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Il ne rentra pas à pied mais prit le bus 86. A seize heures il y avait du monde, encore une fois il s'amarra fermement à la barre des deux mains. Au moment de passer la place de la Nation, l'espace était assez dégagé pour qu'un rayon de soleil traverse le bus comme un projecteur, dans le faisceau de lumière totale il vit une myriade de bactéries vaporisées dans le bus, des particules de salive ou de rhinovirus, du coup l'idée d'avoir ses mains sur cette barre souillée par des milliers d'autres mains le dégoûta, il visualisa l'air qu'il respirait, les traces qu'il en gardait sous sa paume, surtout qu'il empoignait toujours le métal avec une plénitude avide, pour le pur exercice de faire jouer ses dorsaux.. Il se promit d'acheter des gants avant de rentrer chez lui.
Afficher en entierSa force elle venait de là, d'avoir trop perdu, dès lors, plus rien ne l'inquiéterait, plus rien ne lui ferait prendre peur ou froid, rien.
Afficher en entierIl y a comme ça des projets qu' on garde en soi et qui aident à vivre.
Afficher en entierElle lui saisit le visage avec une force stupéfiante encore une fois, il se laissa engloutir dans ce baiser, cette femme maintenant était un vertige qui le submergeait, qui le dépassait, elle venait de dehors, son manteau, sa peau, son visage, étaient frais, son haleine aussi, elle ne voulait surtout pas prendre le risque de s'attarder, il lui attrapa le visage pour répondre à son baiser, il voulait l'empêcher de repartir, la confondre de désir, l'étourdir en l'enlaçant, mais elle se détacha, elle recula en le regardant dans les yeux:
Afficher en entierSa résistance, on la décide à tout instant, à tout moment on résout de se laisser envahir ou pas par l'angoisse, de se laisser submerger par une préoccupation à laquelle on accorde trop de place. Etre fort, c'est ne pas prendre la mesure du danger, le sous-évaluer, consciemment, tandis qu'être faible, c'est le surestimer, mais l'autre soir, il s'était fait très peur.
Afficher en entierLe chien s'était posté à ses pieds, il regardait Ludovic avec un air d'incompréhension totale, il faisait nuit mais en réalité ce qu'attendait ce chien-là c'était d'aller se promener, de sortir pour lever les chats ou des renards, des lièvres, n'importe quoi, pourvu que ça se débine devant lui et qu'il le rattrape.Ce chien-là, malgré sa bonne gueule d'épagneul, son regard tendre et doux, là il avait juste envie de courser une proie, le vrai désir de cet animal tout mignon c'était de taper dans une bestiole moins véloce que lui, de chasser tout ce qui passait. La truffe en l'air, pendant que Ludovic lui caressait le cou,le chien reniflait plein de trophées possibles, même pas pour les bouffer, pour le seul plaisir de les courser, sous sa mine joueuse et sa bonhomie ce chien-là n'attendait rien d'autre que la permission de tuer.
Afficher en entierAux autres, elle n'arrivait plus à parler, s'ouvrir sur ses difficultés, c'était en ajouter aux leurs. Alors que lui semblait inébranlable, absolument pas influençable, un genre de rempart, de mur porteur, lui il pouvait tout endurer, tout entendre, ce que cet homme lui offrait par-dessus tout, c'était son écoute, il l'écoutait sans la juger, il la devinait, d'ailleurs ça l'intriguait qu'il n'attende rien d'elle, il paraissait être là pour l'aider bien plus que pour l'aimer, mais était-ce possible qu'un amour soit essentiellement dédié à cela, à aider l'autre , et aider l'autre est-ce déjà l'aimer, surtout lorsque ça ne marche que dans un seul sens, pourquoi il faisait ça?
Afficher en entierIl le sent bien, où qu'on aille on est d'ailleurs, et c'est sans fin qu'on n'est d'ici.
Afficher en entierL'automne n'en finissait pas de se durcir, elle lui faisait mal cette pluie qui enfermait les corps, interdisant toute aisance, cette pluie qui plonge Paris dans des bouchons insolubles et complique tout.
Afficher en entierDans le métro bondé, elle se dit qu’elle devait absolument parler à Fabian, et qu’elle devait le faire maintenant. Elle laissa sonner, deux fois de suite, au troisième appel elle bascula directement sur sa messagerie. Laisser un message, ç’aurait été lui donner un coup d’avance, or elle voulait le surprendre, lui parler de but en blanc de ce bout de papier étrange, pour voir sa réaction. Ce qu’elle voyait, c’est que de toute évidence il n’y aurait plus jamais l’euphorie des débuts, les nuits blanches les veilles de défilés, des nuits entières à bosser, mais dans l’allégresse et la musique. Ce qui l’affolait, c’était de songer à l’énergie qu’elle aurait mise pour créer une marque qui porte son nom, aujourd’hui elle n’aurait plus la force de refaire tout le parcours, pour monter une boîte en France il fallait être soit fou, soit particulièrement bien entouré.
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