Extraits

"Quand Alix entra dans la cellule de Clémence, très tôt le lendemain matin, celle-ci avait déjà rassemblé tous ses effets personnels."

"Encore manqué ! Triompha Clémence en évitant de peu un deuxième pot de fard, qui alla se fracasser sur le grand miroir au-dessus de la cheminée. Maladroite comme tu l'es, tu ne serais même pas capable de remporter une poupée de chiffon à la foire !

-Pintade ! Siffla Alix en bondissant pour traverser le lit qui la séparait de Clémence. Si jamais je t'attrape !

Et elle se lança aussitôt à la poursuite de sa sœur, qui courait déjà vers la porte de la chambre en riant au éclats.

-Qu'est ce qui se passe, ici ? S' écria Léontine, qui entra au même instant, arrêtant les jumelles dans leur élan. C'est pas Dieu possible ! Toujours à se battre !

En voyant la crème à l'huile d'amande douce qui glissait lentement le long du miroir et s' étalait sur le marbre de la cheminée, au milieu des brisures de porcelaine, la servante reprit en levant les bras au ciel :

-Si c'est encore permis de voir ça ! À votre âge ! Vous n'êtes pas plus raisonnables à quinze ans que vous ne l'étiez à six !"

Elle s'approcha du perroquet en lui parlant à voix basse, mais quand elle voulut le caresser, l'animal protesta énergiquement :

-- Baaaaaas les pattes !

Tout en continuant à le flatter, Alix décrocha la chaîne dorée qui attachait l'oiseau à son perchoir. Hamilcar sauta aussitôt sur son épaule en criant :

-- Garrrrrde à vous !

Les domestiques se retournèrent et le regardèrent d'un air moqueur. Vexé, le perroquet détourna la tête, se redressa et lança d'une voix suraiguë :

-- Horrrrrs de ma vuuuuuue !

... déclenchant une tornade d'éclats de rire.

Elles entrèrent en riant dans la pièce voisine où trois hommes, dont un prêtre, se tenaient debout autour d'un guéridon. L'air embarrassé et le sourcil froncé, ils paraissaient avoir une conversation des plus sérieuses.

-- Un morceau de blanc, vous dis-je !

-- Non, l'abbé, la cuisse...

-- L'aile peut-être, mais sans la peau, naturellement, suggéra le troisième.

Ils se retournèrent pour saluer Alix, qui aperçut enfin l'objet de leur préoccupation : une volaille dorée et fumante.

"- As-tu appris à lire l'avenir dans les cartes ou dans le marc de café pour faire de telles prédictions ? Et d'où te vient ce goût du sacrifice ? As-tu seulement pensé à mon chagrin de ne plus t'avoir près de moi ? A l'âge de six ans, nous nous sommes juré d'être inséparables parce que nous étions jumelles. Tu ne peux pas l'avoir oublié !"

" En un instant lui revint en mémoire la conversation qu'elle avait eue avec son frère quelques temps auparavant, lors de la promenade en forêt.

- Mon Dieu, gémit-elle. Une main de pendu...."

"- Je ne veux pas que le roi libère mon frère uniquement "parce qu'un service en vaut un autre" dit-elle à voix basse en serrant les poings. Je prouverais son innocence !"

(...)-Non! s'écria Catherine, devinat les pensées des deux autres .Je refuse de croire que mon fils ai eu recourt a ces diableries!ILest trop jeune et encore très naif.L'état déplorable dans lequel il se trouve aujourd'hui en est la preuve !

Alix tendit la main vers le sinestre talisman et déplia lentement la fine toile qui l'entourait.

Léontine se signa est détourna le regard.

-Mère,regardez ce tatouage, ont dirait...(...)