Extraits

Avec ça, je peux tout juste nourrir ma femme et mes enfants, mais après tout il y a d'autres métiers, l'usine, le bureau. Puis l'argent ne fait pas le bonheur, ceux qui m'emploient en sont persuadés, et comme ils m'aiment bien, ils pensent surtout à mon bonheur.

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C'est qu'il n'est pas facile de mettre fin aux partis politiques dans un pays comme le nôtre, où la droite est souvent à gauche, la gauche à droite, et le centre nulle part.

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Puis il n'est pas sérieux de vouloir la mort des partis et d'en créer un sous le signe fallacieux du suffrage universel, qui ne vaudra jamais que par ce que valent et veulent les électeurs. Or, il semble bien que depuis pas mal d'années on vote plutôt contre que pour. C'est un vote à feu au cul.

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Et l'on sait bien qu'un clochard ne sera jamais élu député. D'où être "représenté" relève du canular ou de l'indifférence la moins acceptable. D'où les étudiants veulent la parole, veulent la reprendre à ces fantoches qui l'ont ridiculisée, l'ont perdue dans l'alcool de leur vanité parlementaire.

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Le résultat de toutes ces belles insultes, qui ne déplaisent pas naturellement à tout le monde, on se doute pourquoi... eh bien, c'est qu'on ne peut plus avancer timidement une idée un rien fraternelle, faire un geste un peu... humain, proférer une parole un peu généreuse, sans se faire donner en pleine impuissance du "femmelette", de la "belle âme", du retardataire etc.

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Le langage nous mène par le bout du nez. C'est fou ce que la plupart des hommes parlent du nez. En croyant parler de l'âme. Ou du cerveau. Il faudra bien finir par parler de la bouche. Grâce à sa propre langue. Vivante.

Mais comment ouvrir les yeux des gens qui ne les ferment jamais, sinon pour dormir ?

Le tableau dit à l'homme : "Ce que tu penses ne me regarde pas."

Seulement, je suis maintenant persuadé que mieux vaut vivre comme Van Gogh, c'est-à-dire pauvrement passionné, que comme mon voisin l'épicier. En fait, la chose étonnante, c'est que tant d'hommes malheureux ne s'en aperçoivent pas, on dirait qu'ils rêvent. Van Gogh ne rêvait pas, lui ; tant pis si ceux qui ne rêvent pas, ou le moins possible, finissent par faire croire qu'ils avaient du génie, autrement dit un petit truc, bien à eux. Ils ne le font croire qu'aux imbéciles. Le génie, c'est de vivre, c'est de profiter de l'occasion pour y aller carrément, avec nos moyens, nos désirs, nos obsessions, nos besoins.

On ne croirait pas qu'il écrit. Quand on le dit aux gens qui ne le connaissent que pour l'avoir vu, comme ça, cinq minutes, ils n'en reviennent pas. Ils le trouvent simples. Il les interroge comme ils s'attendent à l'être, il leur demande s'il fait beau, ou mauvais. Alors ? Puisqu'il écrit, on devrait s'en apercevoir, non ? On ne comprend pas pourquoi il a l'air de ne pas avoir l'air. Les gens simples sont un peu compliqués.

On écrit parce que personne n'écoute.

Ils avaient oublié d'éteindre et leurs ombres mimaient l'amour un soir que je passais, vaquant mon ombre faisant le trottoir...

L'intelligence tue, me dit-il.

Encore un immortel.