Extraits

Kat aimait beaucoup Paris, avant. Elle se souvenait d'être venue avec ses parents - elle avait mangé des croissants, visité une pyramide, et tenu six ballons rouges. Quelques années plus tard, elle avait compris que la gentille petite sortie en famille était en fait un casse mémorable au Louvre. Et, en achetant une pâtisserie dans le salon de thé favori de son père, elle sourit à ces souvenirs. Elle sortit avec son gâteau dans l'air glacé ; elle frissonna et regretta de ne pas avoir mis un manteau plus chaud. De l'autre côté du square, noir de monde, elle vit la boutique où sa mère lui avait acheté une paire de souliers rouges en cuir pour Noël. Elle avait envie d'un tas de choses.

On avait jamais su exactement à quel moment les ennuis avaient commencé au lycée Colgan. Certains menbres de l'association des anciens élève prétendaient que c'était depuis l'arrivée des filles a l'école. D'autres évoquaient la nouvelle idéologie de droite et de déclin universel du respect envers les adultes.Mais tout le monde était d'accord pour constater que la vie au lycée n'avait plus rien à voir avec ce qu'elle avait été.

Il y avait foule ce jour-là dans le couloir, et les étudiants venaient en curieux, plus nombreux que d'habitude, pour jeter un coup d'œil en chuchotant:

<< C'est elle. >>

<< C'est celle dont je t'ai parlé. >>

<< D'après toi, comment elle s'y est prise? >>

N'importe quel étudiant aurait craqué sous ces projecteurs-là, mais Katarina Bishop était une énigme à Colgan depuis son premier jour.

Certains disaient qu'elle avait réussi à s'inscrire à la dernière minute parce qu'elle était la fille d'un homme d'affaires européen extrêmement riche qui avait fait une très généreuse donation à l'école. D'autres roulaient le "r" de son prénom et prétendaient que sa silhouette altière et son calme majestueux étaient signes de noblesse, et qu'elle descendait des Romanov, l'ancienne famille impériale de Russie.

-Si tu meurs de pneumonie, je suis certain qu'au moins une dizaine de lascars vont essayer de me tuer en s'arrangeant pour que sa ressemble à un accident.

Certain la prenaient pour une héroïne, d'autres, pour une folle.