Extraits

"Ce qu'on a envie de faire ou ce qu'on désire, quand on pense qu'on en a envie, si on ne fait pas l'effort de s'y mettre tout de suite, eh bien, ce désir vous quitte immanquablement sans même que vous en ayez conscience "

"Lorsqu'elle s'était retrouvée seule et avait décidé de se payer la topaze impériale en acceptant un rendez-vous, elle s'était demandé s'il existait vraiment une raison fondamentale ou autre interdisant de baiser avec un inconnu. Ou mieux, elle avait cherché en elle, ce qui, maintenant, était le plus important pour elle, y avait-il quelque chose de supérieur qu'elle pourrait désirer et qui la dispenserait d'accepter un rendez-vous pour s'offrir cette bague ? Elle chercha parmi les choses que lui auraient dites ses parents ou ses professeurs quand elle était petite, parmi les choses qu'elle aurait lues dans un livre, un journal ou un magazine, qu'elle aurait entendues à la radio, les paroles d'une chanson, un truc qu'elle aurait vu à la télévision, dans un film ou en vidéo. Elle ne trouva rien".

Elles avaient vu plusieurs hommes stationnés à gauche de l'arrivée de l'escalier mécanique. Surtout des hommes dans la trentaine mais il y avait également des vieux de plus de quarante ans et des salarymens d'une vingtaine d'années. Ils attendaient des lycéennes, espérant obtenir un rendez-vous contre de l'argent.

"Il faut de l'énergie pour rencontrer l'autre. Ça fatigue vraiment. Mais moi, je pense que ne pas rencontrer l'autre, c'est la mort, c'est être mort. "

Capitaine Eo : C'est pas une chose à faire, ce que tu fais! Se mettre nue devant un homme que tu ne connais pas. Si quelqu'un l'apprenait, il est probable qu'il te désapprouverait. Car ce quelqu'un, il existe forcément, tout le monde a forcément quelqu'un qui, lorsqu'il est seul, lorsqu'il est triste, pleure tout seul, il y a forcément quelqu'un dans ce genre de circonstance qui... est-ce que tu imagines ce que ça lui ferait d'apprendre que cette femme si importante pour lui, que cette femme est nue devant un homme? Non, toi, tu ne comprends pas, tu penses que personne ne pense à toi en ce moment, maintenant, alors qu'on te touche les seins, que tu es nue, dans un moment pareil, maintenant, il y a quelqu'un que le chagrin accable, quelqu’un de triste à en mourir.

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En rentrant, Hiromi repensa à ce qu'avait dit Kobayashi au sujet de la fameuse phrase de Captain Eo, sans que cela ait de rapport avec le discours qu'il lui avait tenu . Cette phrase qui effaçait toutes les autres Lorsque tu es nue comme tu l'est en ce moment, il y a quelqu'un qui est triste à en mourir. Seul un type bienveillant a pu te dire une chose pareille, avait dit Kobayashi.

-Ben oui, ça veut dire que tu as de la valeur. Ne te vends pas pour si peu! La nudité, c'est l'être même d'un individu. Elle est d'un prix inestimable, voilà pourquoi quelqu'un est triste à mourir. Tu ne crois pas?

Spoiler(cliquez pour révéler)"_ Oui. Cette sensation étrange quand le client va faire son choix,et puis, il y a le bruit de la sonnette, quand tu l’entends, tu te demandes quel genre de type ça va être. Bien sûr, je faisais ça pour le pognon mais cet instant où le désir d'un tiers se porte sur toi, cet instant de la rencontre quand un individu dirige son désire sur toi, ça c'est vraiment excitant. En comparaison, quand on se retrouve seuls, qu'on passe au lit et qu'on s'y met, ça aussi, c'est bon mais ce n'est pas la même chose. En fait, c'est une chose que je n'ai comprise que beaucoup plus tard. Quand tu es jeune, tu ne comprends cette émotion particulière de la rencontre avec l'autre. Surtout quand il s'agit de sexe. C'est pareil pour les filles. Elles laissent des messages sur des messageries pour se payer des trucs de chez Chanel ou Gucci mais si c'était de ça qu'elles avaient vraiment envie, elles pourraient le voler, non ? C'est ce que je ne cessais de répéter à Yoshio mais que je lui parle de l'"autre", de "rencontre", ça devait lui faire l'impression de m'entendre parler en dormant. Et oui voilà, terminé ! Je veux croire que chacun d'entre nous a une valeur, le sexe, c'est seulement un moyen plus rapide. Mais c'est aussi pour ça que le désir de l'autre qui se porte sur toi est si excitant, parce que ça veut dire que chacun d'entre nous a une valeur."

"Moi, à la campagne, je me sens mal. J'ai horreur de la campagne au point de me sentir vraiment mal. ça me file la nausée et ce n'est pas à cause de l'odeur du fumier, c'est parce que là bas, l'autre n'existe pas. Tout le monde se connaît. il ya des gens qui soudain décident d'aller faire pousser des navets à la campagne, y en a même de plus en plus depuis quelque temps, mais en ce sont des gens au bout du rouleau, plus aucune énergie. Des gens qui ont renoncé à ce dont je te parle. Il faut de l'énergie pour rencontrer l'autre. ça fatigue vraiment. Mais moi, je pense que ne pas rencontrer l'autre, c'est la mort, c'est être mort".

"Elles disent toutes que si c'était possible, elles souhaiteraient modifier leur apparence extérieure. Mais, tout ce qui n'est pas soi-même, comment le changer même avec un milliard de yens ? C'est impossible. Peut-être à l'avenir les choses changeront d'une manière ou d'une autre. Mais si, de ce qui nous constitue, on pouvait changer quelque chose, son propre esprit ou sa sensibilité, peut-être alors ne serait-on plus soi-même".

"Il avait l'air de faire très chaud dehors. Elle avait eu envie de mettre une combinaison sous sa robe, comme elle n'avait pas d'anneaux d'oreilles ni de colliers à larges pièces de monnaie, elle choisit plutôt une robe à col roulé blanc, noir et gris. Une robe qu'elle avait acheté 4990 yens à la fin de l'été dernier chez Bells, une boutique située au sous-sol du grand magasin 109".