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Liste des extraits
L'école des loisirs, p. 85
« Ces trois rats étaient différents. Non point dans leur apparence : ils avaient même face poilue que leurs frères. Mais ils se distinguaient par leur allure. Ils ne furetaient guère, ne s'arrêtaient mis pour renifler l'air, ne tournaient pas en rond. Ils trottaient en ligne, silencieusement, droitement, toujours à même vitesse. On aurait dit trois soldats qui chargeaient, sous la dictée de quelque général invisible. »
Afficher en entierL'école des loisirs, p. 64
« Quand la maladie l'avait frappé, suivant la loi, il avait été chassé de la ville. Une cérémonie avait été organisée à l'église, au cours de laquelle on l'avait déclaré mort.
— Le service funèbre était fort émeuvant, raconta le lépreux. Le bourgmestre a dit un beau discours. Mon épouse pleurait à grandes eaux, en serrant mon fils contre son sein. Il était âgé de quelques mois, alors. Maintenant, il doit avoir cinq ou six ans. Puis nous sommes sortis de l'église. J'ai légué tous mes biens à mon épouse, ôté ma belle vêture, mes bijoux. En échange, on m'a baillé ma robe de ladre jaune, mon écuelle et ma crécelle. Le prêtre a déposé une motte de terre sur mon front pour montrer au monde qu'il m'enterrait, et j'ai rejoint la léproserie. »
Afficher en entierL'école des loisirs, p. 17
« [N]otre histoire se passe pendant le règne de Rodolphe de Habsbourg, à une époque qu'on appelle aujourd'hui le Moyen Âge classique. C'était un temps où les hommes qui parvenaient à vivre jusqu'à trente ans étaient des vieillards, où les femmes étaient mères de cinq ou six enfants à vingt ans. En ces temps-là, on prenait son bain en public. Les maisons ne disposaient que d'un seul grand lit, dans lequel dormaient toute la famille, la servantaille et les étrangers de passage. On ne savait jamais qu'elle heure il était ; les journées étaient rythmées par la cloche de l'église, qui sonnait d'abord prime, puis tierce, sexte, none, vêpres et enfin complies au coucher du soleil. Le chocolat, la pomme de terre et la tomate n'existaient pas encore. »
Afficher en entierL'école des loisirs, p. 2
« Ce que je m'en vais conter eut lieu il y fort longtemps, dans la bourgade d'Hamelin. Comme chacun sait, cette cité est sise dans les nordiques contrées du Saint Empire germanique. Là-bas se déroulèrent des événements terribles et inouïs.
Cette histoire a agité bien des langues. Elle a voyagé, a été maintes fois couchée par écrit. Peu à peu, l'affreuse malaventure est devenue un conte pour enfants. Une courte fable qu'on narre aux marmots avant le coucher, pour peupler leurs rêves de sordides images.
[...]
N'écoutez point cette puérile historiette, glanée d'après les racontars et fabuleriez des colporteurs. L'affaire ne s'est pas déroulée telle qu'on la dit. La véritable histoire est bien pire. »
Afficher en entierMirella se réveilla en sursaut, inquiète de voir le soleil entrer à flots entre les planches disjointes des murs. Peste soit de cette chaleur abrutissante ! Elle avait dormi plus que de raison et manqué une matinée de corvée. Puis tout soudain elle se rassura. En oyant lourdement ronfler ses compains, elle se rappela que ce matin était celui des lépreux.
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