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Un tabou règne encore généralement à consacrer un livre l’histoire d’une ville sous l’Occupation, surtout quand il s’agit de sortir de la présentation d’un patchwork de documents d’époque. Voilà un joli travail d’étude publié par Créer, qui fait l’impasse sur certains noms propres de personnages plus jouets qu’acteurs aux côtés des maréchalistes ou ultra-collaborationnistes rentrés dans l’histoire. La ville de Montluçon est la plus importante agglomération d’un département où un espace réduit d’environ 10% est resté aux mains des Allemands entre juillet 1940 et novembre 1942. En effet au moment de l’Armistice les Allemands avaient atteint Clermont-Ferrand et en échange d’une bande côtière allant de Bordeaux à la frontière espagnole, ils évacuent un espace au centre et à l’est de la France qui place Montluçon en zone libre.

Les difficultés de ravitaillement, les bombardements par les Alliés des usines, les actions de résistance avec en particulier le refus du STO et le passage dans des maquis voisins situé dans le Puy-de-Dôme ou la Creuse sont évoqués. Se détache la figure de Pierre Kaan, professeur de philosophie au lycée de Montluçon à l’époque de la Drôle de guerre, puis démis de ses fonctions comme juif. La mort du maire Marx Dormoy à Montélimar en 1941 est l’objet d’une enquête qui nous livre comme acteurs et commanditaires des anciens de la Cagoule (organisation d’extrême-droite clandestine, qu’en tant que ministre de l’Intérieur avait dissoute). Si un bilan de l’Occupation est dressé, par contre c’est dans l’ouvrage suivant "Montluçon après la tourmente (1944-1977)" que l’Épuration est traitée.