Extraits

Nul ne pouvait croire que l'on prenait les juifs comme ça, pour des prunes. On craignait que ce ne fût un test de vigilance, que l'on arrêtât les juifs pour demander ensuite des comptes à ceux qui ne les avaient pas soutenus.

La rétine décollée ne changea rien pour Oméliachko, si ce n'est sa vie même. Désormais, plus de mouvements brusques. Et foutre sur la gueule, qu'est-ce que c'est sinon un mouvement brusque ? Pleurant presque de haine contre ces salopards, Oméliakvo tendait les muscles du cou, ménageait sa rétine malade. Il tenait à sa santé.

Tolik n'a plus de dents : les siennes sont tombées, et les fausses, en or, il les a vendues. Tolik n'a pas de nez : la vérole a dit son avant-dernier mot. Mais il a un couteau derrière le revers de sa botte. Il peut faire terriblement peur à un bouseux qui débarque de sa campagne, abruti par l'insupportable progrès de l'agriculture.

La jeune fille refusa d'abord, puis elle laissa partir le coup. Vovka s'envola. Tout léger, il planait en diagonale vers une touffe de fibres translucides et phosphorescentes qui étaient tendresse et amour : elle s'emmêlaient, se transformaient en dentelle jamais vue, semblable à des décorations de Noël, qui se déposait sur ses épaules. Il regarda en bas et vit son propre corps étendu sur le sol.