Extraits

Au guichet de l'agence de location, il s'aperçoit que sa réservation n'a été ni perdue ni mal interprétée, comme cela arrive souvent. Il disposera de la grande conduite intérieure Ford demandée au lieu de se retrouver affligé d'un petit véhicule.

La carte de crédit au nom de John Larrington est acceptée sans problème par l'employé et la machine vérificatrice d'American Express. Pourtant, il ne s'appelle pas John Larrington.

La voiture dont il prend possession tourne bien et sent le propre. Même le chauffage fonctionne.

Tout semble se dérouler pour le mieux.

A quelques kilomètres de l'aéroport, il prend une chambre dans un motel à trois étages, d'aspect agréable quoique impersonnel. La réceptionniste rousse lui annonce qu'il lui est possible de se faire monter un petit déjeuner gratuit-p‚tisseries, jus de fruits et café

-sur simple demande. Sa carte Visa au nom de Thomas E. Jukovic est acceptée. Pourtant, il ne s'appelle pas Thomas E. Jukovic.

La chambre est dotée d'une moquette orange sale et d'un papier peint à rayures bleues. quoi qu'il en soit, le matelas est ferme et les serviettes de bain moelleuses.

Cette perspective de massacre l'excite. Il sait que le sang peut lui faire oublier, au moins pour un temps, le besoin douloureux qui l'obsède. Il en a déjà fait l’expérience.

Le besoin engendre la frustration ; la frustration se change en colère ; la colère mène à la haine ; la haine entraîne la violence et parfois, la violence apaise.

Cet animal ingrat-après tout, Charlotte e˚t fort bien pu le laisser à la maison-n'était plus près de son assiette, là o˘ elle l'avait posé. Il avait contourné le panier de frites et était passé de l'autre côté de la table.

Ils occupaient une alcôve dans la section non-fumeurs, o˘ l'ambiance était encore plus agréable. Les parents commandèrent de la Corona, qui fut servie dans des chopes réfrigérées. Charlotte prit un Coca, Emily une root beer, un soda aux plantes.

Oh, il n'était pas possédé par un extraterrestre sorti de quelque gigantesque cocon venu de l'espace, rien d'aussi dramatique. Il n'était tout de même pas si différent que cela du papa qu'elle connaissait et qu'elle aimait.

Il en avait les yeux bleus, les cheveux brun sombre, les oreilles trop grandes et le nez parsemé de taches de rousseur. Il était le portrait craché du Martin Stillwater dont la photo figurait sur les jaquettes de ses livres. Et il s'exprimait tout comme papa. quand Charlotte, Emily et leur mère rentrèrent à la maison, il était en train de boire un café dans la cuisine et il leur déclara

Il aime le cinéma. En dehors de son travail, les films constituent toute son existence. Parfois il a l'impression que son véritable domicile est constitué d'une succession de cinémas situés dans des villes différentes, et pourtant si semblables - complexes multisalles au coeur de centres commerciaux-qu'il pourrait toujours s'agir du même.

Rien de ce qu'elle avait fait ou dit ne l'avait mis en colère. En fait, coucher avec elle s'était révélé satisfaisant. Mais il était allé en Floride pour faire sauter la cervelle d'un nommé Parker Abbotson et avait craint que la femme puisse le faire impliquer dans cet assassinat. Il ne voulait pas qu'elle communique son signalement a la police. Après l'avoir massacrée, il était allé voir le dernier Spielberg, puis un film avec Steve Martin.

Bien qu'il soit raisonnablement séduisant, il n'a rien d' une star de cinéma. Pourtant, les femmes sont souvent plus attirées par lui que par des hommes plus beaux et mieux habillés. Des chaussures de marche, un pantalon kaki, un pull à col roulé vert foncé, pas de bijoux sinon une montre bon marché: sa garde-robe n'a rien de remarquable ni de mémorable. Ce qui est volontaire. La serveuse n'a aucune raison de le croire riche. Pourtant la revoilà, qui sourit avec coquetterie.

La valise contenant le pistolet automatique et les munitions demeure enfermée dans le coffre de la voiture, o˘ elle ne tentera pas des employés trop curieux.