Commentaire de Octarine008

Un presque coup de coeur ! Je suis vraiment étonnée de n’avoir jamais entendu parler de ce livre auparavant, alors qu’il est juste génial. Je suis tombée sur la couverture par hasard en librairie, et là, gros coup de coeur pour la magnifique couverture rouge et orange de l’intégrale chez Le Livre de Poche, une magnifique référence à Rouge-Terre.

J’ai vraiment apprécié l’organisation du récit. On découvre certaines choses avec Alexian, d’autres ne sont pas expliquées tout de suite, mais on finit par les comprendre au fur et à mesure, et d’autres encore sont expliquées dans les encarts en début de chapitre. Je trouve les encarts très intéressants, ils complètent l’histoire et participent au worldbuilding, et sont surtout bien menés : ils ne sont pas trop longs, ls sont concis et vont droit au but, ils sont en rapport avec chaque nouveau chapitre. Ce qui est admis dans le récit y est expliqué clairement, voire de manière plus précise que ce que croit un personnage. De plus, les nombreux interludes qui séparent certaines chapitres sont très agréables : ça permet de suivre des personnages plus variés que les différents protagonistes identifiés, notamment les « méchants », et ça fait une pause au milieu de ces longs chapitres.

Le worldbuilding est très riche et réfléchi, qu’il s’agisse du système politique, des fêtes traditionnelles, des croyances religieuses… En fait, c’est tellement riche qu’au début, il faut s’accrocher un peu pour tout retenir, mais une fois les cent premières pages passées, ça roule comme sur des roulettes. Le concept des corporations et l’idée de suivre des personnes affiliées à la Corporation des marchands d’étoile est très intéressante. D’ailleurs, le concept des oraisons, autour duquel tourne l’intrigue, est très original, en tout cas je n’ai jamais rien vu de similaire en fantasy jusqu’à présent. Les amateurs de complots seront comblés !

Les très nombreux personnages ne sont pas en reste. Pour le coup, il y en a quand même un certain nombre : j’ai dû ressortir ma vieille technique du Prieuré de l’Oranger et faire une liste avec les noms des personnages. Les protagonistes sont vite identifiés, mais un certain nombre de personnages secondaires s’y ajoute. Et ces personnages, j’ai eu de l’empathie pour eux, en particulier pour Laï-Mune, Noony et Alexian (mon chouchou). Au tout début du livre, j’aurais parié que je préférerais les passages sur Aileen, et au final, c’est bel et bien Noony que j’ai le plus aimé suivre : je trouve que l’auteure a su lui donner une dimension particulièrement humaine. J’aime aussi beaucoup Alexian et Lorion. Certains personnages m’ont moins convaincu, comme Aryador, une véritable poupée entre les mains de l’Astrakan, et duquel j’aurais souhaité une réflexion ou des décisions de son propre chef… Aileen, également, m’a semblé se perdre dans son projet de vengeance. Je comprends son envie de faire payer les instigateurs de la mort de sa soeur, mais elle se lance dans son entreprise au péril de ses propres intérêts, et se lance dans des intrigues qu’elle ne maitrise pas et au final, qu’elle regrette. Beaucoup de sang est finalement versé à cause d’elle, alors que cela aurait pu être évité. Son manque d’honneteté avec Heptial m’a un peu déçue, mais en même temps, après ce qu’elle a fait… En tout cas, j’apprécie que l’on n’entre pas dans le schéma manichéen de la fantasy : les personnages « gentils » ne sont pas foncièrement gentils. Les personnages « méchants » ne sont pas foncièrement méchants. Ils sont complexes, ils sont humains, ils connaissent l’envie, la jalousie, la pitié, la culpabilité, et malheureusement tous les crimes ne sont pas punis.

Chose rare, j’ai apprécié les différentes histoires d’amour. En même temps, ces histoires sont quasiment toutes tragiques dès le départ et ne peuvent que mal finir, certaines finissent même bien pire que ce j’aurais imaginé, et j’en ai pleuré, tellement pleuré, du début à la fin du livre. Rien n’est épargné aux personnages. La fin est dure, c’est une véritable claque émotionnelle, et si la situation politique semble en voie de prendre un chemin plus pacifique et ouvert aux autres, les situations personnelles des personnages, elles, ne sont pas vraiment au beau fixe. Ainsi, on ne peut pas dire que ça se termine bien, et on ne peut pas dire que ça se termine mal non plus. Et je trouve que c’est ce qui fait que je retiendrai cette histoire longtemps. On a beau essayer de prôner la paix et l’acceptation d’autrui, on se retrouvera toujours confronté à un autre point de vus, plus extrême. Le temps peut soigner les blessures, mais il peut aussi en ouvrir d’autres.

Je vois le récit d’Oraisons comme une grande leçon, sur l’acceptation des autres et de la différence, politique, scientifique et surtout religieuse. En général, pour moi, quand ça parle de religion, soit ça passe, soit ça casse, et ici ça passe.

Attention, car Oraisons n’est clairement pas une histoire joyeuse, comme on peut le voir sur la quatrième de couverture : c’est triste, c’est même tragique, mais c’est prenant, on s’attache aux personnages et on veut savoir où tous ces événements vont les mener. Je me suis sentie tellement mal pour certains couples à la fin.

Je conseille vivement ce livre, écrit par une auteure Française, qui ne sont pas si nombreuses, et encore moins nombreuses à écrire des histoires de cette qualité. En plus, pour un premier roman, chapeau !

Noony, Alexian et Lorion : je vous aime.