Extraits

" Je joue beaucoup à Tu te souviens de la fois où.

Je suis devenu un charognard du bonheur: je cherche le bonheur derrière la laideur du monde. Si j'arrive à le trouver dissimulé dans mes tragédies, je mettrai la main dessus coûte que coûte. Si l'aveugle parvient à trouver la joie dans la musique, et que le sourd peut la découvrir avec les couleurs, je ferai de mon mieux pour toujours chercher le soleil dans les ténèbres, parce que ma vie n'est pas une fin triste; c'est une série d'heureux départs." p.397

- Hé, Soto, dit-il. Ça va pas.

Ce n'est même pas une question.

- Pas vraiment.

- Je te demanderais bien si tu veux en parler, mais je suppose que la réponse est non, puisque t'as rien dit pendant la séance.

- C'est sympa de ta part, mais je suis vide. Quand on traverse un truc difficile, les gens veulent savoir comment on va et on doit raconter la même histoire en bouche. J'en ai un peu marre de revivre ma douleur, tu comprends ?

“I realize I'm crying a little, too. I remember. Sometimes pain is so unmanageable that the idea of spending another day with it seems impossible. Other times pain acts as a compass to help you through the messier tunnels of growing up. But pain can only help you find happiness if you remember it.”

Certains souvenirs peuvent nous faire l’effet d’un coup de poing, et d’autres nous faire avancer ; certains restent avec nous pour toujours, tandis qu’on parvient à en oublier d’autres tout seul. Il est difficile de savoir à quels souvenirs on survivra si on ne reste pas sur le champ de bataille, à la merci des mauvais moments de notre vie prêts à nous prendre pour cible comme autant de balles. Si on a de la chance, les bons souvenirs seront là pour nous protéger.

Le câble orange nous suit jusqu'au toit et serpente sur le sol recouvert de petits cailloux, où toutes les traces de ma soirée avec Geneviève ont disparu. Thomas cale le projecteur vers le haut, mais il ne fait pas encore assez sombre pour commencer à regarder le film. Je m'allonge par terre en étendant les bras comme si j'allais faire l'ange dans la neige.

— Qu'est-ce que tu fabriques ? demande Thomas.

— Je me sèche.

Je ferme les yeux, mais je vois encore des taches orange et je sens le soleil qui me chauffe le visage. Mon tee-shirt est trempé, peut-être autant par la sueur que par les jets d'eau *. C'est un des côtés chiants de l'été, mais en comparaison, l'hiver peut quand même aller se rhabiller. Je n'aime pas sortir de chez moi en hiver, même quand Geneviève veut partir en balade, faire un bonhomme de neige et prendre des photos de couple débiles.

— Je ne suis pas gay, mais tu devrais enlever ton tee-shirt, dit Thomas.

Je lève les yeux vers lui. Il est déjà torse nu et étend son tee-shirt sur le rebord pour le faire sécher. Je me redresse pour retirer le mien, je le lance à Thomas et je me rallonge. Les cailloux chauffés par le soleil me brûlent la peau, mais ce n'est pas pire que le sable à la plage. En passant, deux mecs torse nu sur un toit n'est pas tellement différent de deux mecs torse nu à là plage, donc on ne devrait pas avoir besoin de préciser qu'on n'est pas homos.

While we can’t always engineer our own happy endings, we can learn how to be more happy than not with the cards we’ve been dealt.

I would do my damn best to be more happy than not. You’ve already experienced so much bullshit so you can always look back on how things could be worse. That’s my two cents.

She once promised me that nothing bad would ever happen, and then I grew up and everything went wrong, but I believe her this time because the worst thing that can happen is that nothing will happen at all.

I want to be so happy that bad memories aren’t following me around like unwanted shadows.

This is how Thomas lives his life, one misfired dream after the other. That journey may stretch for a lifetime, but even if he doesn’t discover that spark until he’s an old man, Thomas will die with wrinkles he earned and a smile on his face.