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Ces pauvres gens ne parlaient que de sable et encore de sable et de jours interminables qui se succèdent comme des dunes. Très vite, j'ai cessé d'écrire. J'ai levé les yeux de mon carnet, je n'ai plus regardé que les regards, ou plutôt ce regard commun à tous les fugitifs.
Un regard qui ne voit pas, aux couleurs délavées, un regard usé peut-être par trop de sable, peut-être par trop de soleil brûlant, peut-être par trop de scènes de mort, un regard qui ne fait plus confiance au monde, un regard qu'on croit encore regard parce que les yeux sont ouverts mais, derrière, la porte est fermée, un rideau de fer est tombée, un regard qui ne redevient regard qu'en se posant sur les enfants et encore, pas toujours, il y a des femmes qui regardent les enfants sans les voir, un pâle, très pâle sourire leur vient quand ils jouent. Et c'est tout.
Afficher en entierLes vraies histoires sont le squelette du monde.
Afficher en entierLa mer ressemble à Internet qui ressemble au Sarah. Nous n'affronterons jamais plus d'armées. Bonjour les pirates!
Afficher en entierPeut-être voyagent-ils, les pays, tout comme les oiseaux?
Peut-être qu'ils s'ennuient à toujours demeurer au même endroit de la Terre?
Quand je les ai vues, ces femmes multicolores, sur le pas de ma porte, je me suis dit : "Ça y est, Marguerite, le Mali se languissait de toi. Il est venu te rendre visite."
Afficher en entier- T'es-tu rendu maître des animaux indomptables ?
- Quels animaux ?
- Mais les MOTS, jeune ignorant ! Plus libres que les oiseaux. Plus insaisissables que les poissons. Plus cruels et sournois que les hyènes, et aussi plus nobles que les lions.
Afficher en entierVoir, imaginer, se souvenir, tu sais bien que c'est pareil
Afficher en entier"Crois-tu qu'un jour, à force d'être jouée partout, à toute heure, sur tous les instruments possibles, la musique guérira le monde?"
Afficher en entierToujours sur son fût, Mme Bâ s’impatientait.
-…J’attends.
- Que veux-tu que je te dise ? Je vois Bamako et je l’aime.
- Aveugle Ismaël. Tu as quand même remarqué comme elle est jeune et même très jeune, beaucoup trop jeune, cette foule qui passe.
- C’est vrai on dirait une course de collégiens.
- Et ça ne t’angoisse pas, inconscient Isamël ? J’espérais que les ventres des femmes s’étaient calmés durant mon absence. Idiote que je suis ! Pourquoi, mais pourquoi nous, Maliens, fabriquons-nous tellement d’enfants ? Ce fleuve de jeunes, là, devant nous, qui coule en accéléré, sais-tu au moins où il va ?
- Je ne sais pas moi ! le parcours habituel. Les lycées, les universités, les petits boulots, les apprentissages…
- Il va droit dans le mur. A croire que nos fleuves souffrent tous de la même maladie. Regarde ce fou de Niger qui a décidé de s’affronter au Sahara. Notre jeunesse, c’est pareil. Elle va se fracasser. Comment veux-tu offrir des emplois à tous ? Cette nuit, j’ai eu le temps de réfléchir. Ce n’est pas ce grouillement, un trop-plein de présence qui m’angoisse, mais juste l’inverse : un vide, un gouffre, l’absence de toute perspective pour cette marée de bambins.
Afficher en entier...ce regard commun à tous les réfugiés. Un regard qui ne voit pas, aux couleurs délavées, un regard usé peut-être par trop de sable, peut-être par trop de soleil brûlant, peut-être par trop de scènes de mort, un regard qui ne fait plus confiance au monde, un regard qu'on croit encore un regard parce que les yeux sont ouverts mais, derrière, la porte est fermé, un rideau de fer est tombé, un regard qui ne redevient un regard qu'en se posant sur les enfants et encore, pas toujours....
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