Ajouter un extrait
Liste des extraits
N/ Kon lui avait raconté le cauchemar quand ils avaient dû amputer les éléphants à la machette, ceux qui respiraient encore et qu’il avait fallu achever, le sang jusqu’aux coudes à patauger pendant des heures parmi les chairs ouvertes et l’odeur épouvantable des éléphants qui les suivait toujours, une boucherie à devenir fou, une folie que John avait tenté de renverser en créant Wild Bunch. Les animaux comme remède : Solanah commençait à comprendre.
Afficher en entier-La vérité est multiple.
-Pas pour la justice.
-Certes, mais nous sommes plusieurs dans une même personne. Prenons Dieu par exemple, enchaîna-t-il: une partie de moi y pense comme à une fable pour enfants, une autre se doute que je ferai peut-être appel à lui au moment de mourir, une autre encore se dit que les humains ont besoin d'espérer. On est plusieurs dans le même corps.
Afficher en entier-On finit la bouteille? Ile ne reste presque rien.
-Tu ne veux pas attendre cinq minutes que ça te fasse de l'effet?
-Tu me fais de l'effet depuis le moment où je t'ai vu sortir de ta voiture, rétorqua la San, assise sur le canapé, la première fois que tu es venu à Wild Bunch. ça n'a même pas pris cinq minutes.
-Le prestige de l'uniforme, ironisa Seth.
-Ha ha! Non. C'est ton air de petit garçon gentil: on voit bien que tu ne vaux pas une pintade au milieu des lions.
Afficher en entierSentant le vent de l'apartheid tourner en leur défaveur, des officiers de l'armée sud-africaine avaient monté des sociétés privées de sécurité, en fait des compagnies de mercenaires répondant à la demande. On échangeait les animaux ou leur ivoire contre du pétrole et des diamants, alimentant les guerres jusqu'en Sierra Leone. Enfin, les paix relatives avaient fini par contraindre les belligérants et ceux qui tiraient les ficelles à changer leur fusil d'épaule. Ancien gradé de l'armée sud-africaine, expert de la guerre en brousse, Rainer Du Plessis avait vite compris que les animaux sauvages, de plus en plus rares, devenaient encore plus précieux.
Afficher en entierLe Chinois en salivait de l'autre côté de la table, l'embonpoint comme cliché dans son costume de sueur. Le Scorpion avait réservé la meilleure table de Nairobi pour son plus gros client, dans une arrière-salle à la décoration massaï. Rodé aux repas d'affaires, Du Plessis plastronnait, sûr de son effet. Le temps de préparation étant conséquent, M. Zeng aurait un appétit d'ogre quand on apporterait son fameux plat. Le mets était évidemment interdit à la consommation mais un lobbying forcené des restaurateurs de Nairobi et quelques petits arrangements privés avaient assoupli la législation. Les clients se pressaient : notables, politiques, hommes d'affaires, vedettes...
Afficher en entierLe Kalahari – la « grande soif » – recouvrait les trois quarts du Botswana et la zone est de la Namibie, un désert ininterrompu battu par des vents de sable où persistaient de rares eaux de surface. Il fallait puiser dans les sources souterraines, avec des milliers de puits disséminés sur ce territoire qui s'étirait jusqu'aux rives du fleuve Okavango. Son delta, patrimoine mondial de biodiversité, était un lieu unique pour les animaux migrant à sa saison sèche.
Afficher en entierLina agitait les oreilles tandis qu'arrivait la troupe, émettant de longs grognements gutturaux. Les éléphants se frottèrent bientôt à elle en signe d'affection, enroulant leurs trompes en de savants messages olfactifs. Lina était leur guide, l'encyclopédie des chemins menant à la moindre mare d'été caniculaire et jusqu'aux rives de l'Okavango, tout là-bas vers le Botswana. La transmission de leur savoir permettait aux éléphants de survivre depuis des millions d'années, tous frères, sœurs ou gardiens des petits, constituant la même famille unie ; la harde ne craignait que les grands mâles en rut qui, au printemps et après quelques raclées infligées à leurs congénères, exigeaient leur saillie avec une tendresse de mirador.
Afficher en entier— Il n'y a pas que les éléphants mâles qui ont de longues défenses : les femelles aussi en avaient avant qu'on se mette à les chasser. Aujourd'hui, presque tous les éléphants ont assisté au meurtre d'un de leurs proches, et l'abattage prématuré d'une matriarche est une catastrophe en chaîne ; leur culture en partie détruite, les survivants sont traumatisés. Les éléphants d'Afrique ne vivront plus jamais comme avant le massacre des « grandes défenses ». Ils se sont adaptés au trafic d'ivoire : leurs défenses ont raccourci.
Afficher en entier(…) Tu sais, une girafe est aussi effrayée que nous à l'idée d'être mangée par un lion, poursuivit-il devant l'air pincé de Jena : si elles avaient le choix entre la mort instantanée provoquée par une balle dans le cœur et une fuite éperdue devant un fauve avant d'étouffer entre ses crocs, les girafes choisiraient comme nous la première solution. Sans compter que le grand gibier est souvent dévoré encore vivant.
Afficher en entier— Je préfère être végétarienne, bouda-t-elle.
— Tu as mille fois raison, mais tu as vu des légumes dans le coin ? La Namibie est un désert, presque tous les légumes sont importés par avion ou par camions sur des centaines de kilomètres.
Afficher en entier