Extraits

« L’émotion me gagne dès que mes yeux se posent sur lui. Je ne peux retenir une larme qui s’échappe et roule le long de ma joue.

Ma gorge est nouée. Je déglutis péniblement tandis que Paul ne m’a pas encore aperçue. Nous sommes à quelques mètres de lui, il a le dos tourné.

Curieusement, les conversations se font de plus en plus discrètes.

Une main se pose sur l’épaule de mon frère qui se tourne vers nous tandis que mes larmes coulent de plus belle sous l’émotion.

Je m’approche à pas lents de lui.

Il a les yeux exorbités, la bouche ouverte, me fixant comme si j'étais un fantôme. Puis, son verre de champagne glisse entre ses doigts…

Le bruit du verre brisé interrompt tous les murmures des personnes autour de nous.

– Logane… »

Extrait 3

Michael

Je ne sais vraiment plus où j’en suis avec elle. Son regard était si tendre hier et, là, je ne vois que du mépris. Je sors rapidement de la chambre et claque la porte violemment.

Je suis complètement trempé !

Je le constate seulement maintenant aux regards intrigués que me lancent les femmes de chambre qui préparent leurs chariots dans le couloir.

Je n’ai jamais éprouvé auparavant ce sentiment d’impuissance. Mais je sais que je ne peux rien faire d’autre…

Dix minutes plus tard, après avoir changé de vêtements, je descends rejoindre Sam à la salle à manger. Elle est seule à la table. Je pousse un soupir tandis que mon cœur me souffle d’aller retrouver Logane pour m’assurer qu’elle va bien.

– Comment tu vas ?

– Elle ne veut rien entendre. Elle a vraiment un fichu caractère ! Sam, tu veux bien aller voir si elle va bien ?

– Elle va bien, Mike ! Je viens de l’appeler, car j’ai reçu un appel de Mel en vous attendant.

– Mel !

– Oui, elle va arriver d’une minute à l’autre pour prendre le petit-déjeuner avec nous.

– O.K, on doit faire quoi aujourd’hui ?

– Tu ne m’as pas l’air en forme.

– Mm, je crois que j’ai attrapé un léger rhume, avoué-je en reniflant.

– J’irai te chercher quelque chose à la pharmacie.

– Inutile ! Alors ? Qu’est-ce qui est prévu pour la journée ?

– Tu as une séance photo à dix heures et une petite apparition télé. Une équipe de tournage viendra à l’hôtel vers dix-huit heures. Pour le reste de la journée, tu es libre.

– Il faut que j’appelle Robert aussi…

– Tu es obligé ? me demande-t-elle en grimaçant.

– Je vois que vous n’avez pas envie, l’un comme l’autre, de vous voir !

– Comment ça ? demande-t-elle, réprobatrice.

– Rien. Je l’appellerai après qu’on ait mangé.

– Hé bonjour !

– Mel !

– Bonjour, Mel.

– Où est Logane ? demande-t-elle, le regard plissé.

– Elle n’est pas encore descendue. Je vais voir si elle en a encore pour longtemps.

Je regarde Sam partir tandis que j’invite Mel à prendre place.

Elle me sourit et me lance un regard furtif avant de se servir une tasse de café.

Je devrais peut-être essayer de savoir ce qui se passe avec Logane, mais je sais que c’est son amie, et elle ne me dira rien… si ce n’est…

– Vous avez passé une bonne nuit ? lui demandé-je.

– Heu… Je n’ai dormi que trois heures en tout. Et savoir si elle était bonne et bien, pas trop. Nous avons eu pas mal d’urgences à traiter…

– Oui, c’est vrai, Logane m’a dit que vous étiez de garde à l’hôpital cette nuit.

– Logane vous a dit ? répète-t-elle, étonnée.

– Oui.

– Hum…

– Qu’est-ce qui vous fait sourire ?

– Oh, rien du tout… Seulement, c’est étrange de la part de Logane, c’est tout. Quand je l’ai quittée hier, elle n’avait pas l’air en forme.

– Oh, elle allait bien… jusqu’à ce…

– Quoi ? Jusqu’à quoi ? me questionne-t-elle, d’une voix grave.

– Un homme est venu à l’hôtel et il voulait à tout prix lui parler…

Je l’observe tandis qu’elle écarquille les yeux, horrifiée par l’aveu que je viens de lui faire.

– Mon Dieu…

– Oui, il s’agissait de Curtis ! dis-je en espérant qu’elle m’en parle.

– Il faut que j’aille la voir, lance-t-elle en se levant précipitamment.

Vivement, je me redresse et l’agrippe par le bras pour la retenir.

– Inutile, elle va mieux. Écoutez… je ne sais pas ce que cette ordure lui a fait, mais… Mel, éclairez-moi, j’ignore comment je dois m’y prendre avec elle. Logane a l’air si…

– Brisée… continue-t-elle d’une voix triste.

– Que lui a fait ce Curtis ? Mel, s’il vous plaît…

– Je suis désolée, je ne peux pas. Elle m’a fait promettre de n’en parler à personne.

– Même si c’est pour son bien ? insisté-je, les yeux plissés.

– Vous ne savez pas ce qui est bien ou non pour elle, Michael, rétorque-t-elle en me fixant droit dans les yeux.

– Oui, je commence à le savoir, murmuré-je en soupirant.

– Écoutez… elle va sûrement me tuer si elle sait que je vous dis cela, mais… Logane est quelqu’un de formidable malgré ce qu’elle a subi pendant de nombreuses années. Le manque de son père depuis son enfance ! La maladie de sa mère durant plusieurs années de souffrance, son décès… et Curtis Brame ! Tout ce que cette pourriture lui a fait subir…

Mel étouffe un sanglot, elle ferme les yeux et reste silencieuse pendant un instant.

Je m’en veux, je n’aurais pas dû insister.

Alors que je pose une main réconfortante sur la sienne, elle ouvre les paupières et me sourit timidement.

– Tout ce que je peux vous dire c’est... si vous tenez à elle, sincèrement à elle, alors soyez patient. Ce n’est pas à moi de vous confier cela, mais elle tient beaucoup à vous.

– Je ne crois pas…

– Oui, c’est ce qu’elle essaie de vous faire croire, me dit-elle en riant légèrement. Tenez bon, Michael. Elle peut se montrer très coriace, agressive, méchante même, mais si elle vous montre ces traits de caractère c’est qu’elle vous aime, soyez-en certain.

– Mais quand on aime, on montre autre chose que de la haine.

– Logane est différente. Elle a été brisée tant de fois que c’est une façon pour elle de se préserver… La voilà ! Je ne vous ai rien dit !

– Mel ! s’exclame Logane.

– Ma puce…

Je souris, ému de voir apparaître l’enjouement sur les lèvres de Logane.

Admirant l’étreinte des deux amies, Sam me jette un coup de coude afin que je me concentre sur elle. Je la regarde, les sourcils froncés.

– Elle va bien, ne t’en fais pas.

J’esquisse un sourire et la remercie d’un hochement de tête.

Je dois être patient, me répété-je une dizaine de fois.

Je le serai, mais je compte aussi découvrir ce secret qui lui est si lourd…

Extrait 2

Logane

Je me concentre tant bien que mal sur mon frère qui me contemple, le micro en main. Mon corps est pris de légers tremblements tandis que la présence de Michael à mon côté n’arrange rien. Je déglutis péniblement face au clin d’œil complice de Paul.

Un soupir d’exaspération de mon voisin me fait reprendre mes esprits.

– Mes chers amis ! Mon père et moi aimerions vous dire quelque chose… une chose très importante qui nous tient tout particulièrement à cœur. Mais comme vous pouvez le constater, il est trop ému ce soir pour faire son propre discours…

J’essaie de garder mon self-control que j’ai appris à apprivoiser pendant toutes ces années, mais ce soir, tout est différent.

Les larmes montent en moi à la vue du visage de mon père qui se tient à l’écart. Il me fixe, les larmes aux yeux.

Michael a dû s’apercevoir de mon trouble, car il glisse une main dans la mienne.

Bien trop bouleversée par ce que mon frère s’apprête à dire devant tous ces gens, je me laisse faire, savourant les douces caresses de réconfort qu’il prodigue avec ses doigts sur la fine peau de mon poignet.

– Il y a plusieurs années de cela, mon père a fait la connaissance d’une femme merveilleuse. Ce n’est pas de ma mère que je vous parle… mais de la femme que mon père n’a jamais cessé d’aimer tout au long de sa vie. Cela fait des années que nous avons gardé cela entre nous… dans la famille. Mais depuis toujours, une personne m’a terriblement manqué… elle compte plus que tout pour moi et pour toi… papa. Bref, je ne vais pas vous parler de notre vie en détail, mais ce soir, j’aimerais vous faire partager le bonheur, la joie immense que j’éprouve. Une superbe jeune femme m’a fait le plus beau cadeau qui soit… elle a mis toutes ses craintes et ses doutes de côté pour enfin nous rejoindre… Je suis très heureux de vous présenter… Logane Rodriguez… ma petite sœur !

Michael

Mon Dieu…

Je n’arrive pas à croire ce que je viens d’entendre…

Mes doigts sont crispés sur la main de Logane. Le silence qui régnait dans la salle est submergé par des cris de joie, d’étonnements, d’applaudissements.

Je risque un regard vers elle, ses joues sont inondées de larmes. J’arrive à peine à me rendre compte de la ressemblance entre eux. Ils possèdent le même regard, d’une intensité puissante.

Soudain, elle tourne la tête vers moi et nous nous observons furtivement, mais j’éprouve une grande déception quand elle lâche ma main. Je l’observe tandis qu’elle s’avance vers son père qui la prend dans ses bras. Je souris devant une telle scène émouvante.

Je n’ai jamais vu Joey dans un tel état.

Les traits habituellement durs de son visage sont aujourd’hui détendus. Ses pupilles pétillent de joie, il a le sourire aux lèvres…

Logane se détache de lui lentement et monte sur l’estrade.

À peine est-elle dessus que Paul la prend dans ses bras et la serre contre son cœur. Je le vois susurrer des mots près de son oreille.

Je serre les mâchoires, constatant que ses sanglots redoublent, elle pleure tout en se laissant aller à ses émotions dans les bras de son frère.

Son frère…

Et moi qui viens de prétendre que…

GR, Roller !

Je regarde autour de moi, les invités sont en train d’envahir l’espace où se tiennent Logane et Paul.

Je ne peux plus voir ce tableau si touchant.

Une main vient de se poser sur mon épaule. Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir qu’il s’agit de Matt.

Je ferme un instant les yeux comme pour chasser tout ce qui vient de se produire, mais quand je les ouvre, tout est identique. Matt exerce une légère pression de ses doigts sur mon épaule. Je me tourne alors et lui souris.

Sélena est avec lui, elle me foudroie d’un regard de reproches…

– Hé, tu vas bien, vieux ?

– Oui…

– Tu crois qu’on devrait aller vers eux ? me demande Matt.

Je n’ai pas le temps de répondre que ma cavalière s’en charge sur un ton dédaigneux.

– Pas la peine, on sait qui elle est maintenant… mais Michael le savait sûrement, non ?

– Non ! Je ne le savais pas.

– Ben, ils arrivent ! m’annonce mon meilleur ami.

En effet, je détourne mon regard de Sélena qui vient de m’énerver par sa remarque futile. Je les vois qui approchent avec difficulté, interrompus sans cesse par les autres invités sur leur passage.

Mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine de manière inquiétante.

Matt pouffe d’un rire moqueur, se rendant certainement compte de mon trouble. Je lui lance un regard réprobateur. Il me donne en retour un clin d’œil comme pour s’excuser silencieusement.

C’est à cet instant précis qu’ils parviennent à notre hauteur.

– Alors comme ça, tu as osé nous cacher l’existence d’une si belle créature ? lance Matt d’un ton joyeux.

– Oui. Mais j’ai l’impression que je le regrette déjà, à vous voir tous baver devant elle ! répond Paul d’une voix menaçante.

Je souris au coup de coude que Logane vient de mettre dans les côtes de son frère.

Elle a un sacré tempérament !

Nos regards se croisent et je me sens rougir comme si cette réflexion m’était adressée personnellement. Matt éclate de rire tandis qu’il l’enlace par la taille et l’embrasse sur les deux joues. Jack en fait de même et tout le monde les imite.

Je tourne la tête vers Sélena qui était à mon côté, mais ne l’est plus. Elle a disparu comme si elle refusait les présentations officielles.

Tandis que Logane se détache de l’étreinte de Robert, Paul pose une main sur mon épaule. Je ne peux pas faire autrement… je fais un pas vers elle et prends sa main dans la mienne.

Nos regards se soudent alors que je me baisse lentement vers son visage. Mes lèvres viennent se poser sur sa joue.

Une bouffée de chaleur m’irradie entièrement au contact de sa peau si douce. Je ne m’attarde pas et me redresse tout en esquissant un léger sourire, comprenant que mon baiser lui a fait de l’effet.

– Alors, Logane ? Vous n’êtes jamais venue en Amérique auparavant si je comprends bien ?

Je reste concentré sur la question que Jack vient de lui poser.

– Non… et oui, vous avez bien compris !

– On peut se tutoyer si vous voulez…

– Pas de soucis…

– Jack ?

– …

Je fixe mon ami qui ne répond pas à l’appel de Paul, totalement subjugué par sa petite sœur.

– Oh, je te parle, vieux !

– Quoi ? demande-t-il enfin dans un sursaut.

– C’est ma sœur, donc, toi, pas touche !

– Dis, Paul ? intervient Logane.

– Oui, ma puce ?

– Ta petite sœur est majeure et vaccinée, et je suis assez grande pour dire moi-même qui peut me toucher ou non !

Je retiens difficilement un large sourire à sa réplique, mais je compatis pour Paul.

Il a raison de la protéger de tous ces hommes…

Logane

Tout le monde éclate de rire à la pique que je viens de lancer à l’adresse de mon frère. Tous, sauf un… son regard est plissé comme s’il s’inquiétait de quelque chose.

Mon frère s’en aperçoit.

– Mike ? Tu vas bien ? lui demande-t-il.

– Ben, j’ai l’impression que je ne suis pas le seul à…

– C’est bon, Jack, fiche-lui la paix ! lance le dénommé Matt.

– Tout va bien, Paul. Désolé… je réfléchissais…

Mon regard est attiré une fois de plus vers Michael.

J’étudie les traits de son visage quand soudain, Sélena se plante devant lui.

– Miky, est-ce qu’on pourrait rentrer ? Je suis très fatiguée.

Je l’observe. Il parait surpris et je doute également qu’elle soit fatiguée comme elle le prétend.

Je remarque à cet instant que je ne suis pas la seule à fixer l’acteur et sa petite amie de cette façon. Matt, Jack, Robert ainsi que mon frère en font de même.

– S’il te plaît, Miky…

C’est qu’elle insiste en plus !

Lui, il pousse un soupir de résignation avant de lui répondre :

– Très bien… Laisse-moi le temps de dire bonsoir aux autres.

Sélena n’est pas actrice à ce que je sache, mais j’avoue qu’elle a joué son rôle de comédienne à la perfection.

Et Michael se plie à ses yeux de biche, minaudant qu’elle est fatiguée alors qu’elle vient de partir toute souriante, laissant toutes traces de lassitude sur le visage de Michael.

C’est si... pathétique !

– Je suis désolé, il faut que j’y aille…

– Dépose-la chez elle et reviens ici, lui lance Matt pour mon plus grand plaisir.

– Je ne crois pas qu’elle apprécierait.

Je ne veux plus rien entendre.

Monsieur ne veut pas la quitter une seconde, c’est évident !

Alors qu’il reste avec elle ! Je suis certaine que Sélena retrouvera son énergie quand ils seront seuls.

Mais qu’est-ce qui me prend ?

J’éprouve un sentiment nouveau alors que je les imagine seuls.

Est-ce de la jalousie ?

Je secoue légèrement la tête et souris à Jack qui me reluque toujours avec des yeux doux.

– Tu veux danser ? lui proposé-je en souriant.

– Heu… oui, oui… avec plaisir ! répond-il comme si je venais de lui offrir le plus beau cadeau qui soit.

Parfait !

Je sais que Michael m’observe toujours tandis que je m’éloigne au bras de son ami, Jack. J’entends Matt lui souffler de revenir après avoir déposé Sélena, mais je ne perçois pas sa réponse…

Extrait 1

Logane

Descendue de la passerelle, je me retourne vers ma compagne de voyage et la remercie de la gentillesse dont elle a fait preuve durant celui-ci. Après une poignée de main amicale échangée, je me dirige vers le bureau d’accueil.

Alors que j’avance dans le hall de l’aéroport en cherchant du regard mon père, je m’attarde sur un couple, à priori heureux de se retrouver.

Je souris devant l’émotion que je peux lire dans leurs yeux, ils sont très beaux…

Poussant un soupir de lassitude, je vais chercher mes bagages alors qu’un portier me les pose sur un chariot. Je le remercie pour son attention et le quitte, poussant ce caddy qui pèse lourd.

– Tu voudrais peut-être un coup de main, Logane…

Surprise, je me retourne et rends un sourire à mon père qui se tient devant moi. Il est accompagné d’un homme en costume qui arbore un large sourire. Mon père me prend dans ses bras avec une infinie douceur tandis que l’émotion m’envahit.

Je suis frustrée de me sentir gênée quand il me serre un peu plus contre lui, mais mes bras s’enroulent autour de son cou et je ferme les paupières, savourant cet instant dont j’avais rêvé depuis si longtemps.

– Tu as fait bon voyage ? me demande-t-il en me gardant contre lui.

Je profite de cette question pour me détacher de son étreinte. Il me contemple et me semble ému.

Oui, il l’est…

De fines larmes perlent au coin de ses paupières.

Troublée, je soupire et lui réponds d’un murmure :

– Oui, tout s’est bien passé…

Nos regards restent ancrés l’un à l’autre. Il tourne la tête le premier vers l’homme qui se tient toujours à son côté.

– Ma chérie, je te présente Carl, c’est mon chauffeur, mais aussi un ami, m’annonce-t-il en souriant.

– Bonsoir, Mademoiselle...

– Bonsoir… Mon nom est Logane Rodriguez, dis-je en posant ma main dans la sienne.

Mon père me lance un regard hésitant puis me prend par le bras.

– Il est temps d’y aller. J’espère que tu n’es pas trop fatiguée par le vol, ma chérie ?

– Heu… non. En fait, j’ai dormi comme un bébé.

Il paraît surpris.

– Je pensais que tu aurais été trop paniquée pour fermer les yeux !

– C’est grâce à Mel que j’ai pu dormir. Elle est allée me chercher un léger somnifère à la pharmacie avant mon départ pour l’aéroport.

– C’est une perle cette fille. Elle m’a téléphoné deux fois pour savoir si tu étais saine et sauve.

J’accompagne mon père dans un léger rire tandis que je m’installe dans la voiture qui nous attendait à la sortie du hall. Je contemple son visage dès qu’il prend place à mon côté.

Je n'avais jamais remarqué qu’il dégageait un charme aussi fou.

Malgré ses cinquante-quatre ans, il garde les traits d’un jeune homme de la trentaine. Paul lui ressemble beaucoup d’ailleurs. Ils ont tous deux la même forme de visage, les mâchoires carrées qui leur donnent souvent l’air autoritaire. Mais ce n’est qu’une pure impression, car ils ne le sont pas, du moins... pas avec moi.

J’ai eu la chance d’avoir hérité de la couleur des yeux de mon père – d’un bleu clair à l’éclat illuminé – et c'est bien la seule chose qu'il m'ait donnée de bien. Je regrette seulement de ne pas avoir cette étincelle qui les fait briller à tout bout de champ.

Ils ont aussi la même couleur de cheveux, tous les deux – châtains foncés – tandis que j’ai celle de ma tendre maman.

D’origine espagnole, le noir ébène de mes mèches est ce que j’aime le plus chez moi, bien que Mel me fatigue à me répéter que j’ai un corps de rêve.

Pff… c’est ma meilleure amie.

– Si tu veux, tu peux l’appeler, Logane…

Je sors de mes pensées et le fixe d’un air hébété. Il me sourit et passe un bras sur mes épaules.

– Tu veux appeler ton amie ?

Il me tend son portable que je prends aussitôt.

– Merci, papa.

Je compose le numéro de portable de Mel.

Elle doit être à la clinique à l’heure qu’il est en France.

– Haaaa... je suis contente que tu m’appelles, je m’inquiétais depuis que je me suis levée ce matin…

– Je vais bien, ma belle ! Le voyage s’est bien passé grâce à toi…

– Tu n’es pas trop fatiguée, j’espère ?

– Non, ça ira, ne t’inquiète pas pour moi.

– Et tes retrouvailles avec Joey ?

– Hum… ça va, on est en chemin pour la maison.

– J’ai hâte que tu me racontes tout ! Je veux que tu me décrives la tête de Paul dès qu’il te verra, à cette réception, au bras de ton père.

J’étouffe un rire devant son enthousiasme et je m’aperçois que mon père me sourit tendrement. Je lui rends un sourire timide tandis qu’il prend ma main dans la sienne.

– Heu… il faut que je te laisse, ma Mel. Je t’appellerai demain matin, et je te raconterai tout.

– Très bien, Logane, je suis tellement ravie pour toi… Dis-moi, tu me promets de mettre la robe, d’accord ?

– Oui… je te le promets, cédé-je en roulant des yeux.

Après quelques minutes, je rends le portable à mon père et contemple ce paysage étranger qui défile sous mon regard brillant d’excitation intense.

Je soupire d’agacement en repensant à cette robe qu’elle m’a demandé de porter pour la réception. Moi qui aime d’ordinaire porter des jeans et tee-shirts ! Il est vrai que je ne peux pas me présenter ainsi devant des personnalités d’Hollywood ! C’est d’ailleurs pour cette raison que Mel a décidé de me donner une robe de soirée, de haute couture qui plus est…

Mon Dieu, je n’arrive pas à croire que je suis arrivée dans ce pays, à côté de mon père, ce dont je rêvais secrètement au plus profond de mon cœur, depuis toute petite…

Et mon frère…

Je suis tellement impatiente de me retrouver dans ses bras.

Après une dizaine de minutes de route, nous sommes enfin arrivés chez mon père.

Les yeux grands ouverts, je regarde le luxe qui s’étale dans les pièces. Je ne suis pas très admirative devant les tableaux accrochés aux murs de part et d’autre, mais je dois bien admettre qu’ils se fondent parfaitement dans le décor.

Je n’ai pas le temps de tout observer, mon père me presse un peu en m’emmenant à l’étage pour me préparer. Je n’en reviens pas, je suis dans un tel état d’excitation et de stress que mes jambes sont prêtes à se dérober sous moi.

Je monte lentement les marches de cet imposant escalier.

– Tu auras le temps de visiter toutes les pièces de la maison plus tard, ma chérie.

– Ça me semble un peu trop grand… immense pour toi, non ?

Il se met à rire et passe un bras autour de ma taille pour me faire entrer dans ma chambre.

– J’ai souvent du monde ici, je n’ai pas le temps de me retrouver seul, tu sais…

Gênée, je baisse les yeux.

– Voici ta chambre, ma puce. Elle est à toi jusqu’à ce que tu emménages chez toi.

– Merci, papa. Oui, j’avais oublié un instant que mon cher frère m’a acheté une maison !

– Ne sois pas en colère après lui, Logane. Paul rêve depuis toujours de t’avoir à ses côtés.

Je ne réponds pas, mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est de sa faute si j’ai mis tout ce temps à me décider !

Mon regard se promène dans la pièce et je souris à l’attention dont il a fait preuve pour ma venue.

Un bouquet de roses blanches a été déposé, dans un vase en cristal, sur la table de nuit. Je ferme les yeux et respire le parfum envoûtant et apaisant de ces fleurs que j’apprécie énormément. Les murs sont teintés d’une couleur rosée, les meubles en chêne contrastent parfaitement avec la décoration de la chambre. Le lit à baldaquin trône contre un pan du mur, disposé de sorte que les rayons du soleil flottent délicatement sur le visage de la personne qui s’y repose.

– Je vais te laisser te préparer, me dit-il en regardant sa montre. Carl a monté tes valises, elles sont dans la salle de bain. Nous avons encore une bonne heure avant de nous rendre à la réception.

Je déglutis péniblement à l’écoute de ces mots.

Il a dû s’apercevoir de mon trouble, car il s’installe sur le lit et me tend la main pour le rejoindre.

Assise à son côté, je triture nerveusement un morceau du couvre-lit.

– Logane ? Je sais que tu as pris sur toi pour accepter de venir vivre ici… et je t’en suis très reconnaissant, ma petite fille. Même si tu l’as fait pour Paul, je tiens à ce que tu saches que je suis très heureux que tu sois ici… près de nous.

Je retiens comme je peux l’émotion qui monte en moi.

– Je… ne l’ai pas fait que pour Paul, papa.

Je ferme les yeux un instant pour me donner du courage et serre mes doigts sur sa main qu’il vient de poser sur la mienne.

– Je sais que maman aurait voulu que je sois ici, auprès de toi. Quand elle a appris que ta femme était décédée, elle a essayé de me persuader de venir vous rejoindre… Mais je n’ai pas pu…

– Je sais que je t’ai fait beaucoup souffrir, ma fille… et tu peux me croire… je m’en suis beaucoup voulu… encore aujourd’hui.

– J’espère juste qu’on arrivera à oublier nos erreurs et… que l'on pourra repartir du bon pied, avec toi, Paul et moi…

Il me sourit tendrement, ravi d’entendre mes paroles qui lui font énormément plaisir. Il m’embrasse tendrement sur le front et se lève vivement comme s’il ne voulait pas que je voie ses yeux brillants de larmes. Je souris à mon tour et m’aperçois qu’il est déjà près de la porte.

– Dépêche-toi de te préparer, ma puce, je t’attends en bas.

Je n’ai pas le temps de lui répondre que la porte se referme.

Il est très ému et cela me touche d’autant plus que c’est la première fois qu’il me montre autant ses sentiments, laissant paraître un peu les émotions qu'il ressent.

Mais je ne peux pas le blâmer !

Moi-même, je ne veux rien laisser voir aux gens de ce que j’éprouve au fond du cœur. Sauf à Paul peut-être… C'est bien le seul à me connaître vraiment.

Quoique, je pense que dans peu de temps, il sera complètement perdu quand il s’apercevra que sa petite sœur est ici, totalement et assurément transformée en une jeune femme digne de ce nom.