Extraits

Driss préféra s'intéresser aux deux gamins qui s'amusaient avec leur chien. Ce que Malik lui disait, il se le disait tous les jours. Parfois, lorsqu'il finissait de se soûler dans les troquets minables, il se tournait vers les ivrognes attablés autour de lui et s'apercevait qu'il était le plus à plaindre.

En pénétrant dans l’imposant bureau du commissaire et en voyant le lieutenant Alal renfrogné dans un fauteuil et le secrétaire Slimane debout près de la fenêtre, les bras croisés sur la poitrine, Driss comprit qu’il allait recevoir le ciel sur la tête. Mais il était décidé à en découdre. Le malheur, qui l’avait frappé de plein fouet, réduisait en poussière toutes ses petites peurs de subalterne. On avait violé sa femme. On avait ruiné son honneur. Aucune autre disgrâce ne le briserait autant.

Driss Ikker était à mi-chemin du coma éthylique lorsque le brigadier Farid Aghroub le découvrit dans la chambre 43 du Sindbad, un hôtel malfamé du vieux

Tanger.Driss était couché en travers du lit, complètement nu. À côté de lui ronflait une prostituée que Farid avait souvent coffrée, une fausse blonde à la poitrine tombante qui passait son temps à se soûler au bar, derrière la réception.