Extraits

Lucas en parlant de son père:

« Une fois, il a même oublié de venir nous chercher à l’école et nous avons dû rentrer à pied sous une pluie torrentielle. Et quand il m’a surpris avec de la marijuana dans la poche... Il me l’a confisquée et pendant des nuits, une odeur bizarre a flotté dans son bureau. Au lieu de me punir, il a fini par me demander le numéro téléphone du type qui me l’avait vendue. »

De : Lucas Turner (lturner@wwex.com)

À : Valerie Shaw (vshaw@wwex.com)

Objet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : IMAGE FLOUE SUR MON ÉCRAN – Tu fais des progrès, Shaw... – MERCI, TURNER – À ton service – TU ES ADORABLE – (...) – CONNARD – Je ne sais pas ce qui me surprend le plus : ta bipolarité ou ta richesse linguistique

Message :

Bien sûr que je sais comment régler ton problème de possession démoniaque... Du moins, celui de ton ordinateur. Je ne peux rien faire pour résoudre le tien, désolé.

Tu ne me remercies plus ?

Oui ! Enfin ! Quelqu’un qui me croit et qui ne se moque pas de moi ! Mes doigts s’envolent sur les touches, je me sens plus légère.

De : Valerie Shaw (vshaw@wwex.com)

À : Lucas Turner (lturner@wwex.com)

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Message :

Oui ! C’est exactement ça ! Tu sais de quel virus il s’agit ?

Merci ! Merci ! Merci !

Valérie

Je me tortille sur ma chaise en battant des mains de joie. Je me comporte peut-être comme une gamine, mais savoir que Lucas me croit et qu’il ne s’est pas moqué de moi ou ne m’a pas regardée de travers me fait me sentir bien. OK, je ne sais pas s’il m’a regardée bizarrement, peut-être qu’il est en train de rire à mes dépens, mais il le cache très bien, et ça me va.

Soudain, Lucas a non seulement une voix très sexy, mais dans ma tête, il ressemble au type du parfum Invictus. Je l’imagine devant son ordinateur, se dépêchant de résoudre mon problème, fronçant les sourcils, inquiet, sans T-shirt. Oui, sans T-shirt. C’est mon imagination, alors je l’habille comme j’en ai envie.

De : Lucas Turner (lturner@wwex.com)

À : Valerie Shaw (vshaw@wwex.com)

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Message :

Tu n’as pas à avoir peur. C’est ton reflet dans l’écran. Dors un peu, coiffe tes cheveux et maquille-toi. Demain ton reflet sera moins... flippant.

Carole s'approche dans mon dos et lit mon mail par-dessus mon épaule.

- Tu viens de déclarer la guerre, constate-t-elle.

J'appuie sur le bouton "Envoyer".

- Pas de problème, je suis prête à me battre.

« – Je ne sais vraiment pas qui c’est… répété-je.

– C’est mal d’avoir des pensées impures pendant un enterrement ? murmure Carol.

Le type s’immobilise à quelques mètres de nous, et après nous avoir jeté à toutes un regard, il braque ses yeux sur moi. Ils sont d’un bleu éclatant, et brillent tellement qu’ils me laissent sans voix. Ses cheveux mouillés, sa barbe de quelques jours ne m’aident pas vraiment non plus à récupérer l’attitude et le calme que je devrais avoir vu les circonstances. Un simple « merci d’être venu » aurait suffi, mais au lieu de ça, je me contente de le dévisager, la bouche ouverte et les sourcils froncés.

– J’ai apporté ça... hésite-t-il en me montrant la fleur un peu fanée qu’il tient.

Il s’approche du cercueil et la laisse dessus, avant de se tourner vers moi. Il est beaucoup plus près désormais.

– Je suis désolé, Valérie, toutes mes condoléances.

En entendant mon nom, un flash me traverse la tête : j’ai déjà entendu cette voix avant. »