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Durant un long moment, réduite au silence, Viola ne put que dévisager son mari. Ses paroles résonnaient au fond de son crâne comme l'appel d'un tambour. John Hammond voulait un héritier. Aujourd'hui, après toutes ces années, il voulait qu'elle lui donne un fils légitime. Stoïquement, elle avait enduré la souffrance, l'humiliation, la réprobation sociale qui rejaillissaient sur elle pour ne pas lui avoir donné de fils. Et à présent, après avoir été chercher dans les bras de toutes ces femmes ce qu'il n'aurait dû trouver que dans les siens, il avait le culot de revenir partager sa vie et sa couche....
- Jamais de la vie ! répliqua-t-elle enfin en s'apprêtant à quitter la pièce.
Afficher en entier— Si j'ai tout oublié de la passion, reprit-elle dans un murmure farouche, c'est par votre faute !
— Vous avez entièrement raison.
La tranquille assurance de cet aveu la surprit. Une nouvelle fois, elle tourna la tête vers John. À présent, il se tenait si près d'elle que leurs lèvres faillirent se toucher. Elle aurait dû se reculer - elle savait qu'elle aurait dû le faire - mais elle ne pouvait s'y résoudre.
— John... dit-elle en plongeant dans la pénombre son regard au fond du sien. C'est la première fois que je vous entends reconnaître une part de responsabilité dans le vaste gâchis de notre mariage.
— Oui, c'est vrai... admit-il d'un air gêné. Vous savez, c'est affreusement embarrassant pour un homme d'avoir à reconnaître qu'il s'est trompé à propos de quoi que ce soit. Cela tient naturellement à notre manque d'entraînement, car nous ne nous trompons presque jamais.
Viola pinça les lèvres.
— Ah ! se réjouit-il en baissant les yeux vers sa bouche. Je vous ai presque arraché un sourire. N'est-ce pas ?
Précipitamment, elle détourna le regard et fit mine de s'intéresser au concert.
— Absolument pas! mentit-elle. Une fois de plus, vous prenez vos désirs pour des réalités.
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