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De 1618 à 1648, la guerre de Trente Ans a dévasté l'Europe. Pour Brecht, cette guerre est « l'une des premières guerres gigantesques que le capitalisme a attirées sur l'Europe. » Mère Courage reconnaît l'essence mercantile de cette guerre : elle suit les armées avec sa carriole de marchandises et fait de bonnes affaires. « Tout au long de la pièce, Mère Courage a les yeux collés, elle n'arrive pas à le voir ; pour elle, le négoce est extensif à la guerre, la guerre est contingente au négoce. » (Roland Barthes) Mais cette marchande a aussi des enfants, et c'est là que la bât blesse et que la dialectique passe à l'attaque. Brecht écrivit Mère Courage en exil, à l'automne 1940, à une époque où le peuple allemand était aussi peu capable que Mère Courage de tirer les leçons de ses malheurs et de surmonter ses contradictions. Mais aujourd'hui, les Mère Courage ont-elles disparu ? La mise en scène de la pièce par Brecht en 1949, avec le Berliner Ensemble, a pour la première fois fait connaître concrètement au public, et avec un immense succès, le théâtre épique et dialectique, tel que Brecht l'avait conçu pendant son exil. À la fin de ce volume, le lecteur trouvera des textes de Brecht éclairant Mère Courage sous cet angle.
Afficher en entierLa pièce, écrite en 1939, alors que Brecht vivait en exil en Scandinavie, a été créée au Schauspielhaus de Zurich en 1941.
Pendant la Guerre de Trente Ans, la cantinière Anna Fierling, dite Mère Courage, accompagnée de ses deux fils, Eilif et Schweizerkas (Petit-Suisse), et de sa fille muette, Catherine, tire sa carriole sur les routes d’Europe. La pièce commence au printemps 1624, alors que la Suède recrute pour la guerre contre la Pologne.
De champ de bataille en champ de bataille, de Pologne en Bavière, toujours prête à réaliser une bonne affaire, Mère Courage s’est installée dans la guerre et fait du commerce pour être une bonne mère, mais elle ne peut être une bonne mère en faisant du commerce. Mère Courage court les champs de bataille pour y acheter et vendre tout ce qu’elle peut trouver, munitions, croquenots, poulets, etc. Pour gagner quelques sous, elle est prête à tout sacrifier.
Mère Courage est chaleureuse, retorse et pitoyable, victime elle aussi par aveuglement du métier qu'elle choisit. Pour gagner quelques sous, elle perd toute sa famille. La guerre lui prend ses enfants, l’un après l’autre. Elle se dit alors qu’ « il ne lui reste plus rien à vendre et que plus personne n’a rien pour acheter ce rien ».
Cependant elle ne renonce pas et reprend la route avec cette obstination de ceux qui, au bout du malheur, choisissent toujours le parti de la vie.
La carriole de Mère Courage est à la fois sa maison, son commerce, la cantine pour les soldats et le lieu des confidences entre les batailles. La carriole suit les armées, tantôt pleine, tantôt vide durant 12 années de la Guerre de Trente Ans, en résistant aux intempéries, aux canonnades et aux pillages.
La pièce se déroule en 12 tableaux dont la carriole est le lieu de l'action.
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