Commentaire de Cacoethes-scribendi

N'essuie jamais de larmes sans gants avait tout pour devenir un coup de coeur : des histoires émouvantes et révoltantes, un contexte réaliste et des informations qui font réfléchir.

La première partie est géniale, on fait connaissance avec les personnages, avec la manière dont ils gèrent leur sexualité. C'est cru, mais c'est très bien. L'auteur en profite déjà pour décrire le point de vue général de la société envers les homosexuels à cette époque, ce n'est pas bien joyeux. Et, en parallèle de l'histoire, des mourants dans les hôpitaux…

La deuxième partie est un peu plus dure, psychologiquement. Si on assiste enfin à la relation entre Rasmus et Benjamin, l'émergence du sida se fait sentir. Incrédulité, peur dans le groupe. Et haine dans les journaux.

En plus de celles de Benjamin et Rasmus, l'auteur nous raconte les histoires personnelles de Reine et Bengt, puis de Lars-Åcke. C'est sympathique de connaître mieux d'autres membres du groupe, même si le lecteur y est moins attaché qu'aux deux héros.

La troisième partie est pathétique. Mais certains aspects sont absolument révoltants, ce sont eux qui m'ont réveillée dans les dernier chapitres, au demeurant bien monotones. Des personnages m'ont beaucoup déçue. Tout au long du roman, je les comprenais, l'auteur s'attachait à nous faire réaliser le bouleversement constitué par l'homosexualité dans leur existence. Spoiler(cliquez pour révéler)Mais non, les parents de Rasmus m'ont écœurée, en refusant à leur fils les funérailles auxquelles il aspirait et en en excluant son fiancé.

En revanche, l'enterrement de Paul m'a beaucoup émue, je n'en attendais pas moins de lui.

Le problème, c'est que l'auteur en a fait des tartines, en répétant deux, voire trois fois les mêmes choses, parfois mot à mot. Certes, on comprend que quelquefois, cela procède d'un effet de style, mais à certains moments, on se demande si la répétition n'est pas due à un oubli de l'auteur quant à l'écriture d'un passage cent pages plus tôt…

Cette longueur et cette impression ressassement lassent. J'ai perdu une grande partie de mon intérêt vers la page 400, les deux cent dernières pages ont été dures à finir…

D'autant plus que l'on voit vite où l'auteur veut en venir, ce qui n'est pas pour nous réjouir.

En résumé, que dire de ce roman ? J'ai beaucoup apprécié l'histoire, bien qu'elle traîne en longueur. Une centaine de pages de moins n'aurait pas été du luxe, le roman aurait gagné en force et en intensité. La psychologie des personnages est bien travaillée, j'ai particulièrement apprécié Benjamin.

J'adore apprendre des choses dans les fictions et j'ai été servie : points de vue scientifiques et philosophiques sur l'homosexualité, histoire de sa perception par la société, rappel des triangles roses, de Harvey Milk… Grâce à ces différents filtres, j'ai vraiment l'impression de mieux comprendre les homosexuels et ce qu'on peut entendre dire sur eux. Or, c'est important de connaître le contexte dans lequel émergent ces idées, on peut mieux les combattre par la suite ! Ce qui était valable dans l'Antiquité ou dans les années 80 ne l'est plus de nos jours. Et la société, lentement mais sûrement, évolue.