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La liberté est une chose merveilleuse, même si la responsabilité qui l'accompagne peut sembler un fardeau pénible.
Afficher en entierAri Thor était trop jeune pour avoir connu l'âge d'or du hareng à Siglufjordur, mais il avait beaucoup lu et entendu maintes histoires à ce sujet après s'être installé dans le nord. Siglufjordur avait été le premier port d'Islande pour la pêche au hareng. Sa taille avait décuplé quand la pêche battait son plein. La première usine de poissons construite en ville datait du début du XXe siècle et le hareng était longtemps resté le produit d'exportation le plus rentable d'Islande.
Afficher en entierLa ville commençait à s’éveiller même si, par ce temps, les habitants ne semblaient pas pressés de mettre le nez dehors. Le vent du nord, tristement familier, soufflait ses rafales glacées. Une pluie drue l’accompagnait, et quelques degrés de moins auraient suffi pour transformer le tout en blizzard. Ari Thór ne s’y ferait jamais.
Afficher en entierAlors, une pensée embarrassante se fraya un chemin dans son esprit. Il essaya sans succès de la repousser, de l’étouffer avant qu’elle n’enfle en lui. Si Herjólfur n’était plus en état de reprendre son travail, alors le poste d’inspecteur lui reviendrait de plein droit.
Afficher en entierElle devait bien se l’avouer, malgré son scepticisme initial : c’était une ville ravissante. Elle s’épanouissait à la lumière des longues journées estivales, s’enivrait du merveilleux parfum de la mer. L’air froid mais d’une pureté incroyable l’emplissait chaque jour d’énergie, même en hiver. Elle s’était prise à aimer la pluie et le vent, comme aujourd’hui. Ils renforçaient son sentiment d’être en vie.
Afficher en entierLorsque Ari Thór s’y était installé, Tómas l’avait prévenu : il ne se passait jamais rien à Siglufjördur.
Afficher en entierL’idée avait rapidement fait son chemin et Ari Thór, enthousiaste, en avait parlé à Kristín. Cette dernière avait semblé intéressée mais lui avait rappelé qu’elle s’était engagée auprès de ses supérieurs à rester pendant encore au moins un an à l’hôpital d’Akureyri.
– On en reparle l’an prochain, d’accord ? avait-elle proposé en souriant. La vie dans une petite ville n’est pas si mal que ça, et le grand air marin est excellent pour Stefnir.
Ari Thór avait soupiré. Pourquoi est-elle toujours aussi contrariante ? D’abord, elle déteste l’idée de vivre à Siglufjördur, et maintenant, elle s’y plaît !
Kristín s’était montrée par ailleurs inhabituellement distante ces derniers temps et il se demandait pourquoi. Ça ne pouvait pas être le baby blues. Sa froideur était assez récente et leur enfant avait presque un an.
Afficher en entierAri Thór se retourna dans le lit, réveillant Kristín. Des pleurs vigoureux montèrent du vieux berceau installé dans la chambre. Ari Thór l’avait acheté d’occasion grâce à une annonce punaisée parmi d’autres sur le panneau de liège de la coopérative locale. Par ici, on faisait encore ses courses à l’ancienne. Loin de tout magasin Ikea, les meubles finissaient rarement à la déchetterie. Le berceau était comme neuf et Ari Thór n’avait pas jugé bon d’expliquer sa provenance à Kristín : elle l’aurait sans doute refusé.
Afficher en entierAucune circulation. Qui pouvait avoir intérêt à se rendre à Siglufjördur en cette période de l’année, surtout au milieu de la nuit, par un temps pareil ? Officiellement, selon l’ancien calendrier islandais, l’hiver commençait le week-end suivant. Cela ne ferait que confirmer ce que tout le monde ici savait déjà : l’hiver était là.
Herjólfur s’immobilisa soudain. Il venait d’apercevoir un faisceau lumineux dans la maison. Lampe de poche ? En tout cas, il y avait bien quelqu’un tapi dans l’obscurité. Pourquoi pas plusieurs personnes même ? Cette intervention prenait une tournure désagréable. Herjólfur sentit ses nerfs se tendre.
Afficher en entierIls franchirent le seuil et se retrouvèrent dans un couloir glacé. Ari Thór avait quelque réticence à explorer l'endroit, mais il ne pouvait pas se permettre de se montrer faible. Ce n'était qu'une maison, après tout, même si elle avait abrité deux évènement tragiques : la mort mystérieuse du jumeau et la tentative de meurtre d'un policier. Ari Thór pressa l'interrupteur du plafonnier : apparemment, il n'y avait plus d'électricité. Le contraire l'aurait étonné.
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