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Dépassée, je restai figée sur place. Maden portait un sweat noir à capuche et des lunettes de soleil aviateur. En pleine nuit ? Il charriait.
— Bonsoir, Dark Vador, l’accueillis-je.
Pour réussir à me montrer à l’aise en sa présence, je devais instaurer nos relations sur le ton de l’humour.
— Quoi ? me demanda-t-il en enlevant sa capuche.
Quand son bonnet apparut en dessous, je reçus un léger choc. C’était le bonnet. Le seul et l’unique ! Il l’arborait chaque hiver et, même si la mode contaminait beaucoup de stars ces dernières années, j’avais toujours craqué sur « Maden en bonnet de laine », à la limite du béret lâche. Le premier à avoir provoqué cette fascination étrange chez moi avait sûrement été Johnny Depp, en période baba cool post-Jack Sparrow. Je m’empourprai et baissai la tête en ouvrant la porte. Je fis volte-face pour me diriger vers la piscine, contente de pouvoir lui tourner le dos.
— Vu ton accoutrement, on dirait l’ami Dark Vador parti en courses… Surtout avec la capuche et les lunettes. Un verre ? Il y a du whisky ou de la vodka caramel. C’est une bouteille qui vient de Pologne.
Il se servit lui-même pendant que je replaçais mes pieds dans le bassin. Je m’allongeai à nouveau sur le grès. L’eau fraîche m’apaisa, mais je commençais rapidement à frissonner. Et c’était bien dû à la température de l’air, non à Maden, à quelques mètres à peine. Je m’appliquai à siroter ma vodka sans m’interroger sur les raisons de sa présence. Mon esprit se lovait déjà dans les brumes confortables de l’alcool. Il me rejoignit et se posa au coin de la piscine, à trois mètres de moi. Les reflets du bassin éclairé illuminaient son visage par en dessous, faisant ressortir le dessin de sa mâchoire et donnant à ses yeux un aspect sombre, presque chocolat.
— J’ai appris que Jackson prenait l’avion aujourd’hui. Je suis passé voir si ça allait.
Il modifia sa position pour se mettre en tailleur et je lorgnai ses jambes du coin de l’œil. Elles me semblaient démesurément longues. Combien de centimètres pouvaient-elles faire ? À l’évidence, si j’en venais à ce genre de considérations, j’étais plus partie que je ne le pensais. Je reportai mon regard sur le ciel vide au-dessus de moi. Il n’y avait jamais d’étoiles en ville.
— Ça va. On n’était pas vraiment ensemble, je te l’ai dit. Je n’attendais rien… mais il me manquera. Je m’accorde une soirée en solitaire.
Afficher en entier— Maden ! Je ne tiendrai pas longtemps ! Pourquoi je cours, d’ailleurs ? Personne ne me connaît !
Il tourna brièvement la tête vers moi et resserra sa prise sur ma main.
— S’il te plaît, reste avec moi ! répondit-il seulement, sa voix hachée par cette cavalcade faisant écho,
à la mienne.
Dans son cas, ce n’étaient pas des talons qui l’handicapaient mais un paquet de clopes par jour.
Heureusement, il ralentit, me permettant de ne pas m’étaler suite au léger bug provoqué par son regard suppliant complètement déloyal.
— Ça va, ça va. Mais je te préviens, on finit fissa le marathon ou tu continues seul ton jogging nocturne, annonçai-je en lui retirant ma main pour me concentrer sur ma course et mon équilibre.
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