Extraits

La lutte d'un homme contre lui-même, à deux âges différents de sa vie. Chacun étant prêt à se battre jusqu'au bout : l'un pour sauver sa femme, l'autre pour ne pas perdre sa fille.

Assommé et groggy, Matt regagna la marina en traînant la jambe. Dans son esprit tout se mélangeait. A présent, il n'était plus sûr de rien. Avait-il rêvé son voyage dans le temps? Avait-il réussi à sauver Elliott?

Lorsque Matt arriva sur la marina, il tambourina comme un fou contre la porte d'entrée de son ami.

-Ouvre, Elliott! Ouvre cette putain de porte!

Mais la maison était vide.

Si le temps n'avait pas effacé leur amitié, sans doute que leur amitié ne pouvait pas non plus effacer le temps.

Epuisé et détruit moralement, Matt s'écroula en larmes sur le rebord du trottoir. Il resta ainsi prostré jusqu'à ce qu'un taxi tourne à l'angle de Fillmore pour s'arrêter devant lui.

Illéna sortit de la voiture, pleine d'espoir, mais Matt lui adressa un signe négatif de la tête indiquant qu'il avait échoué.

Il n'avait pas tenu parole, il n'avait pas été capable de ramener Elliott.

Mais n'y a-t-il pas toujours un détail qui nous échappe chez celui qu'on aime ? Et n'est-ce pas cette part d'inconnu qui fait perdurer l'amour ?

Elle est au bord du gouffre, prisonnière d'une souffrance intolérable qu'elle ne soupçonnait même pas. Tout le monde la croit forte, solide et bien dans sa tête, mais cette image, c'est juste pour donner le change.

"Si jeunesse savait...

Si vieillesse pouvait..."

"il était arrivé à une période de se vie où à force de ne plus croire en rien, il était prêt à croire en tout."

Que devait-il lui répondre ? Q'une partie de lui était déjà morte et que l'autre allait survivre ? Qu'on prétend que l'amour n'a pas d'âge, mais que c'est une connerie ...

Pourquoi tu voudrais que je m'inquiète, Elliott ? Tu me dis qu'un autre toi-même est venu du futur pour faire gentiment la causette avec toi. C'est tout à fait normal, non ?

- Je parie que je te manque déjà...

Surpris par cette voix familière, Elliott se retourne dans un sursaut.

Celle qui lui fait face lui lance un regard d'émeraude, mélange de défi et de fragilité. Elle porte un jean taille basse, une veste cintrée en daim ornée de l'insigne peace and love et un tee-shirt aux couleurs du Brésil, son pays d'origine.

- C'était quand, déjà, la dernière fois que je t'ai embrassée ? demande-t-il en posant la main à la naissance de son cou.

- Au moins une bonne minute.

- Une éternité...

" Elle était d'une nature pudique et les mots d'amour n'étaient pas son fort. Mais quand on aime, pas besoin de faire de discours : on le sait, on le sent, c'est tout. Et puis, quand une femme demande à un homme d'être le père de ses enfants, c'est assez clair, non?

Et c'est justement parce qu'elle l'aimait qu'elle voulait avoir un bébé avec lui. Elle ne faisait pas partie de ces femmes en mal de grossesse qui voulaient un enfant coûte que coûte, uniquement pour elles-mêmes. Elle avait envie d'en faire un avec Elliott, comme un prolongement de leur histoire d'amour. "