Extraits

Tous les départs se ressemblent.

Il y a toujours ce moment où les informations arrivent. On me propose telle ou telle destination, je tente de me projeter, d’évaluer la durée du séjour et les opportunités qui seront les miennes. Et puis, comme je ne décide pas de grand-chose, je finis par hocher la tête en guise d’accord. Et avant même que je n’ai pu ajouter un mot, ils sont déjà repartis.

Puis, il y a la préparation avant ce périple de fou. Cette fois-ci, c’était plus rude parce que la tournée serait plus longue. J’ai donc dû faire de la muscu, de la méditation parce que c’est le nouveau truc à la mode et surtout, je me suis mis au vert. Parce que même si on se prépare le plus possible, les tournées, c’est toujours des excès en tous genres et c’est ça le plus fatigant.

Et enfin, arrive le moment de faire ses bagages, et ça, c’est toujours le passage que j’aime le moins. L’instant entre le confort du quotidien et la folie de mon métier. Celui où quoi qu’il arrive, j’ai toujours l’impression de faire le mauvais choix. Je regarde ma valise, je regarde mon placard et je ne sais jamais si je dois prendre le minimum ou le maximum.

Je me retrouve face à l’homme avec lequel je vais devoir annoncer un prix ce soir. Il me sourit, il a l’air détendu. Le contraire de moi. Être debout devant lui est très étrange pour moi. Je ne le connais absolument pas et pourtant, je ressens le contraire d’une certaine façon. Les personnalités publiques font un peu partie de nos vies mais quand on se retrouve face à face, tout disparaît et il n’y a rien. Ce n’est pas parce qu’on aime un acteur ou un musicien qu’on le connaît. Même après l’avoir vu en interview ou en concert, l’homme face à moi est très différent de ce que j’imaginais. D’abord il est bien plus grand que je ne le pensais. Ses cheveux sont plus bruns, et ses yeux plus foncés. Ou alors il a mis du gel, je ne sais pas. En tout cas, il n’a pas fermé les boutons de sa chemise et ça me fait tout drôle. Je le trouve élégant et je rougis à la simple idée qu’il doit se dire exactement le contraire. Je suis en jean, sweat à capuche et basket, alors qu’il porte un pantalon de smoking. Et puis je ne suis pas venue à bout de mes deux kilos superflus alors qu’il arbore des tablettes de chocolat en acier trempé. Non, je n’ai vraiment pas eu de chance de tomber sur lui comme cavalier. Comment ne pas sembler insipide à côté d’un engin pareil ?

Il faut que je garde le contrôle et que je résiste. Je ne suis là que dans un seul but, faire parler de moi, susciter de l’intérêt pour les plus grands de ce monde et ainsi monter une marche de plus dans la pyramide du pouvoir.

Alors pourquoi suis-je encore en train de mater ses lèvres comme si c’était une boule de glace de mon parfum préféré ? Et pourquoi j’ai la sensation que son regard en coin, c’est le topping de trop qui va me faire oublier mon régime et foncer droit dans le mur ?