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Wangrin n’avait écouté que d’une oreille le discours mi-prometteur mi-macabre de Diofo. Son esprit en alerte évaluait la profondeur du pétrin dans lequel il était tombé d’une manière malencontreuse et cherchait un moyen d’en sortir, la tête bien en place sur les épaules.
Eurêka ! Le cerveau artificieux et rusé de Wangrin venait de pondre un œuf de sa production. Son courage n’avait plus qu’à le couver et le faire éclore avant que ne chantent les coqs et ne braient les ânes au petit matin.
Afficher en entierToi, mon cadet, tu réussiras dans ta vie si tu te fais accepter par Gongoloma-Sooké, et cela tant que la pierre d’alliance de ce dieu sera entre tes mains. Je ne connais pas ta fin, mais ton étoile commencera à pâlir le jour où N’tubanin-kan-fin, la tourterelle au cou cerclé à demi d’une bande noire, se posera sur une branche morte d’un kapokier en fleur et roucoulera par sept cris saccadés, puis s’envolera de la branche pour se poser à terre, sur le côté gauche de ta route. A partir de ce moment tu deviendras vulnérable et facilement à la merci de tes ennemis ou d’une guigne implacable. Veille à cela, c’est là mon grand conseil.
Afficher en entierWangrin était fier d'être « Kamalen-Koro », un circoncis, mais également d'être un élève de l'École des otages. Il était également fier de ses habits d'écolier, et en particulier de ses souliers confectionnés par un cordonnier de France et de sa chéchia rouge et ronde, agrémentée d'un pompon en soie bleue. Chaque départ en vacances était pour lui un événement mémorable, impatiemment attendu. Tout le monde l'attendait à Ninkoro-Sira, et notamment les belles filles du village
Afficher en entierLes Français craignaient cependant un revirement possible de la part des chefs et notables du pays en faveur d'Yorsam, si jamais celui-ci obtenait le moindre avantage militaire sur les troupes françaises. Pour se garantir contre cette éventualité, ils créèrent l'École des otages, à Kayes, où ils envoyèrent de gré ou de force tous les fils de chefs et de notables
Afficher en entierLe père de Wangrin lui inspirait une grande peur. En sa présence, il perdait tous ses moyens et ne savait même plus reconnaître les objets qu'on lui présentait. Il considérait cependant son père comme l'homme le plus fort de la terre et était fier de se dire qu'un jour il serait aussi fort que lui. Wangrin fut d'abord initié aux petits dieux des garçons non circoncis, Thieblenin et Ntomo, puis, à son adolescence, à Ntomo-Ntori
Afficher en entierLe Komo annonça au père que son fils se singulariserait et brillerait dans la vie, mais qu'il n'avait point vu sa tombe au cimetière de ses ancêtres. Cette prédiction laissait entendre que Wangrin mourrait à l'étranger, loin du pays natal
Afficher en entierLe père entra dans la case-maternité. Il salua rapidement son épouse, puis se saisit d'une calebasse neuve qu'il remplit d'eau. Il y versa la poudre végétale. Puis il se mit à invoquer Nyakuruba et tous les dieux du mariage et de la maternité. Il crachotait dans l'eau au fur et à mesure qu'il récitait les litanies rituelles. Quand il eut fini, il jeta dans la calebasse remplie d'eau son couteau sacrificiel. Quelques instants après, il le sortit tout ruisselant d'eau. D'un coup sec et précis, il coupa le cordon ombilical qui soudait Wangrin à ses « petits frères »
Afficher en entierAussi, quand le père de Wangrin vit la matrone édentée se diriger vers lui avec une si grande hâte que ses orteils heurtaient et envoyaient au loin les objets placés sur sa route, il ôta vivement de sa bouche sa pipe en terre cuite et la tint dans la main gauche. La barbe relevée, les yeux écarquillés, la bouche à demi ouverte, il fixait la vieille femme.
Afficher en entierLe petit Wangrin poussa le sempiternel vagissement pour annoncer son entrée dans ce monde déroutant où chacun vit au prix de mille et une indispositions et dont personne ne sortira vivant. L'enfant était drapé jusqu'aux épaules dans un tissu de chair blanc et léger, souple et transparent. Sa tête en était également couverte, tout comme s'il portait un bonnet. Les « petits frères » (5) ne tardèrent pas à suivre
Afficher en entierElle était assistée d'une matrone édentée et chenue. Celle-ci regardait la future maman se tordre comme une chenille arpenteuse sans intervenir autrement qu'en chantant doucement la mélopée matrimoniale enseignée par Nyakuruba, la déesse de la maternité, et que voici
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