Extraits

- Les ragots sont toujours ce qu'ils sont. Violents, gratuits, et destructeurs.

- Et alors ? Critiquer est le propre de l'humain, tu sais. Quoi que tu fasses, il y aura des gens biens, tandis que d'autres tenteront de te tirer vers le bas. Ceux qui parlent sur toi ne sont que des jaloux. Les autres n'ont pas besoin de ça pour se sentir plus forts.

– Mais vous… vous êtes le mec d’hier ? Celui qui a failli me réduire en chair à saucisse ?!

Le fait qu’elle me vouvoie indique qu’elle n’est pas du coin. Ici tout le monde se tutoie, sauf passé un certain âge. Je ne fais tout de même pas si vieux à trente-trois ans, pas vrai ?

– Et vous êtes l’Anglaise sans accent, j’imagine.

Pour expliquer le fait qu’elle roule à gauche, je ne vois que ça.

« – Toi et moi, quoi qu’ils en disent, hein ? chuchoté-je à Gabriel.

Après avoir déposé un baiser sur le bout de mon nez, il assure :

– Oui, mon ange. Quoi qu’ils en disent. »

Il y a maintenant, il y aura demain.

Il y a les étoiles, et l'infini obscur comme horizon.

Il y a elle. Ensuite ? Je l'ignore.

L'amour ne se décide pas, il vous tombe dessus sans prévenir.

- C'est ce que tu voulais, non ?

- Toi. C'est toi, que je veux.

Ce soir, là, en cet instant précis, il a le goût de l'abandon. Le vrai. Celui qui diffuse la sensation de plonger dans le vide en sachant pertinemment que le risque de s'écraser à l'arrivée existe.

- Je fantasme aussi sur tes grandes mains qui...

Il me fait taire en se ruant sur ma bouche.

- Tais-toi, vile tentatrice...

Mais déjà, ses hanches se plaquent contre les miennes. Je ferme les yeux, me laisse aller à son étreinte.

- T'es vachement insatiable pour ton âge, ricané-je.

- Je te demande pardon, lâche-je.

Sa langue claque contre son palais. Je ne tiens plus :

- Arrête ça.

Ahurie, elle arque un sourcil interrogateur. Dans l'obligation de préciser, j'ajoute :

- Arrête ces mimiques avec ta bouche, tes lèvres, ta langue. S'il te plait.

- Est-ce que tu te drogues ? On peut savoir pourquoi je devrais t'écouter ?

- Parce que j'ai terriblement envie de t'embrasser.

- Il est bon ? demande-t-elle en désignant mon sirop d'un signe du menton. Des saletés de mouches avaient élu domicile à l'intérieur.

Je recrache immédiatement le contenu de ma bouche. Le minéral sourit.

- Le bouchon était mal vissé, mais je les ai triées.

Au pire, ça te fera des protéines. Tu es maigrichonne, ma p'tite.