Extraits

Le visage fermé, sa ride du lion creusée en permanence, encore plus pâle que d'habitude, Max ne cesse de rajuster ses boutons de manchette d'un geste nerveux, assis dans un fauteuil. De l'autre côté du petit salon, comme absorbé par la vue offerte depuis la grande fenêtre, Joseph reste impassible.

Si les deux frères s'évitent du regard et ne s'adressent quasiment pas la parole, il me semble tout de même qu'une trêve a lieu, du moins au sein de l'hôpital Cedars-Sinaï, où leur oncle se trouve toujours entre la vie et la mort.

Sous respirateur artificiel, étendu dans sa grande chambre contiguë à la pièce dans laquelle nous nous trouvons, il se bat toujours…

Joseph a fait en sorte qu'Alistair soit emmené dans une des trois suites médicalisées que l'hôpital met à la disposition des personnalités pour leur garantir la plus grande discrétion et, à l'occasion, permettre une protection rapprochée.

Depuis hier, nous attendons. Les médecins nous ont prévenus : il faut garder espoir, mais se préparer au pire.

Joseph a accueilli la nouvelle presque froidement, combatif et rationnel, ne cédant pas à la panique malgré son angoisse. Max a plus de mal à gérer ses émotions, il ne tient pas en place.

Tessa est partie prendre l'air un instant. Ma meilleure amie paraît touchée par son attachement évident au vieil homme…

Pour ma part, c'est la première fois de ma vie que je me trouve confrontée à ce genre de situation. Je ne sais pas trop comment réagir, j'essaie de rester calme, d'apporter toute l'aide que je peux à Joseph, quelle qu'elle soit. Pour le moment, en présence de son frère, je préfère rester en retrait.

On frappe à la porte. Sans même jeter un regard à Max, Joseph se retourne et va ouvrir. La haute stature de Norman pénètre dans la pièce où nous nous trouvons. Sans dire un mot, il empoigne la main de Joseph, l'attire contre lui et lui donne deux tapes dans le dos. Toujours interloquée de voir cet homme se permettre une telle proximité avec Joseph, d'habitude si distant avec son entourage, j'observe la scène en silence.

Joseph lui rend brièvement son étreinte.