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Les coupons
Jamais elle n'aurait imaginé devoir recoudre le sous-kimono qu'elle portait à douze, treize ans.
Miyako l'avait retrouvé il y a quelques jours au fond de la vieille armoire, quand elle avait rangé les vêtements d'hiver, et, avec son col trop étroit, on ne pouvait sans doute rien en faire, mais elle l'avait décousu sur-le-champ et lavé.
Hier, elle l'avait repassé, puis mesuré : en fait, il y avait bien assez de longueur, et en arrangeant les manches il devait être possible d'en faire quelque chose - il manquait juste trois centimètres.
Les manches étaient faites de deux pièces raccordées au tiers de la longueur.
- Tiens, l'ourlet est sur l'endroit, murmura Miyako, qui se souvint que la famille s'était installée à Tôkyô alors qu'elle avait à peu près l'âge de porter ce sous-kimono.
Bien plus tard, sa mère lui avait appris que dans le Kansai on cousait la doublure en la repliant de quelques millimètres sur l'endroit, tandis que dans le Kantô on cousait bord à bord ou en repliant l'endroit sur la doublure. La manière du Kansai était plus économique, mais comme Miyako était une jeune fille qui devait se montrer à l'extérieur..., avait ajouté sa mère.
Afficher en entier"Debout devant une fenêtre brouillée par la pluie, Ritsuko regardait, avec des yeux toujours aussi durs, les jeunes mariés se faire photographier. Elle serrait les lèvres. J'avais envie de lui adresser la parole, de demander à cette jeune fille qui, ayant survécu, se tenait debout là, si grande, si belle, si elle se souvenait de moi, si je lui revenais en mémoire, mais j'hésitai.
- Elle doit porter demain à la présentation une robe de mariée, alors... murmura à mon oreille le marchand de kimonos".
Afficher en entier"C'est parce qu'il était si insensible qu'il avait pu rejeter tout net l'affectation de Michiko, se dit-elle,. Face à un être pareil, quelqu'un comme Michiko, sans artifice, maladroitement, était pet-être plus heureux qu'elle. Peut-être de son côté son mari penserait-il un jour que la seule à l'avoir aimé était Michiko. Vu son caractère ce n'était pas exclu".
Afficher en entier"Peu après, elle finit quand même par descendre en trajectoire directe à côté de son petit. La joie de ce dernier fut indestructible. Il secouait la tête, frissonnant de ses ailes déployées, comme s'il quêtait des caresses. "
Afficher en entier"Le soulagement de voir la guerre finie avait suscité les conceptions.
Rien ne témoignait plus concrètement de la paix. En toute indifférence à la défaite du Japon, aux difficultés du quotidien, à la surpopulation future, c'était une question individuelle, un comportement dicté par un pur instinct. Comme une fontaine obstinée qui soudainement rejaillit. Comme une herbe desséchée qu'embrassent de jeunes pousses. En considérant que c'était une résurrection, une libération de la vie, quel bonheur, s'il était possible de célébrer ainsi la paix ! "
Afficher en entier"Ainsi Kayoko, au fond de l'eau, avait dû mourir en gravant dans son coeur son visage à lui, le premier de ses amants, et non pas celui de son compagnon de suicide. Cela avait été, sans doute, sa pathétique "prière en langue maternelle"
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