Extrait

Charlie s’arrêta au bout du parking. Un champ de neige s’étendait au loin, et le bourdonnement de l’autoroute derrière nous était le seul bruit dans la nuit. Charlie s’entoura de ses bras, faisant face au terrain.

— Nous n’y arriverons pas. Je ne serai pas là le matin de Noël. Elle devra ouvrir ses cadeaux sans moi. Je lui ai promis, mais je ne serai pas là.

Sa voix était vide et atone.

— Ils peuvent se tromper. Nous pourrions…

— Ils n’ont pas tort, dit-il d’un ton étrangement calme. Tu as vu les prévisions à la télé. Nous ne pourrions jamais aller assez vite, même si nous ne faisions que conduire.

Il avait raison… retourner à Norwalk dans la tempête qui allait venir était bien impossible.

— Je suis désolé. Mais Ava ira bien. C’était juste un rêve, Charlie. Elle va bien. Tu as fait tout ce que tu as pu.

— Ouais. C’est juste que…

Il se racla la gorge.

— C’est vrai. Tu as raison. Je suppose que tu seras retardé aussi pour le Vermont. Est-ce que Candace est en colère ?

— Le Vermont n’a plus d’importance.

Je réduisis la distance entre nous et me tins derrière lui. Après une profonde inspiration, je posai mes mains sur ses épaules.

— Je suis tellement désolé à propos de Noël.

Il baissa la tête, et je voulus presser mes lèvres sur sa nuque.

— S’il te plaît, ne fais pas ça.

Je fronçai les sourcils.

— Qu’ai-je fait ?

S’éloignant de mon contact, Charlie trébucha de quelques pas vers le bord d’un banc recouvert de glace dure que le déneigement avait créé.

— Ça ! s’exclama-t-il en me pointant du doigt. Ne sois pas gentil ! Cela rend les choses tellement difficiles !

— Tu voudrais que je sois un connard ?

Apparemment, je n’avais rien compris.

— Oui !

Son souffle sortit en nuages blancs, sa voix augmentant de volume.

— Parce que, sinon, j’ai tellement envie de t’embrasser, c’est comme si mon estomac se nouait… comme si j’allais vomir, j’ai des sueurs et je tremble. Et je sais que tu ne veux pas que je t’embrasse, alors arrête. S’il te plaît.

Il passa sa main sur son visage avant de la serrer en poing à son côté, fermant les yeux.

— S’il te plaît, laisse-moi seul.

Mon souffle était haletant et il se coinça dans ma gorge alors que j’avançais vers lui et prenais ses joues dans mes mains.

— Qui a dit que je ne veux pas que tu m’embrasses ?

Ses yeux s’ouvrirent brusquement, et je me penchai et écrasai nos lèvres les unes sur les autres, avant que de perdre mon courage.