Extraits

"Déploie tes ailes mon ange et purifie-moi..." Melbourne à Hennezel

Hennezel

C’était comme un petit morceau de bonheur qui venait d’être déposé devant ma porte, un petit morceau dont j’allais m’emparer, profiter et m’en délecter. C’était tel une gourmandise interdite. Une petite part de quelque chose de savoureux qui m’était enfin autorisé. J’osais à peine exprimer ce que je ressentais, ayant peur que cela ne s’échappe et ne s’enfuie. J’étais… heureux… heureux de savoir que quelqu’un comptait sur moi.

Hennezel

— Parfait.

— Tu ne demandes pas plus ? Qui te dit que je ne te mens pas ?

— C’est le cas ?

— Non.

— Alors le sujet est clos.

Hennezel

— Toi p’tit, tu es le bonheur interdit, tu es l’inaccessible que tout le monde recherche, tu es le danger qui bouleverse ma vie…

Melbourne

Et puis, je dois bien avouer que son traitement à la dure a plutôt été bénéfique. Une chose est certaine, je ne regarderai plus jamais ma Nespresso de la même façon et je promets de faire le détartrage de cette pauvre machine plus souvent, plutôt que de l’assommer de claques les jours où elle crachote mon café.

Hennezel

J’aimerais que ça ne s’arrête jamais. C’est tellement enivrant. Je suis happé par la force démentielle de cette volupté qui me traverse entièrement. Totalement soumis à sa puissance, à son pouvoir. Je suis heureux. Et je sais que je me soumettrai à nouveau, esclave incontestable de ce plaisir innommable, gratifiant, géant, satisfaisant. Mais surtout parce que c’est lui. Ce bout de jeune homme qui vient de me libérer de mon enfermement.

Melbourne

Il est impressionnant. Il est magnifique. Il est sauvage. Je veux l’apprivoiser…

Hennezel

Je le vois aller vers sa rédemption et bien malgré ma raison, j’ai peur. J’ai peur parce que je sais qu’il partira et qu’il m’oubliera. Alors que moi, je ne pourrai pas l’oublier. C’est dément comme un simple petit baiser peut bouleverser toute une vie. Oui toute une vie, ma vie ici, au milieu de ma forêt et de mes animaux. Une vie tranquille et équilibrée qui avait trouvé tout son sens. Mais depuis son arrivée et en forte partie depuis ce baiser, je perds mes marques. Je suis chamboulé et épuisé. Épuisé de me battre contre cette attirance qui ravage toutes mes convictions.

Hennezel

Je sens son corps se détendre contre le mien. Je sens sa chaleur me pénétrer et se mêler à la mienne. Les tremblements qui l’agitaient disparaissent petit à petit. Un profond soupir lui échappe et ses larmes se tarissent. La crise est passée. Le soulagement m’envahit, c’est une bataille de gagnée, il a résisté, vaillamment. Et je suis fier qu’il ait réussi à passer une étape. Une, de franchie. Mais qu’en est-il de moi ? Une nouvelle épreuve se présente, cela fait des lustres que ça ne m’était pas arrivé, et je ne sais pas si je vais la gagner.

Melbourne

Mes yeux vont de l’énorme animal à mon « ange purificateur » en un va-et-vient rapide. Putain ! Il va se faire dévorer ! Qu’est ce que je dois faire ? Mon regard fait le tour de l’intérieur de la cabane à la recherche d’une arme. Et ma main se colle contre mes côtes en un geste machinal. Merde ! Je n’ai plus mon flingue ! Putain ! Putain ! Je fais quoi là ? Je fais quoi ? Rien ! Je ne fais rien ! Je laisse la monstrueuse bestiole le bouffer, je serai débarrassé et je pourrai rentrer chez moi où je pourrai me gaver d’alcool et de drogue. Oui, voilà, la solution. Le laisser se faire dévorer.

Non, non, la sensation de son corps contre le mien cette nuit remet sournoisement ma raison en place.