Extraits

Un pull cousu d'étoiles noires

Ma passoire à thé

Le goût de ne rien faire

Un bon quart de ma vie

Perdue, perdue.

Perdre puis contempler

Ce qu'il peut bien rester

Plus ou moins que la veille

Que l'année passée

Perdue, perdue.

Et vouloir retourner

Là où on ne savait

Pas encore ce qu'on sait

Cette légereté des pas

Perdus, perdus.

Au croisement des égarés

Ne pas continuer

Et relâcher en douve

La direction assisteée.

Sur un plan de carrière

Absente ce matin

Brutalement se mettre

A penser aux violettes, aux chemins de traverse, aux tous petits cailloux, aux orages sous la nuit, aux rues de Budapest, à se perdre plus loin.

Et rester cachée

En attendant que passe

Cette horde qui

Ne s'avouera jamais perdue, perdue.

Je ne la connaissais que depuis un mois. Un mois à se redessiner l'une l'autre, retracer nos contours, ou même les inventer quand il n'y en avait plus.

La Petite Fille meurt de ses oiseaux-rêves avalés de travers.

Apprends-moi ce qui ne meurt pas.

A eu de temps en temps l'âme déchiquetée et l'a pendu à un fil comme si on pouvait la sécher au soleil.

Ce n'est qu'une étincelle que nous piétinerons ici, mais là, derrière vous, et aussi juste en face et partout ailleurs, des flammes ardentes s'élèvent déjà. Et ce feu là est soutenu, vous ne parviendrez pas à l'éteindre. Cette terre qque vous foulez des pieds, cette terre, elle est en feu.

Nous sommes toutes des filles de rien. Ou nous l'avons été. Nous filles de rien, avons dit non, mais pas assez fort sans doute pour être entendues.

Nous n'avons jamais oublié ce que ça fait d'être un paillasson, un trou retournable.

Nous n'avons réussi à mettre des mots sur cette nuit là qu'1 an, 10 ans, 20 ans plus tard mais nous n'avons jamais oublié ce que nous n'avons pas encore dit.

Nous, filles de rien, avons été ou serons un jour traitées de "menteuse", de "mythomane", de "prostituée", par des tribunaux.

Nous avons été ou seront accusées de "détruire des vies de famille" quand nous mettrons en cause un homme insoupçonnable.

Nous filles de rien, avons été fouillées de mains médicales, de mots et de questions, expertisées, interrogées, tout ça pour en conclure que nous n'étions peut être pas d"innocentes victimes".

Nous ne sommes rien. Mais nous sommes beaucoup à l'être, rien, ou à l'avoir été. Certaines encore emmurées vivantes dans des silences polis.

Je crois à l'huile jetée sur le feu

Au temps gagné à le perdre à deux

Je crois à ce qu'on partage

Nops odyssées déglinguées

Au visage des nuages que tu traduis pour moi

A nos prochaines minutes, Voltairine.

Puisqu'on les a.

Petites Filles de Rien

Au Bout du Chemin

Te rendent la Justice

Et elles gardent le feu.

Il nous faut donc, dans un monde où nous n'existons que passées sous le silence, au propre dans la réalité sociale, au figuré dans les livres, il nous faut donc, que cela nous plaise ou nous, nous constituer nous-mêmes, sortir comme de nulle part, être nos propres légendes dans nos vies mêmes.