Extraits

- Je sais que tu vois un psy, dis-je.

Je m'affalai sur le matelas.

Billy s'empourpra et détourna le regard.

- Ce n'est pas un problème, repris-je. Mais pourquoi en voir autant ? Pourquoi chaque jour ?

Billy poussa une pile de vêtements sales par terre et s'assit à côté de moi.

- Maman dit que nous les testons. Nous en avons rencontré un avec des lunettes et un avec un grand divan et un avec un petit divan et un avec des tas de trucs sur les murs, comme ta maman. Il ne met pas des images dans les cadres, lui non plus, seulement des morceaux de papier où sont écrits pleins de mots. Et un qui m'appelait "mon pote". Et ensuite, je devais dire à maman à qui je préférais parler.

- Qu'est ce que tu as dit ?

- J'ai dit que c'est à toi que je préfère parler.

Je dus faire semblant de tousser pour dissimuler mon sourire.

J'avais toujours dit que je ne frappais ni les filles ni les handicapés, et dans une baston entre les deux j'ignorais quel côté j'aurais choisi - sans doute serais-je resté à l'écart. Mais quand il s'agissait de Billy, la question de savoir de quel côté j'étais ne se posais plus.

- « Les papas disent des choses qu'ils ne pensent » et « font des choses qu'ils aimeraient pouvoir effacer » ? Ça veut dire quoi, ça ?

Subitement, Billy parut très affairé ; il resserra les bretelles de son sac à dos et vérifia que ses chaussures étaient bien lacées.