Commentaire de Hanayu

Ou comment une plume ciselée ne suffit à créer autre chose que de l'ennui.^^'

Pour étayer mon propos...un looooong commentaire s'impose. XD

Début de lecture :

1ère surprise : le côté décousu du récit. C'est porté par une plume artistique...mais ça part dans tous les sens, à partir d'associations d'idées qui donnent donc de grosses digressions.

2ème surprise : les notes numérotées. Qui sont nombreuses et s'avèrent fort utiles ! On peut dire qu'il y a un vrai souci d'exactitude pour tout resituer dans le contexte. N'étant plus à l'époque de Mrs Woolf, merci à mon édition de ce soin apporté pour nous parachuter historiquement...le revers de la médaille, voulant comprendre la référence on consulte les notes, et on perd le fil du déroulé (puisqu'il est agité ^^')

3ème surprise le prénom de Mrs Dalloway soit Clarissa. Je ne m'y attendais pas.^^

Il y a un vrai talent littéraire :

"Son seul don, se disait-elle en poursuivant son chemin, c'était de connaître les gens par une sorte d'instinct, pour ainsi dire. Vous la mettiez dans une pièce, et elle faisait le gros dos comme un chat ; ou alors elle ronronnait."

À la fois cool pour l'instinct félin et dramatique...c'est son seul don.

Mais j'ai aimé la tournure (c'est le cas pour pleiiiiinnn de phrases...mais ça risquerait de faire beaucoup de citations. XD)

Clarissa, intriguante femme du monde, a objectivement de quoi être pleinement heureuse mais ne l'est pas, car pétrie d'angoisses illégitimes...résultat elle est difficile à suivre tant le fil de ses pensées passe du coq à l'âne, de façon trop aléatoire pour prendre sens !

Ainsi on reste pantois et on relit des passages qui tombent comme un pavé dans la mare :

Euh...mais c'est quoi cette voiture à l'arrêt ? Qui est ce Septimus qui apparaît soudainement ? Cet enchaînement (parmi d'autres) m'a laissé perplexe.

Idem comme s'il n'était pas déjà assez ardu de comprendre s'il y a une trame logique quelque part ... On est d'accord que l'autrice donne des noms complets à plein de "passants" hyper secondaires, qu'on ne reverra jamais ?!! (Bin oui...XD)

La narration est étrange...on dirait qu'on nous décrit tout ce qu'il se passe par-ci par là sporadiquement. J'ai eu la sensation de lire une "audio-descriprion" version poétique.Oo Résultat on ne détermine pas de façon certaine ce qui va être "infime", dans le récit, de ce qui va être important et avoir une incidence. :/

Le tri des innombrables informations disparates est malaisé pour ne pas dire laborieux !

On se retrouve même distrait de façon impromptu !!

Exemple : Un docteur Holmes apparait !!!!! Oo

Plaît-il ?! Il s'est perdu ? Ce nom est donc si courant pour un Doc ? XD

Mais surtout on s'interroge constamment. Les images sont belles et poétiques juste...où cela nous mène-t-il bon sang de bois ? J'ai un gros souci...les envolées lyriques je trouve ça aussi magnifique que...soporifique hélas ! XD

Et puis certes, dans sa propre tête on part dans des élucubrations diverses, mais on se comprend soi-même ...là ce qui est complexe c'est qu'en plus des pensées sans lien de Mrs D...d'autres personnages se mêlent au chmliblik avec des brèves les concernant eux !

S'ensuit une cacophonie manifeste...j'ai eu l'impression de chercher à capter une radio spécifique et d'avoir obtenu plusieurs stations qui se chevauchent ! ^^'

Des retours en arrière se sont imposés tout du long. Non mais sérieux, j'ai cru yoyoter !! En mode "hein ???! Un paragraphe s'est enfuit ? J'ai cligné des yeux et loupé un truc ?!" Non non...c'est normal, c'est voulu ainsi. :'(

Le personnage qui nous envoie du rêve c'est Sally qui a l'air géniale et fun !! Mais voilà elle est beaucoup trop lumineuse pour qu'on s'intéresse à ses pensées. Le fond du roman c'est "le romantisme de la dépression"...forcément Sally est hors clous ! :')

J'ai fait des pauses dans ma lecture...par contraintes personnelles...qui m'ont bien arrangé pour le coup ! XD

À peine rattaqué que je me barbais déjà.

C'est vraiiiiiiment bien écrit et en même temps...elle fumait quoi l'auteure ??? La cueillette aux champignons a dégénéré ?...humph...

Le pompon c'est sans doute la part du lion que se taille le personnage de Peter (l'éternel insatisfait geignard) dans l'histoire. On reste beaaaaaucoup trop souvent bloqué dans sa tête...et il m'a déplût systématiquement.

À chaque fois que j'ai cru être débarrassé de lui..."he Will be back" !! Un vrai cafard dont (décidément) les atermoiements d'esprit ne m'intéressent pas du tout.

Exemple venu de sa caboche :

"Une discussion à propos des droits des femmes (ce sujet antédiluvien)"

Saleté de Peter va ! ><

Qui de surcroît rumine son âge ! Toutes les deux pages on a droit à ses 53 ans. On nous rabâche ses années. Son âge c'est bon je l'ai bien enregistré (et ça me fait une belle jambe !)

De même l'hypocrisie perpétuelle de ce monde de privilégiés m'a blasé. Nous ne nous apprécions pas, nous nous critiquons, mais bien sûr qu'on se fréquente tous ! On est de la haute, donc CQFD !

Youpi ! \○/

Et pourtant étrangement je comprends l'engouement qu'il y a eu pour la plume de l'auteure (après tout ses lecteurs à la sortie de l'ouvrage n'ont pu que se reconnaitre dans les "soirées" ou frustrations de son époque)...mais je crois que malgré son réel talent...je ne lirais que celui-ci. ;D (D'autant qu'apparemment... c'est son meilleur ! XD)

Pour qualifier les ficelles stylistiques usées par l'autrice, ma co-lectrice Pendergast a utilisé l'image de l'abeille qui butine. C'est tellement ça ! On a l'impression d'être un insecte bourdonnant qui est témoin des émois des personnages en voletant de l'un à l'autre. Et c'est effectivement impressionnant que cela reste linéaire pour Virginia Woolf. Cela s'enchaîne sans coup férir...juste...il ne se passe rien en définitive !! (C'est...ennuyeux comme la pluie...X'D)

Pourquoi ? Parce que je réitère : on a les points de vue exclusifs des dépressifs stagnants, pas des joyeux drilles...c'est assez fatiguant...pour ne pas dire carrément usant !

S'il y a des flash-back sympathiques, car j'étais tout de même contente d'assister à la rencontre avec "Wickham" (oui encore un nom connoté!), cela reste hélas aussi peu trépidant que le reste...

Aparté : il y aura aussi une Mrs Parkinson en extra pour le service. ^^'

Pour certains noms l'influence de notre siècle se mêle à notre interprétation. ;)

Malgré le néant ressenti concernant "l'intrigue" j'ai eu quelques frayeurs :

- Richard quand il vire romantique et se précipite pour rejoindre Clarissa et lui dire "je t'aime"...va-t-il finir sous des roues ou des sabots !!? (Vu qu'on est dans du drama omniprésent.)

- Miss Kilman...dont la mauvaise orthographe du nom n'empêche pas un jeu de mot scabreux...même si c'est une "women" qu'elle voue aux gémonies. Effrayante cette femme. Mais la réciprocité d'inimitié avec Clarissa s'avère drôle. Chacune a un avis plus que tranché sur l'autre. ^^

- Le jeté de fenêtre sur grille...(j'ai pensé à "Virgin Suicides") on est préparé à la mort...mais perso je l'imaginais différemment ! Oui la dépression paranoïaque mène à des extrêmes...surprenants.Oo

(Et puis la facilité de relier le tout en invitant le docteur à la réception....pffff !!)

À force de patience, enfin nous aurons le plaisir de découvrir Sally ! Mais trop brièvement.

L'auteure ayant préféré de bout en bout se concentrer sur les personnages négatifs...c'est majoritairement lourd, creux et superficiel.

Les plus intéressants on est dans leur tête le temps d'un coucher de soleil !! (Richard, Elizabeth, Sally) Et pire leurs "moments" sont parasités par tous les déprimés de service. :O

Bref...mon critère principal d'appréciation d'un roman c'est "l'humour"...ce dernier étant totalement absent ici c'est tout vu !! (Quelle tristesse que ces pages en soient dépourvues !)

Merci merci à Pendergast de m'avoir accompagnée dans cette lecture !! (Franchement elle nécessitait bien un renfort !! ;P ) Et désolée aussi de l'avoir embarquée dans cette galère. XD.

Je ne regrette pas d'en être venu à bout.

La plume est vraiment belle....dommage qu'elle serve du vide, du vent, de l'air. Mais chut ! :P

Je m'attendais à ce que Mrs D Spoiler(cliquez pour révéler)meurt à la fin...très surprise que ce ne soit pas le cas. Grâce au "dossier" dans mon édition j'ai découvert que V.W l'avait envisagé à la base !

Anecdote ?

Ce roman a tellement bien marché que ses ventes ont permis à Mrs Woolf (qui s'en vante dans une lettre !) de faire installer chez elle "deux toilettes, et une salle de bain avec l'eau chaude courante" !!! (Signe stupéfiant d'un best-seller !)

Anecdote bis ?

Et...elle est venue dans l'Yonne !!

Alors fort peu de temps...mais quand même !

Ça m'a scié. Oo

Précision :

"The Hours" est un titre qui pouvait être conservé sans honte. Le scénario ne se perpétue que durant des heures limitées...des heures au demeurant fort longues pour le lecteur. :P