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Les méthodes des Bolcheviques sont atroces.
Tu sais que je ne me suis jamais montrée hystériquement agressive envers eux, ni aveuglément opposée aux principes marxistes. Au début, leur arrivée m'était même apparue comme un espoir. Une régénération. Je pensais qu'ils allaient nous débarrasser de l'hypocrisie, de la corruption, de l'injustice, de tous les dysfonctionnements de l'ancien monde. Erreur. En fait de liberté, ils instaurent une morale qui repose sur la peur, sur l'envie, sur la délation.
Pour ma part, ils me rendent malade.
Afficher en entierElle devait cesser de se poser des questions.
Assez de jérémiades.
Quand on a peur, quand on a mal, on n'ennuie pas les gens. On cache sa peine. On la tait. On m'enfonce en soi. Et l'on se débrouille pour vivre non pas avec sa douleur mais avec le reste.
Afficher en entierNationalisation des grands domaines ; arrestation des suspects ; exécution des bourgeois : j'ai parlé longuement de la situation avec madame Benckendorff, écrivait dans son journal le comte de Chambrun, premier attaché de l'ambassade de France. Cette petite femme m'amuse. Elle est au fait de tout.
Afficher en entierL'ère de Lénine et Teotski — connus l'un et l'autre pour leur sobriété — s'ouvrait sous les auspices d'une gigantesque gueule de bois.
Afficher en entierÀ Yendel, les jeunes filles commencent la journée
Dans un sublime et joyeux négligé
Suivies, après dix heures,
Par de beaux mâles en knicker-bokers.
Oh mon Dieu, reprendre le train pour Petrograd
Retrouver le train-train de l'Ambassade.
À bas la propagande !
Mes pensées là-bas retourneront en bande
À Yendel.
Oh, revenir, revenir à Yendel,
Être à Yendel pour l'éternité.
Afficher en entierRelativement jeune : trente-quatre ans. Jolie, et même fort attirante en dépit des rondeurs dont elle ne se débarrasserait plus, Maria Nicolaïevna savait retenir qui lui plaisait. Blonde, le teint pâle, les yeux verts, avec un regard perçant qui pouvait glacer, elle ne manquait ni d'intelligence, ni d'ambition, ni d'entrain, ni d'éducation, ni d'esprit. Sa propre mère avait été dame d'honneur de l'Impératrice et passait pour une baronne bien née.
Afficher en entierEt gare à qui oserait, dans l'avenir, mettre en doute la très haute extraction de Moura et de ses sœurs. Plus snob en ce sens que ses ouailles, plus fière de leur naissance et de leur histoire familiale, Mrs Wilson se ferait le champion de l'aristocratie du clan, défendant les prérogatives des Zakrevski jusque dans les circonstances les plus tragiques de la Révolution.
Afficher en entierQuant à Son Excellence Ignace Platonovitch Zakrevski, qui ramenait dans ses bagages une gouvernante quasi illettrée, il deviendrait, lors de l'un de ses prochains voyages à Paris, l'ami et le complice d'Émile Zola dans sa lutte pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus. Le sénateur Zakrevski, juriste de la cour du Tsar, prendrait même haut et fort la défense de Dreyfus contre l'ensemble du gouvernement de Félix Faure. Il attaquerait dans tous les journaux étrangers qui accepteraient ses articles – notamment le Times de Londres – la monstrueuse conduite de la France envers un innocent.
Afficher en entierLe destin de Margaret Wilson paraîtrait sans doute d'une banalité dont le romanesque ne le disputerait qu'au mélodrame, n'était la personnalité de tous les protagonistes, plus grands, chacun à sa manière, plus forts, plus tenaces que la Vie même… Comme tous les êtres proches de Moura.
Afficher en entierLa chance voulut que la propre fille du colonel, Miss Maud, alors âgée de vingt ans, entendît les insultes dont son oncle abreuvait la jeune femme qui sanglotait dans le salon. Maud avait vénéré son père. Elle-même s'était chargée de poster l'enveloppe qu'il lui avait confiée sur son lit de mort : une lettre et un chèque à l'intention d'une certaine « Mrs Wilson ». Elle ne douta pas que le nouveau-né dont on évoquait ici l'existence fût sa demi-sœur.
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