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Spectaculaire, dit mon père, quel pays, nom de nom ! Epoustouflant, dit ma mère, rien de plus beau, notre petit pays à nous. Mon Dieu que c'est beau. Un si grand nombre de balades et de voyages à travers l'Ecosse implique qu'on lui adresse de chaleureux compliments, comme si on croyait le pays doté d'une grande oreille dressée, à l'écoute. Par moments, je m'imagine voir le pays rougir de reconnaissance
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Poussière rouge de Jackie Kay
Des années plus tôt, j'avais pris un train de nuit de Londres à Manchester à l'issue d'une date pour une lecture de poésie. (C'est amusant de voir que nous autres, poètes, on appelle "dates" les lectures, soirées tristes et pitoyables en réalité, dans le seul but de faire comme si on était des stars de la pop. On se croise les uns les autres sur la route et on demande : 'Tu as eu quelques dates, ces derniers temps ?" "Oui, à la Bibliothèque centrale de Milton Keynes.")
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À première vue, mes parents biologiques avaient tous les deux cet air qu'ont certains sans-abri qui transportent les documents importants dans des sacs de supermarché.
On m'avait raconté qu'ils s'étaient connus en 1961, au dancing d'Aberdeen. Jonathan faisait ses études dans cette ville, et ma génitrice était infirmière. Ils sont restés en contact pendant la grossesse de ma mère biologique, puis Jonathan est reparti au Nigeria et elle est entrée dans un foyer pour mères célibataires le temps de me mettre au monde. J'ai été adoptée cinq mois plus tard par un couple de Glasgow – les gens qui sont pour moi mes vrais parents. Ce sont depuis toujours de fervents communistes. En retrouvant la trace de ma mère biologique, voilà quelques années, j'ai découvert qu'après sa liaison avec Jonathan, elle s'était convertie au mormonisme. L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, ou je ne sais quoi. Les Mormons, m'a-t-elle expliqué, croient que les gens adoptés réclament de l'être alors qu'ils sont encore dans le sein maternel. Quand j'ai expliqué à ma mère que ma génitrice était mormone, elle s'est écriée : “Ah, bon sang, catastrophe ! On va se boire une petite demi-bouteille et on n'y pensera plus.”
Mais pour l'heure, nous voilà dans la chambre. Je suis sur le point d'avoir une conversation avec mon père biologique pour la première fois.
Jonathan se balance d'un pied sur l'autre, déportant le poids de son corps de droite et de gauche, comme quelqu'un qui s'apprête à dire une chose qui va tout changer dans la vie. Il se lance :
- Avant qu'on puisse poursuivre cette rencontre, je voudrais prier pour toi, et te souhaiter la bienvenue au Nigeria.
Je prends peur. L'extrémisme religieux me fiche une trouille bleue. J'assimile ça à une forme de folie. Mais il est évident que Jonathan ne pourra rien dire du tout si j'essaie de couper court au sermon. Alors je dis :
- Bon, d'accord.
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« Comment dissimule-t-on une femme adulte ? Pourquoi une femme adulte devrait-elle contribuer à sa propre dissimulation ? » (p. 164)
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« – Notre père était un Canadien français, et pendant un temps, notre mère a emmené deux d’entre nous au Canada en laissant les autres [...] Mais René Léveillée, notre père, n’était pas quelqu’un de gentil, contrairement à notre grand-père. » (pp. 145-146)
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Je me rends compte avec horreur que Jonathan me considère comme le péché, l’impure, moi la bâtarde, l’illégitime. Je suis là, devant lui, preuve de son péché passé, mais c’est moi la pécheresse, la vivante incarnation de son péché. » (p. 17)
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Les parents de ma mère ont passé vingt-six ans en Nouvelle-Zélande, à regretter l’Écosse tout en devenant toujours plus écossais dans ce pays étranger. » (p. 28)
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« C’est étrange de regarder les hommes l’un après l’autre en se demandant lequel est son géniteur. » (p. 13)
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Les arbres sont tout ce qu'il y a de bienveillants. Je viens juste de finir de m'instruire sur les arbres en travaillant dans la forêt de Burnley ; j'ai appris que les arbres s'entraident : lorsqu'il y en a un qui pousse un peu vers l'est, son voisin va pencher un peu vers l'ouest pour lui faire de la place. Les arbres respirent le même air et ont mutuellement conscience de leur présence. Ils complètent la croissance de leurs semblables, et deux frênes sont capables de partager la même canopée.
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Nouvel extraiJe me rends soudain compte que les indiens sont de la même couleur que moi et que mère ne l'est pas. Je demande à ma mère: Maman, pourquoi tu n'es pas de la même couleur que moi? Ma mère répond: Parce que tu es adoptée. Je demande: Qu'est ce que ça veut dire adoptée? Mon frère s'esclaffe: Tu ne sais pas ce que c'est, l'adoption? Je n'arrive pas à croire que tu ne sache pas ça. Il est en train de manger des cornflakes. Il mange des cornflakes presque à tous les repas. Non je ne sais pas ce que ça veut dire. Je suis à deux doigts de fondre en larmes. J'ai déjà entendu le mot mais je ne comprends pas vraiment. Ma mère explique: ça veut dire que je ne suis pas vraiment ta maman. Comment ça, tu n'es pas vraiment ma maman? je réplique. Je pleure pour de bon, maintenant, parce que j'aime très fort ma maman et je veux qu'elle soit ma vraie maman et j'ai peur qu'elle veuille dire par là qu'elle n'est pas réelle et qu'il va lui arriver quelque chose, qu'elle va disparaître ou se dissoudre.
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