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"Quand le maître m'a donné un saxo, un saxo que tu serais mort de rire si tu l'avais vu,je crois que j'ai compris tout de suite. La musique me sortait du temps; enfin, c'est une façon de parler. Si tu veux savoir ce que je ressens réellement, je crois plutôt que la musique me mettait dans le temps. "
Afficher en entier"Ah, mais si un jour le chimpanzé parvient à lire, quelle débandade, quel sauve-qui-peut, et moi le premier. Il est terrible de voir un homme des plus ordinaires se jeter contre les murs avec cette violence. Le choc de ses os contre la pierre nous dénonce tous, et la première phrase de sa musique nous réduit en miettes. (Les martyrs et les héros, d'accord, on sait où ils vont. Mais Johnny ?)"
Afficher en entiernouvel Et à la fin j’ai compris. C’est facile d’expliquer, tu sais, mais c’est facile parce qu’en réalité c’est pas la vraie explication. La véritable explication tu peux toujours courir pour la donner. Il te faudrait prendre le métro et attendre que ça t’arrive, à toi aussi, quoique je croie que ça n’arrive qu’à moi ces choses-là. C’est un peu comme ça, regarde… Mais vraiment, t’as jamais fait l’amour avec la marquise ? Il faut que tu lui demandes de monter sur le tabouret doré qui est dans un coin de sa chambre à côté d’une très jolie lampe et… Bon, voilà l’autre qui se ramène
Afficher en entiernouvel Je lui tends un paquet de Gauloises mais je sais très bien que c’est à la drogue qu’il pense. Il fait déjà nuit, dans le couloir on entend des allées et venues, des dialogues en arabe, une chanson. Dédée est sortie, elle est probablement allée acheter quelque chose pour le dîner. Je sens la main de Johnny sur mon genou
Afficher en entiernouvel r de rire. — Il vaut mieux pas tout mélanger, dit-il au bout d’un moment. Je l’ai perdu, n’en parlons plus. Mais le métro m’a aidé à découvrir le truc de la valise. Tu sais, cette histoire des choses élastiques, c’est très bizarre, c’est un machin que je sens partout. Tout est élastique, mon vieux, et les choses qui paraissent dures c’est qu’elles sont d’une élasticité
Afficher en entiernouvel J’étais en train de dire que dès que j’ai commencé à jouer, tout môme, je me suis aperçu que le temps changeait. J’ai raconté ça une fois à Jim et il m’a dit que tout le monde éprouve la même chose dès qu’on commence à s’abstraire… C’est ce qu’il a dit : « Dès qu’on commence à s’abstraire. » Mais je ne m’abstrais pas, moi, quand je joue. Je change simplement d’endroit.
Afficher en entiernouvel Je pense à la musique qui se perd, aux douzaines de disques où Johnny pourrait encore nous laisser cette présence, cette avance étonnante qu’il a sur n’importe quel autre musicien. « Ça je suis en train de le jouer demain » me paraît soudain très clair. Johnny est toujours en train de jouer demain et les autres sont toujours à la traîne dans cet aujourd’hui que lui saute sans effort dès les premières notes
Afficher en entiernouvel Je te crois que je la connais et que j’ai essayé de la raconter de mon mieux dans ma biographie de Johnny. — C’est pour ça que le temps n’en finissait pas à la maison. Dispute sur dispute et presque rien à manger. Et par-dessus le marché, la religion ; ah, ça, tu peux pas savoir. Quand le maître m’a donné un saxo, un saxo que tu serais mort de rire si tu l’avais vu, je crois que j’ai compris tout de suite. La musique me sortait du temps ; enfin, c’est une façon de parler. Si tu veux savoir ce que je ressens réellement, je crois plutôt que la musique me mettait dans le temps. Mais alors il faut croire que ce temps-là n’a rien à voir avec… bon, avec nous, pour ainsi dire
Afficher en entiernouvel Je lui ai donné les dernières gouttes de rhum juste au moment où Dédée a rallumé la lumière. On n’y voyait presque plus dans la pièce. Johnny transpire mais il reste enveloppé dans sa couverture et de temps en temps un frisson le secoue et fait grincer le fauteuil
Afficher en entiernouvel Il n’y a rien là-dedans, Bruno, ce qui s’appelle rien. Ça ne pense pas et ça ne comprend rien. À vrai dire, ça ne m’a jamais beaucoup manqué. Moi, je commence à comprendre à partir des yeux et plus ça descend, mieux je comprends. Quoiqu’on puisse pas vraiment appeler ça comprendre
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