lancé plusieurs ondes sur les bêtes de tête, les forçant à ralentir leur allure. Puis, avec une parfaite maîtrise, il en projeta d'autre qui, cette fois, immobilisèrent toute la bande.

- Tu les as! fit Lorn, triomphant. Allez! Enlève-les doucement.

- Alors, rien! Rien de rien! Je suis désolé, les amis, mais Nirka se comporte tout à fait normalement. Nous ne devons lui faire aucun reproche. Elle est saine à tout point de vue, tant sur le plan purement technique que sur le plan psychique. Quant aux organes directement liés aux circuits électriques, ils ne présentent pas la moindre anomalie.

Les voiles légers qui accompagnaient l'astronef dans sa course ondulaient avec une lenteur gracieuse, s'irisaient parfois, ou devenaient presque transparents. C'était des rubans vaporeux qui surgissaient du néant et qui venaient se mêler aux premiers. Ils escortaient le "Rigel ", se tenant à quelques mètres, ou caressant sa coque lisse.

Etant né pour mener une vie aventureuse, il ne s'était jamais fait à l'idée de rester, à longueur d'année, enfermé dans un bureau de directeur général. Il avait vendu tous ses biens à une compagnie concurrente, ce qui lui avait permis d'acquérir le Rigel, un astronef doté des plus grands perfectionnements, et de placer le reste de son argent dans une banque des planètes confédérées.

Il avait également dressé la liste des animaux qu'il allait ramener sur Terra, avait noté leurs caractéristiques, leurs besoins alimentaires et, en marge, le numéro de leurs cages respectives.

Il y avait surtout des olwans, des espèces de lévriers au poil roux, à la tête couverte d'écailles minuscules. Ces bêtes, au demeurant très belles, avaient été commandées par l'Institut Limat d'Alpha-IV.

Laab, le soleil était encore haut dans le ciel de Réhan lorsque Reg Barmil, géant blond au teint mat, sortit du solcare, une habitation faite d'un assemblage de panneaux d'isocal.

Vêtu de son seul pantalon de sylvnyl, il avança vers l'astronef dont la coque fuselée étincelait. Il s'arrêta, plissa les yeux pour le contempler et sourit.

Il y avait un peu moins de quatre ans de la Terre qu'il l'avait acheté. Une fortune, certes, mais à la mort de son père, Reg Barmil avait hérité des fabriques d'aliments synthétiques implantées sur Mars.