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Il savait, maintenant. Il savait ce qu'avait dû ressentir Jehan de Castelroc, traversant la campagne en vent de guerre et de mort pour venir venger ceux qu'il aimait plus que sa vie.
Elle était là, l'épreuve de force.
Il allait savoir enfin, qui, du Louvoir ou de lui, utiliserait l'autre. [...]
La loi des loups et des galoups, celle des forêts... Simple, élégante, brutale... Tuer ou être tué.
Il avait choisi.
Il ne combattait pas pour un idéal fumeux, pour quelque cause abstraite ou compliquée, non... Il combattait pour la vie de ceux qui lui étaient chers et qui s trouvaient à ses côtés.
Afficher en entier- Margot, il va te falloir être forte... Il va nous falloir être fortes. [...] Nous, les femmes, avons toujours été plus fortes que les hommes. Nous seules connaissons le prix de la vie donnée, nous seules souffrons quand vient l'heure d'enfanter. Tout leur courage, c'est de nous qu'ils le puisent, mère, épouse ou amante. Sans nous, ils ne sont qu'enfants perdus dans la nuit, appelant notre voix, notre présence. Toutes leurs armures, leurs bravades et leurs épées n'y changent rien, elles ne sont qu'apparence. Dans le secret de nos bras, ils se montrent enfin tels qu'ils sont : fragiles, incomplets, en besoin de nous.
Afficher en entierIl articula difficilement, chaque syllabe lui arrachant une parcelle de coeur :
- Pardonne-moi, mon frère.. Pardonne-moi.
Alors, comme si son sang était de plomb, Thierry leva une main que la vie désertait, la posa sur le cou de son frère et le tira vers lui.
- Imbécile. Je t'ai déjà pardonné... Et elle aussi.
Jehan secoua la tête.
- Non. Non, elle ne peut pas.. Personne ne le peut... Pas après ce que j'ai fait.
La main le serra un peu plus fort.
- Bien sûr que si. Elle t'a pardonné. Toutes ces années, elle n'a attendu qu'une chose... Que tu viennes la trouver, que tu la prennes dans tes bras et murmures son nom, celui que tu avais forgé pour elle, que tu lui demandes pardon... Elle te l'aurait accordé. Sans réserve. Le cœur d'une femme est un océan de pardon... Souviens-toi...
Afficher en entierToute cette joyeuse assistance vous remue la pénombre enfumée à coups de syllabes occitanes, de celles qui trillent et qui flûtent comme une chanson.
Et puis soudain, dans ce joyeux désordre, un mouvement se fait. Insensible d’abord, il devient plus précis…
Des quatre coins de la pièce, on converge vers la gueule à flammes de l’âtre…
On se fait taiseux, on remballe les braillantes comme les murmures.
Même la Mère, qui, derrière, dans l’évier en pierre, frotte encore quelques assiettes et plats avec belle vaillance, secondée par les aînés, récure tout à coup en sourdine.
Alors, la pénombre s’enrichit d’une voix, de celles qui vous envoûtent l’oreille et vous démarrent la fabrique à rêves… ou à cauchemars.
La voix du conteur.
« C’est par une nuit d’hiver comme celle-ci, où le froid en aurait fendu jusqu’aux rochers, que Louis et ses compagnons frappèrent à la porte de Maistre Raymond, dans la bonne ville d’Argentat, sur les bords paisibles de la Dordogne…»
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