Extraits

Incapable de rester sans rien faire, je passe à la phase B, dite de l'encerclement : appeler les gens de l'entourage de Raphaël pour qu'ils lui disent que j'ai cherché à le joindre. Au bout d'un moment, si tout le monde se met à lui parler de moi, il sera obligé de me rappeler.

Ou pas... en réalité, je n'ai jamais testé la technique de l'encerclement : je viens de l'inventer.

Je décide d'appeler Léa. Elle sait forcément où est Raphaël et j'entends bien qu'elle me le dise. L'assistante des deux DJ décroche à la première sonnerie.

- dis-moi que Raphaël est avec toi et qu'il te fait dire qu'il a l'intention de m'appeler dans la seconde pour me donner son plan d'attaque avec le groupe australien. Dis-moi que vous n'êtes pas encore sur une ile déserte prétendument sans réseau !

Elle ne sait rien de ce qui se passe et elle n'a aucune nouvelle. Je préfère donc ne pas lui parler de ce que je suis en train de faire.

- je te rappelle Léa.

J'entends un :

- atteeeeeeends June !

Desolé Lea. Je le cherche aussi et je n'ai pas le choix.

J'appelle Flora, qui est presque plus inquiete que moi.

- June, que se passe-t-il ? Vous êtes où ?

" vous" ? Elle non plus n'est pas au courant !?

- Desolé Flora, je ne peut pas t'en dire plus, mais tout va bien.

- c'est pour ça que tu m'appelais ?

- oui, pour te rassurer ! Raphaël t'expliquera tout à son... à notre retour.

Pour la technique de l'encerclement, on repassera. Je vais attendre un peu avant de déposer un brevet.

Les meubles, renversés. Le sol, jonché de partitions déchirées. Le piano, massacré. Je n’en crois pas mes yeux. On jurerait qu’une tornade s’est abattue sur le studio de musique. À présent, c’est mon esprit qui est sens dessus dessous.

Pince-toi, June, tu vas te réveiller… Aïe !

Non, je ne rêve pas. Le cauchemar est réel. Quelqu’un s’est introduit dans le studio de musique et l’a saccagé.

J’ai du mal à regarder ce qui est advenu du précieux piano. Les cordes, coupées. Le couvercle, fendu en deux. Le bois, couvert d’éclats. Moi qui adore les instruments de musique, je ne comprends pas comment on peut détruire ainsi ce genre d’objet. J’en ai mal physiquement, comme si j’avais moi-même été frappée.