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Liste des extraits

- Ça fait bien longtemps que vous n'avez pas fait appel à mes services.

- Nous avons eu quelques ennuis.

- Vous avez des ennuis la plupart du temps, fit remarquer Rhal tandis qu'il les conduisait à la plus petite cabine d'invités. Qu'est-ce que c'était cette fois ? Des magiciens en colère ? Un complot contre la reine ? Une épouse outragée ? Ou vous vous êtes fait prendre les doigts dans la boîte à bijoux ?

- Esclavage, en fait, l'informa Alec.

Rhal secoua la tête.

- Ah, voilà qui est nouveau.

- Vous êtes seigneurs et voleurs ? s'étonna Rieser.

- Ça dépend de la compagnie qu'on a, répondit Seregil.

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Les rares mariages mixtes avec les Retha’noï avaient peu à peu été tolérés depuis que le peuple des montagnes s’était révélé être un allié loyal qui restait dans la vallée aussi jalousement que les Fays, sinon plus. Mais se reproduire avec un étranger ? C’était impensable, et strictement défendu.

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Extrait ajouté par Mapp 2014-01-10T16:31:01+01:00

Chapitre 1

Un havre de paix

Mourir (même pour un bref instant) prenait un long moment pour une personne. Alec et ses compagnons étaient arrivés à Gedre la nuit dernière et Alec était réussi à rester à cheval pendant qu’ils montaient du port vers la maison du clan mais il s’était évanoui dans la cour. Mydri avait lancé un regard perçant sur lui et l’avait fait amener dans le lit d’une chambre donnant sur le port. Lorsque leur hôte aperçut Sebrahn, Riagil í Molan avait or-donné que le rhekaro reste caché également. Compte tenu de l’aspect étrange de Sebrahn, Alec ne pouvait guère le lui reprocher.

Une pluie hivernale fouettait les fenêtres de la chambre et le vent gémissait dans la cheminée. Le port de Gedre était à peine visible, les bateaux qui étaient à l’ancre n’étaient que des tâches sombres dans la brume. Après leur périple tumultueux depuis Pleminar, il était plutôt agréable d’être dans un lit douillet qui ne roulait pas sous lui. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était. Lorsqu’il s’était éveillé, Seregil était parti pour parler, sans aucun doute, avec ses sœurs ou avec leur hôte, le khirnari.

Sebrahn s’était lové dans les coussins d’un fauteuil près de la fenêtre, regardant à l’extérieur (quoiqu’il fût impossible de le dire. Le rhekaro pouvait avoir les caractéristiques d’Alec enfant mais il était impossible de le faire passer pour un enfant ordinaire.) Ses cheveux pâles, couleur argent tombaient presque jusqu’au sol devant lui. Sa peau blanche était fantomatique dans la lumière grisâtre et ses yeux argentés avaient la couleur de l’acier. L’épouse de Riagil, Yali, avait remplacé les loques de Sebrahn par une douce tunique Aurënfay, des chausses en laine et des chaussures à sa pointure qui déconcertaient Sebrahn et il s’était empressé de les enlever. Juste comme un petit enfant l’aurait fait.

Mais ce n’était pas un enfant, n’est-ce pas ?

Ecartant cette pensée, Alec attrapa la tasse que Mydri avait laissée sur la table de nuit et but quelques gorgées de bouillon. Sa main trembla un peu projetant quelques gouttes sur le devant de sa chemise de nuit.

Lui et Seregil se trouvait dans différents états quand Micum et Thero les avaient trouvés en Pleminar, mais l’état de Sebrahn était le pire. Il était fait de magie et en avait utilisé un stupéfiant volume pour tuer leurs poursuivants dans les étendues sauvages de Pleminar ; il avait ramené Alec des portes de Bilairy et les avait guéris, Seregil et lui. Pen-dant les quelques premiers jours du voyage, ils avaient craint que le petit rhekaro rachi-tique et épuisé ne meure. Trop faible pour sortir de sa couchette, Alec avait alimenté Sebrahn plusieurs fois par jour, pressant du sang du bout de ses doigts sur la petite langue grise du rhekaro. Après quelques jours de ce traitement, Sebrahn devint plus alerte et son état s’améliora. Et aujourd’hui, il paraissait être de nouveau, presque lui-même.

Alec se demandait combien de temps Riagil et Mydri le garderait enfermé ici. Sa longue chemise de nuit était fraîche, mais il n’avait pas pris de vrai bain depuis qu’il s’était échappé de la villa de l’alchimiste voici presque deux semaines. Il soupira et fit courir ses doigts dans ses cheveux qui tombaient à mi-hauteur de son dos (ternes et sales.) Ses doigts se prirent dans ses cheveux emmêlés et des nœuds. Tirant sur une de ses longues mèches blondes, il se demanda (non pour la première fois) s’il devait les couper, comme Seregil avait sacrifié les siens pendant leur fuite.

Sebrahn se tortillait autour de lui maintenant. L’une après l’autre, les chaussures ennuyeuses tombèrent sur le sol. L’alchimiste, Charis Yhakobin, avait créé un rhekaro pour n’être rien de plus qu’un outil dénué de sexe et de voix (celui dont la chair non naturelle et l’étrange sang blanc pourraient, selon Yhakobin, être distillés en une sorte d’élixir puissant.) Mais Sebrahn et son infortuné prédécesseur étaient bien plus que cela. Sebrahn pouvait être asexué, mais n’était ni muet ni idiot.

― Que vois-tu ? demanda Alec

Sebrahn se tourna pour le regarder. « Ahek. »

Alec gloussa. Son nom avait été son premier mot hésitant. Depuis lors, il avait ré-ussi avec un peu plus de gens, de choses et quelques actions. Comprendre était autre chose. Etrangement, il ne semblait pas avoir d’importance que vous lui parliez en skalien, ‘fay ou pleminarien. On lui disait tasse, tyxa, ou kupa et s’il y en avait une dans la pièce, il allait la chercher.

Sebrahn quitta la fenêtre et rejoignit Alec dans le lit, s’allongeant contre son côté. Alec toucha la petite main douce et froide du rhekaro, remarquant les cicatrices qui en-cerclaient la base de ses doigts qui avaient repoussés après que Yhakobin les lui ait coupés pour une expérience.

Pourquoi n’as-tu pas chanté pour te sauver toi-même ?

Alec le serra contre lui, son cœur battant un peu plus vite.

― Personne ne viendra te blesser encore ou te prendre. S’ils essaient, nous parti-rons.

Sebrahn regarda autour de lui puis montra la fenêtre et dit d’une petite voix rauque, « Paaartiiir. »

― C’est vrai. Sur un navire. Peux-tu dire « navire » ?

Sebrahn n’était pas intéressé.

― Pot de chambre.

Le rhekaro s’éclipsa du lit et tira le récipient demandé de sous le lit. Alec en fit usage et le fit remettre à sa place par Sebrahn pour qu’il soit évacué. Maintenant quoi ? Il n’y avait rien d’autre à faire, si ce n’est regarder tomber la pluie. Ce fut un soulagement quand il entendit quelqu’un monter les escaliers jusqu’à la porte.

Micum jeta un œil à l’intérieur et arbora un large sourire. « Tu as un visage de dix pieds de long ! »

― Où sont-ils ?

Micum entra et tira une chaise près du lit. « Au petit-déjeuner. Je suis monté pour voir si tu étais réveillé. Tu as faim ? »

― Pas vraiment.

Micum leva ses mains et Sebrahn abandonna Alec pour les genoux du grand homme.

― Traitre, ronchonna Alec. Sebrahn s’était réchauffé auprès de ce grand ami rou-quin pendant le voyage. Sebrahn atteignit jusqu’à la toucher, la moustache épaisse striée de gris de Micum, apparemment perplexe que le grand homme ait quelque chose sur son visage que ses deux protecteurs imberbes n’avaient pas.

― Oncle Micum, dit Alec avec un sourire.

Micum se mit à rire et embrassa la main de Sebrahn juste comme s’il était l’un de sa propre couvée. « J’aime son genre. Qu’en dis-tu, petit chou ? »

Sebrahn ne disait rien, il était juste appuyé contre la poitrine large de Micum et regardait Alec. C’était très facile d’imaginer tout ce qu’il voulait dans ces yeux. Ce que Sebrahn ressentait exactement (ou s’il le pouvait) restait un mystère.

Alec et Micum étaient au milieu d’un jeu de cartes quand Seregil entra avec les magiciens. Magyana paraissait avoir plus que ses deux cents ans ; sous une frange de che-veux gris, son visage était pâle et fatigué, mais de ses yeux émanait de la gentillesse comme toujours. Thero, encore dans la jeunesse de son premier siècle, était grand et ses cheveux sombres tirés en arrière sur un visage long et austère. Mais ces yeux verts pâles étaient chaleureux aussi, quand il aperçut Alec et Sebrahn.

― Nous devons parler, dit Seregil, s’asseyant sur le lit près d’Alec.

― Je vais vous laisser pour cela, dit Micum, posant Sebrahn sur le lit et se levant pour sortir.

― S’il te plaît, reste, dit Thero. Nous n’avons pas de secret pour toi à ce propos.

Cela semblait sérieux et ce, d’autant plus, quand Magyana ferma le loquet et jeta un sort dans la chambre afin de maintenir à distance les oreilles indiscrètes.

― Maintenant, cette créature…, commença-t-elle, son visage allongé et grave.

― Ne l’appelle pas ainsi, s’il te plaît, dit Alec, il est une personne et il a un nom.

― Ce n’est pas une personne, mon chéri, lui dit gentiment Magyana. Tu as peut-être raison pour le reste, mais il n’est pas humain ou ‘fay ou autre.

― Il y a quelque chose que nous devons te dire, dit Thero.

― Qu’est-ce que c’est ?

― Thero l’a ressenti mais pas clairement quand il a vu Sebrahn la première fois en Pleminar, expliqua Magyana. C’est vrai que le rhekaro ressemble à un enfant mais une autre forme irradie au-delà de son physique. Je ne le comprends pas mais ce que je vois autour de lui a la forme d’un jeune dragon. :

Alec regarda intensément Sebrahn, plissant les yeux mais ne vit rien d’étrange. « Un dragon ?, C’est impossible ! Sebrahn a été créé à partir de morceaux de… moi ! »

Seregil regarda le jeune sorcier en fronçant les sourcils. « Pourquoi ne nous l’as-tu pas dit, Thero ? »

― Je n’étais pas sûr de ce que je ressentais. C’est Magyana qui le voit clairement.

Magyana prit la main d’Alec dans la sienne. « Seregil m’a un peu raconté comment Sebrahn a été créé. Je pense que tu peux m’en dire un peu plus. Sais-tu quels matériaux, il a utilisés ? »

Alec remua mal à l’aise ; c’est un moment qu’il ne voulait vraiment pas se rappeler. « Soufre et sels, teintures… »

― Rien d’un dragon ?

― J’ai vu des alevins séchés pendus dans son atelier, mais je ne l’ai pas vu en utili-ser.

― Très bien, de quoi d’autre te rappelles-tu ?

― Il y a quelque chose qu’il appelait « eau-de-vie », une sorte d’argent, je pense.

― Du vif-argent, demanda Magyana

― Oui, c’était ça. Il a mis tout ça avec mes larmes, mon sang, mes selles et mes urines, et ma… Il bafouilla, rougissant sous le poids de leurs regards.

― Sa semence, finit Seregil pour lui. Comment, au nom de Bilairy, peut-on créer un dragon à partir de tout ça ?

Thero haussa les épaules, ses yeux clairs et sérieux. « Nous ne savons pas encore. Mais ils l’ont fait. »

― C’est mon sang Hâzadriëlfay que l’Ilban… Alec hésita, horrifié d’avoir le nom es-clave de « maître » lui venir aux lèvres aussi facilement.

» C’est ce que Yhakobin a prétendu avoir le plus besoin. Il disait que c’était la seule chose qui marcherait pour faire un rhekaro. Mais puisque je suis un ya’shel, il m’a d’abord fait subir un long processus de purification, pour essayer d’extraire mon sang humain, disait-il.

― Ah, ceci expliquerait cela, murmura Magyana. J’ai pensé que tu paraissais diffé-rent, plus ‘fay.

C’était un sujet douloureux. « Je devais boire des teintures de métal et porter des amulettes ; sept en tout, je pense : étain, cuivre, argent, or… je ne me souviens plus des autres. Et il me prenait des gouttes de mon sang et faisait apparaître une flamme pour voir de quelle couleur elle était. Quand il a obtenu la bonne teinte, il a utilisé plus de mon sang pour permettre au mélange de faire ce qu’il a fait. »

― Juste de sa poitrine, grogna Seregil. Ils l’ont vidé comme un tonneau et l’ont suspendu pour le faire saigner sur leur mixture. Il fit une pause, puis se pencha et repous-sa les cheveux d’Alec derrière l’oreille gauche, pour leur montrer le petit tatouage bleu de dragon sur son lobe de l’oreille.

» Cela aurait-il quelque chose à voir avec tout ça ?

Magyana leva un sourcil. « C’est possible, je suppose. Mais c’est un peu léger. Il n’y aurait pas eu, de loin, assez de venin qu’il y en ait de la tienne Seregil. »

Le dragon qui avait mordu Seregil était de la taille d’un gros chien et les marques de dents laissées par le lissik persistaient sur le dos et la paume de sa main. Son bras avait enflé comme une saucisse et il avait été sacrément malade pendant quelques jours mais heureux de survivre à tout ça sans plus de dommage que ces marques.

― Si c’est que voulait vraiment Yhakobin, alors il aurait pu utiliser Seregil à la place, réfléchit Alec. Par ailleurs, il n’a su que j’avais ces marques qu’après m’avoir acheté et il ne savait pas ce que c’était quand il les a vues. Je lui ai raconté que c’était seulement des décorations. (Il regarda Thero.) Qu’en est-il de l’Orëska ? Nysander connaissait le Casque. Il y a peut-être des magiciens qui gardent le secret des rhekaro, aussi.

― J’en doute dit Magyana. Skala existait à peine quand les Hâzad sont partis au nord. Et même s’il y avait quelqu’un, il est tout à fait possible qu’il ou elle ait juré de gar-der le secret absolu, comme Nysander l’a fait. Ou mort. Nous avons tellement perdu pen-dant l’assaut de l’Orëska.

― Peut-être, mais tu ne penses pas que quelque part, sous toutes ces voûtes, il pourrait y avoir quelque chose à ce sujet? (Seregil lui lança un regard lumineux.) Si quelqu’un sait où chercher, c’est toi. Tu connais ces cellules mieux que personne.

― Je jetterai un œil dès que possible mais cela prendra beaucoup de temps. Il y a quelques rares personnes à qui je pourrais parler mais ne nourrissez pas trop d’espoir.

― Ce serait une tâche plus facile pour deux personnes, dit Thero. J’ai reçu une boule de message du magicien du prince Korathan, Norubia, la nuit dernière. Le prince perd patience en attendant notre retour et nos explications. Si je ne vous ramène pas, alors je dois avoir une bonne histoire. Sinon, il est susceptible de poser des questions aux-quelles vous ne voudrez pas répondre.

― Je déteste te mettre dans cette position. dit Seregil. Mais il n’y a aucun moyen d’amener Sebrahn à Rhíminie. Il serait sacrément impossible de le cacher à tout le monde avec une « aura de dragon » ou quoi que ce soit dans une ville pleine de magiciens, et si la reine Phoria a vent de ce dont Sebrahn est capable, elle le fera enfermer avec Alec comme une paire de chukarees pour les utiliser contre les armées du Maître suprême dans sa guerre sans fin.

― Tu penses que c’est la vraie raison pour laquelle Sebrahn a été créé ? demanda Magyana.

Alec hocha la tête. « Si Yhakobin avait eu connaissance de son pouvoir de tuer, lui et ses chasseurs d’esclaves n’auraient pas chargé sur nous. Nous avons ce secret à notre avantage, au moins. »

― En sais-tu plus au sujet des Hâzadriëlfay, Seregil ? demanda Magyana.

― Seulement qu’ils ont emporté leurs raisons avec eux dans le Nord quand ils sont partis. Tout le monde connaît l’histoire en Aurënen.

― N’est-ce pas évident ? dit Thero, montrant Sebrahn. Si je savais que quelqu’un allait m’utiliser pour cette sorte de chose, je partirai en courant aussi. (Il fit une pause, puis posa sur Alec un regard d’excuse.) Sans vouloir t’offenser.

― Il n’y a pas de mal. Alec était trop occupé à se demander combien de personnes avaient été suspendues dans des cages et saignées pour faire des créatures blanches avant que le prophète Hâzadriël ait sa mystérieuse vision.

― Thero a raison, dit Seregil. Je suis monté jusqu’à la Passe du mont Corbeau. C’est le cul du bout du monde, et aussi loin de Pleminar que tu peux l’être. Ce doit être la raison de leur côté tellement insulaire.

― Ils ont tué ma mère et aussi essayé de nous tuer mon père et moi, dit Alec à Magyana. Il a passé le reste de sa vie à se déplacer. Je ne savais pas pourquoi à ce mo-ment-là, mais ce devait être pour les empêcher de nous retrouver.

― Il ne t’a jamais parlé de quelque chose ?

― Non. Il n’était pas bavard, mon papa. Et si je lui posai des questions sur ma mère, il disait juste que c’était mieux pour moi de ne pas savoir. Quand j’ai grandi, je me suis demandé si elle n’avait pas brisé son cœur et ne s’était enfuie pas avec un autre homme. (Il hocha la tête.) Après la vision que l’oracle Dragon m’a montrée, j’ai honte d’avoir pensé à elle de cette façon.

― Tu n’avais aucun moyen de savoir, mon cher garçon. Magyana lui tapota la main. Ton père était un homme judicieux. Il a dû aimer ta mère beaucoup pour risquer autant pour elle. Et aussi pour toi. Quant aux Hâzad, envisage les conséquences d’une per-sonne de leur sang retrouvant son chemin vers le sud.

― Un Oracle dragon, et un enfant dragon…, murmura Seregil, regardant par-delà la fenêtre.

Alec bailla soudainement. Magyana se mit à rire et leva une main vers Micum et Thero. « Il n’y a pas grand-chose à gagner en s’attardant sur de telles choses maintenant. Filez, tous les deux et laisser Alec se reposer. Thero, tu dois écrire tes réponses au prince et envoyer quelques mots au capitaine de l’Alouette que nous prendrons le large de-main. »

Seregil se retourna et se dirigea vers la porte avec eux. « Je reviens dans un petit moment. »

― Où vas-tu ? demanda Alec.

― Parler à ma sœur.

Avant qu’Alec puisse répondre à cela, Seregil était parti.

Il pleuvait encore, Seregil conduisit donc Adzriel en haut, sous le toit du colos. Le toit en forme de dôme les gardait au sec, mais les hautes ouvertures des fenêtres n’avaient pas été fermées et le vent de la mer était cru. S’asseyant sur un des bancs de pierre, Adzriel tira sa cape autour d’elle et le regarda dans l’expectative.

― J’ai une faveur à te demander, lui dit-il.

― Me parles-tu en tant que sœur ou que khirnari ?

Seregil sourit légèrement. « Les deux ? »

Elle tapota sur le siège à côté d’elle et lui attrapa la main. Cette familiarité lui fit se sentir à nouveau comme un enfant, juste un moment.

― Continue, alors.

― Je crois que Sebrahn est l’enfant dont l’oracle Dragon a parlé à Alec à Sarikali.

― Ça aurait du sens.

― Magyana t’a-t-elle dit ce qu’elle voit quand elle regarde Sebrahn ?

― Non, dit Adzriel, mais je suppose que tu veux parler de l’étrange aura autour de lui. J’ai pensé que tu devais savoir, mais puisque tu n’en as pas parlé…

― Ah. Donc tu vois aussi le dragon ?

― Un dragon ? Non, elle se déplace et elle scintille. Alec peut-il le voir ?

― Non, pas plus que moi. Magyana et Thero nous en ont parlé. Il fit une pause et baissa les yeux sur ses mains jointes. J’aimerais emmener Sebrahn à Sarikali puisqu’il est l’oracle annoncé là-bas. Peut-être que les rhui’auros sauraient ce qu’il est. Les mystiques du temple (les seuls résidents permanents de la Sarikali sacrée) étaient renommés pour leurs connaissances et leurs visions et l’Oracle Dragon en faisait partie (ils étaient sien). Personne ne savait vraiment.

― Tu sais que je n’ai pas autorité pour te donner la permission d’emmener quelque chose d’aussi étrange que Sebrahn sur la terre sacrée, petit frère, même si je t’accompagnais. Cela demanderait un vote de tous les membres du conseil de l’Iia’sidra et que cela pourrait prendre un an ou plus.

― Nous ne pouvons pas attendre si longtemps. Il réfléchit un instant, essayant d’apporter une autre option. Est-ce que Tyrus est par ici ?

― Pour autant que je sache, il est là-haut dans les collines.

― Alors, je parle au khirnari, puis-je amener Sebrahn à Bôkthersa ?

Adzriel considéra la demande en long moment. « Je suppose que Riagil ne vous laissera pas rester ici plus longtemps. Il est clair que Sebrahn l’effraie. »

― C’est un homme intelligent.

― Alors Sebrahn a un pouvoir mauvais ?

Seregil mit ses yeux dans ses yeux gris identiques aux siens. « Sebrahn peut tuer. Avec un chant. Il guérit avec son sang et il peut tuer avec sa voix. »

Elle ne parut pas surprise. « Qui a-t-il tué ? »

― Les hommes qui nous ont rattrapés en Pleminar (les chasseurs d’esclaves de Y-hakobin.)

― Il les a tués parce qu’ils s’en prenaient à Alec et toi ?

― Oui. Et c’est la seule fois. Là encore, nous ne l’avions que depuis quelques se-maines. Je n’ai aucune idée de ce qu’il est capable de faire d’autre.

Elle leva un sourcil désapprobateur sur lui. « Je peux encore te dire quand tu me mens, Haba. »

― Oui. Je suppose que tu peux le faire. Très bien alors, voilà tout. (Seregil baissa la voix, mais il aurait été difficile pour quiconque de les entendre avec le vent.) Il peut res-susciter les morts.

― Ressusciter les morts ? Cette fois, elle fut vraiment surprise.

― Oui. Alec n’a pas seulement été blessé en Pleminar. Il a été tué. (Les mots étaient sortis à la hâte maintenant.) Les hommes de Yhakobin nous surpassaient en nombre. Alec a été frappé par deux flèches et c’est alors que Sebrahn s’est mis à chanter ; il a tué tous les hommes debout. J’ai tué Yhakobin moi-même. (Il se frotta les yeux.) Mais Alec était mort quand je suis revenu vers lui. C’est pourquoi il n’est pas en forme mainte-nant, et moi non plus. (Des larmes lui piquaient les yeux ; le souvenir était trop doulou-reux.) Sebrahn l’a ramené des portes de Bilairy.

― Mais… Es-tu certain qu’il était vraiment mort ?

― Oui ! La voix de Seregil devint subitement un peu chancelante. Je le tenais dans mes bras et j’ai vu le sang s’arrêter de couler de ses blessures. J’ai vu ses yeux devenir fixes. Je sais à quoi ressemble la mort, Adzriel. Il était mort !

― Je vois. (Elle resta calme pendant un certain temps. Enfin, elle posa une main sur son bras.) Alors, oui, tu peux venir à Bôkthersa et parler à Tyrus. Si Sebrahn est en quelque sorte un dragon, alors Tyrus le saura. Même s’il ne le sait pas, alors au moins tu seras en sécurité pour un temps avec nous. Tu pourras te reposer et décider que faire après.

― Sebrahn peut être un danger pour le clan, tu sais.

― C’est ma responsabilité. Et que dire d’Alec ? Ne veux-tu pas qu’il soit en sécuri-té ?

― Bien sûr. (Il serra sa main.) Merci, ma sœur ainée.

― Alors c’est décidé. Mais tu ne m’as pas dit qui vous avait kidnappés. Micum et Thero ont raconté qu’ils avaient trouvé les esclavagistes qui vous ont pris, mais ils sem-blent penser qu’il y a plus que ça.

― En effet. Les esclavagistes leur ont dit qu’Ulan í Sathil a payé des rançons d’esclaves de Virésse et de Goliníl.

Ses yeux gris s’élargirent de consternation. « Tu ne penses pas qu’Ulan í Sathil a quelque chose à voir avec cela ? » Si c’était vrai, c’était une impardonnable brèche dans l’atui (l’honneur Aurënfay des clans) et pourrait déclencher une querelle de sang avec Akhendi, dans le fai’thast duquel l’embuscade avait eu lieu, ainsi qu’avec Bôkthersa et Gedre, dont les gens avaient été tués avec l’escorte skalienne. « As-tu une seule preuve de ça ? »

― Non. Mais les esclavagistes qui nous ont capturés n’étaient pas un lot ordinaire. Ils ont frappé très loin dans les terres et ils avaient un nécromancien avec eux. (Il fit une pause, pesant ses mots.) Je n’aurais pas pensé à Ulan, sauf que Yhakobin a mentionné à Alec qu’il faisait des affaires avec lui.

― Ce n’est pas un secret que Virésse fait des affaires avec Pleminar. Qui peut blâ-mer le khirnari de vouloir sauver son propre peuple de quelque manière qu’il puisse. Je ferai la même chose à sa place.

― Oui, mais ce n’est également pas un secret ici qu’Alec est à moitié Hâzadriëlfay. Ulan peut avoir parlé d’Alec à son ami Yhakobin pour acheter une faveur.

― C’est une spéculation non une preuve.

― Cela fait juste trop de coïncidences.

― J’aimerai revoir Sebrahn, dit Adzriel se levant et allant à la porte du colos.

Seregil sourit comme il la suivait ; elle avait parlé davantage comme un khirnari que comme une sœur.

Ils descendirent ensemble dans la chambre d’Alec. Sebrahn était sur le lit à côté d’Alec. Magyana et Thero étaient aussi avec eux et il y avait des pierres de bakshi et des pièces de monnaie jonchant la couchette.

Sebrahn se rapprocha plus près d’Alec alors qu’Adzriel s’asseyait sur le lit à côté de lui.

― Donne-moi ta main, Sebrahn, dit-elle doucement. Sebrahn l’a lui laissa étreindre. Elle continua de le regarder avec intensité et Seregil sut qu’elle voyait, quoi qu’il en soit, ce que les magiciens voyaient.

― Je ne sens aucun mal en lui. Riagil confond le pouvoir pour cela, murmura-t-elle. Alec, peux-tu contrôler son chant ?

― Tu lui as dit ? demanda Alec surpris et pas du tout content.

― Je n’avais pas le choix, expliqua Seregil. Nous devons aller à Bôkthersa et elle mérite de savoir toute la vérité. Il y a un homme appelé Tyrus là-bas qui peut peut-être nous aider ; il en connaît beaucoup plus sur les dragons et leurs coutumes que quiconque que j’ai rencontré. Il est appelé l’Ami des Dragons.

― Pourquoi ?

― Parce qu’il vit avec les plus jeunes et parle aux plus anciens.

― Il y a des dragons à Bôkthersa ? Les yeux d’Alec étaient aussi larges que ceux de la plus jeune fille de Micum quand Seregil lui apportait un cadeau.

― Tu ne te rappelles pas ce que je t’ai dit quand nous nous sommes rencontrés et quand j’ai essayé de te convaincre de rester avec moi ?

― Que tu avais vu des dragons voler sous la pleine lune ?

― Tu les verras aussi, talí.

― Comment ? Quand ?

Seregil sourit de toutes ses dents et échangea un regard avec sa sœur. « Je préfère que ce soit une surprise. »

― Fais à ta façon, dit-il, déconcerté. Il se tourna vers Adzriel.

― Tu penses que Sebrahn est vraiment un dragon ?

― Non, mais il semble être connecté à eux d’une certaine façon, si ce n’est que par l’oracle. Puisque Sarikali est hors de question, tu dois l’amener à Tyrus.

― Pourquoi ne pouvons-nous pas aller à Sarikali ? demanda Alec.

― Je t’expliquerai plus tard. Qu’en dis-tu, talí ? demanda Seregil.

― Je dis allons-y !

Seregil sourit. « Alors c’est entendu. Merci, ma sœur. »

Elle se leva et les embrassa tous les deux sur le front. « J’enverrai un message à mon capitaine pour que le navire soit approvisionné. Cela prendra du temps, mais Alec doit avoir plus de temps pour recouvrer ses forces. »

― Je vais bien !

Adzriel riait quand elle sortit. « C’est à Mydri de le dire, petit frère. »

Seregil rit aussi, sachant qu’Alec en avait vraiment marre des gens qui s’agitaient autour lui. La promesse de Bôkthersa était probablement suffisante pour rendre cela sup-portable, en fait.

Revenir enfin à la maison, pensa-t-il avec un mélange d’excitation et de préoccupation.

Micum et les magiciens revinrent peu de temps après qu’Adzriel soit partie. Micum boita jusqu’au lit et s’assit. « Nous avons entendu ta sœur parler avec notre hôte. Je suppose que nous n’allons pas nous installer ici ? »

― « Les invités et les poissons puent après trois jours » comme ils disent, lui dit Se-regil avec un sourire en coin. Allez-vous retourner en Skala ensemble ?

Micum leva un sourcil. « Si tu penses que vous allez tous les deux quelque part sans moi, vous feriez mieux d’y réfléchir à deux fois. Je ne vous laisserai pas sortir de ma vue jusqu’à ce que vous soyez tous deux installés en sécurité puisque que vous n’arrivez pas à éviter les ennuis. »

― Qu’en est-il de Kari ? demanda Alec.

― Thero s’en est déjà chargé avec une de ces boules de message.

― Qu’est-ce qu’elle a dit ? demanda Seregil bien qu’il en ait déjà une bonne idée.

Thero grimaça. « Qu’elle nous ferait la peau à Micum et moi si nous laissions quelque chose d’autre arriver à l’un de vous. Même en tenant compte des limites de l’audition du sort, j’ai eu l’impression qu’elle voulait le dire littéralement. Elle ne serait pas contente si elle découvrait que je vous ai abandonnés. Pour être honnête, je souhaite aller avec vous. » Thero sourit largement d’une façon que Seregil ne l’aurait jamais cru capable.

Micum rit. « Il a finalement gouté aux hommes de la nuit et il aime ça. Ne t’inquiète pas, Thero. J’ai eu des années de pratique pour gérer Seregil et Alec n’est pas la moitié d’un frère. »

― Je soupçonne que ce sera plus facile que d’affronter le prince et de lui mentir, répliqua le jeune magicien. Je n’ai jamais fait ça avant. Je ne pense pas que Nysander ait eu à le faire non plus.

― Avec les pouvoirs de Sebrahn, peut-être que le rhekaro pourrait mettre un terme à la guerre, réfléchit Magyana.

― Ou éliminer la cour et beaucoup d’innocents skaliens, dit Alec. Comme tu disais Thero, Magyana et toi pouvez mieux nous protéger en convainquant tout le monde là-bas que nous sommes toujours en convalescence.

― Quand nous ne serons pas en train de fouiller le voutes de l’Orëska, dit-il alors que lui et Magyana se levaient pour partir.

― Je suis plutôt impatiente d’y être, dit Magyana. Cela fait un moment que je n’ai pas traîné là-bas.

Seregil ferma la porte derrière eux puis retira ses bottes et s’étira à côté d’Alec, renfrogné.

― Tu t’inquiètes d’avoir à l’amener en Bôkthersa, n’est-ce pas ? demanda Alec.

― Oui. (Seregil prit la main d’Alec et frotta distraitement son pouce contre la cica-trice de la paume.) Mais si Tyrus ne sait pas ce qu’est Sebrahn, ce sera un long chemin pour savoir ce qu’il faut faire. En attendant, nous devons tenir la bride serrée sur lui. (Il regarda le rhekaro qui les regardait maintenant du pied du lit.) Tu ne chantes pas, toi. Compris ? Pas bien.

― Paaas bien.

― C’est bien, dit Alec. Et maintenant, j’ai besoin de prendre un vrai bain !

― Oui, tu dois. Prendre un bain ne pouvait pas accomplir tant de choses, mais Se-regil ne s’en préoccupait vraiment pas ; quand il était enfermé dans cette cellule froide sous la maison de Yhakobin, battu et malade, le parfum d’Alec sur un oreiller non lavé avait sauvé sa santé mentale et renforcé sa détermination. Cela l’affectait de la même manière aujourd’hui mais cette fois, Alec était en sécurité à côté de lui.

Plus jamais !

― Talí ? Il passa une main sur le dos d’Alec, laissant ses doigts compter les aspéri-tés de la colonne vertébrale du jeune homme.

La seule réponse fut sa respiration douce et régulière. Alec s’était endormi rapi-dement. Seregil sourit et s’appuya sur les oreillers. Le bain pourra attendre.

― Ahek. Dooort, dit Sebrahn d’une voix éraillée.

― Oui. Il dort. Va à la fenêtre.

Le rhekaro glissa lentement en bas du lit et retourna s’assoir à la fenêtre. Une fois là, il porta son regard sur eux deux. Peut-être était-ce une ruse de la pluie battant encore contre les vitres, rendant les légères ombres étranges, mais Seregil aurait juré que Sebrahn les avait regardés plein de ressentiment.

On ne peut pas être aidé, pensa-t-il. Je lui devais d’abord et tu vas devoir être celui qui fait faire.

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