Ajouter un extrait
Liste des extraits
Parfois je rêve que je reviens à la fiction, je me roule dedans, j'invente, j'élucubre, j'imagine, j'opte pour le plus romanesque, le moins vraisemblable. J'ajoute quelques péripéties, m'offre des digressions, je suis mes chemins de traverse, je m'affranchis du passé et de son impossible vérité.
Parfois je rêve au livre que j'écrirai après, délivrée de celui-ci.
Afficher en entierAujourd'hui Lisbeth et Barthélémy ont choisi de garder le meilleur, le plus fantasque, le plus lumineux. Ils ont jeté le reste. Ils ont peut-être raison.
Afficher en entier"Je sais bien que ça va vous faire de la peine mais c'est inéluctable à plus ou moins de temps et je préfère mourir vivante."
Afficher en entierUn jour Lucile partirait, elle quitterait le bruit, l'agitation, le mouvement. Ce jour-là, elle serait une et une seule, distincte des autres, ne ferait plus partie d'un ensemble. Elle se demandait souvent à quoi ressemblerait le monde, ce jour-là, s'il serait plus violent, ou au contraire, plus clément.
Afficher en entierElle a peur et elle a confiance. la vie se chargera de trancher.
P. 207
Afficher en entierIl avait épousé une femme dont la principale volonté était de mettre des enfants au monde et d’élever des enfants. Beaucoup d’enfants. Il n’était pas de ceux qui pinaillent, qui tergiversent, qui mégotent. Les petits-bras, les mesquins, les frileux. Il n’avait pas assez d’argent, et alors ? Il en trouverait. Il n’avait pas assez de place ? Et bien, il pousserait les murs et fabriquerait des lits en forme de placards. La vie n’avait qu’à se plier à ses désirs ; ses désirs étaient immenses. L’espace était rempli de bruit, de cris, de disputes. Il avait besoin de ce nombre, de ce foisonnement.
Afficher en entierLucie nous a laissé ce doute en héritage, et le doute est un poison.
P. 297
Afficher en entierAlors Lucile, qui avait lu Maurice Blanchot et Georges Bataille, Lucile dont le sourire était si rare, souriait de toutes ses dents, se marrait même, et me déchirait le coeur.
Dans une colère aveugle, je rêvais de les piétiner et de les transpercer de coups de poings, je les haïssais tous, car alors me venait à l'idée qu'ils étaient coupables de ce qu'elle était devenue, et qu'ils riaient à gorge déployée.
Afficher en entierJe ne suis pas sûre que l'écriture me permette d'aller au-delà du constat d'échec. La difficulté que j'éprouve à raconter Lucile n'est pas si éloignée du désarroi que nous éprouvions, enfants ou adolescentes, lorsqu'elle disparaissait.
Je suis dans la même position d'attente, j'ignore où elle est, ce qu'elle fabrique, cette fois encore ces heures échappent au récit et je ne peux que mesurer l'étendue de l'énigme.
Afficher en entierPeu de temps après la mort de son frère, à l'aide d'un rouge à lèvres couleur sang, Lucile avait écrit sur le miroir de notre salle de bains : "Je vais craquer." Face à ce miroir, nous nous coiffions chaque matin, Manon et moi, cette menace tatouée sur le visage.
Afficher en entier