Extraits

C’était le fait d’avoir mis tant d’espoir pour réaliser son rêve, et avant même d’avoir pu le concrétiser, de grimper sur une piste, de descendre une montagne, il s’effondrait.

Et si tout allait bien, demain, ils feraient leur première sortie ! Sur des pistes pour ultra-débutant, et sans doute sans réelle gageure, mais Rome ne s’est pas construite en un jour et Jack le savait.

Il venait de loin au niveau de la confiance en lui et se pavaner, dans le milieu gay lyonnais, avec un beau garçon au bras, lui avait donné de l’assurance. Une assurance factice, mais qui lui avait sans doute permis de se reprendre en main.

Xavier se plaça derrière lui et l’enserra dans ses bras.

— Je sais ce que je veux, murmura-t-il à son oreille.

Devant eux, les flocons généreux tombaient doucement, comme des boules de coton. Le paysage, éclairé aux bougies depuis le chalet, était magnifique.

Si seulement cela pouvait durer…

— Tu es saoul, Xavier, tu ne sais pas ce que tu dis.

— Je suis peut-être saoul, mais ce que je veux ne date pas d’aujourd’hui.

Jack se retourna doucement sans que Xavier le lâche. Ils étaient serrés l’un contre l’autre, bassin contre bassin.

— Tu n’es pas gay, monsieur Xavier-Édouard de Bonteuil.

L’homme lui sourit en retour.

— Non. Je ne suis pas gay. Je ne suis même pas bi. Je n’ai jamais désiré un garçon. Mais toi… je te désire.

Au tour de Jack de faire osciller son regard entre les yeux de Xavier, ses lèvres, son cou…

— C’est impossible… Tu vas… après tu partiras en te disant que c’était la pire expérience de ta vie.

— Laisse-moi être juge de mes ressentis. Mais si tu ne veux pas, je peux l’entendre.

— Ce n’est pas ça. Et tu le sais.

Jack se serra contre la poitrine de Xavier et enserra son dos de toutes ses forces. Il ne put retenir ses sanglots.

— Je te désire tellement, reprit Jack. Tellement que j’ai mal. Je sais que tout nous sépare. Même notre nature affective.

— Qu’en sais-tu vraiment de ma nature affective ? Explique-moi, j’aimerais comprendre ce que je ne suis pas sûr de pouvoir concevoir.

— Tu n’es pas gay, pas bi, tu l’as dit et je te crois.

— Faut-il mettre des mots sur des désirs ? C’est réducteur. Je te désire toi, personne d’autre. Et j’aime bien ta façon de dire « orientation sexuelle ». Au moins, « nature affective » ne déplace pas tout sur la notion de sexe.

— Moi, c’est Xavier-Édouard, à ce propos.

— Waouh, pas facile à porter… Moi, c’est Jack, juste Jack. Mes parents aimaient les séries américaines. Ça vous donne une idée du milieu d’où je viens.

— Et moi, du mien !

Ils rirent tous les deux.