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Ces affamés là auraient pu congestionner oui, quand Solibo fit suer en poêle les morceaux de requin, puis qu'il les versa dans le fait-tout d'épices dorées! Imaginez (Oui, on imagine, Sidonise, on imagine!) le requin qui tombe dans l'huile chaude, qui se saisit et se parfume dans le roussi ! Oh la la la la, je m'étais mise moi-même à piéter comme les autres voraces, avec la même bave, les mêmes yeux en dérive. Solibo levait son petit doigt en prenant tout son petit temps: Vinaigre siouplaît, et trois clous de girofle merci beaucoup,un jus de citron ni trop jeune ni trop vieux siouplaît...
Afficher en entierBouafesse a levé un sourcil et bat des paupières: il n'apprécie plus. Le numéro de Diab-Anba-Feuilles manque légèrement de dignité officielle. Le coup du saignement, c'est des manières de gros nègres, pas celles d'un agent de force publique, Diab, calme-toi souplé, tu es en service là, pas dans tes vagabonnageries!... - Chef, ne rentre pas dans ça ! crisse le Méchant, j'ai saigné pour elle maintenant..., et il abat sur Doudou-Ménar qui ne voit rien venir le plus redoutable coup de boutou des annales policières - je pleure sur ça.
Afficher en entier(Sans vouloir vous ennuyer, juste un mot: le travail des morts s'est perdu. On les transporte comme des sacs de guano dans des cercueils capitonnés prévus pour les pays d'hiver. Or, il faut dénouer respectueusement les fils qu'ils gardent sur la vie. Sans pleurer la tradition, rappelons -nous: quatre épaules, une heure de soleil levant, une démarche dans la descente, un rythme dans la montée, une balance de reins au-dessus des ravines, une tracée qui tourne et détourne, qui recule parfois dans un paysage réinventé. À travers le drap, le mort percevait la douleur des amis, il sentait battre leur cœur, et il buvait leur sueur.)
Afficher en entierUn étrange sourire transfigure sa souffrance, son regard bouge au gré d'un envol d'images intérieures. Il y a là un souvenir rôdeur, de ceux que la mort draine en marée dans la tête, dans le coeur, dans les rêves. Oh, comme la vie se dissimule !, n'accorde que peu d'elle-même, laissant aux saisons de la mort l'essence de ses tiges, le parfum mal perçu de ses fleurs.
Afficher en entierFace aux policiers un peu interloqués, Pipi répondait aux questions en une parole ininterrompue, aux résonances visiblement intérieures. Noon, Solibo n’avait pas d’ennemis […]. Puis, se penchant vers Pilon, il dit : Sans vouloir te conseiller (tu es une maître-pièce de la policerie, et je le sais), chercher qui a tué Solibo n’appelle aucune vérité.
Afficher en entierLe « Syrien », un bâtard libanais du nom de Zozor Alcide-Victor, se montra plus à l’aise et tint à parler de Solibo d’une manière générale […] Il n’était pas du genre à se mêler des affaires des autres, mais quand on lui présentait un mal de vivre, même un rien de chagrin, il répondait présent. Son équilibre interne le plaçait d’emblée dans un ailleurs. Je m’intéresse aux arts martiaux depuis des lustres. Sans être ce que l’on pourrait appeler un maître, j’ai atteint dans ce domaine un certain niveau .
Afficher en entierCeux qui en parlaient le plus volontiers, ou le plus longtemps, n’en détenaient pas une vision globale. Solibo était semblable à un reflet de vitrine, une sculpture à facettes dont aucun angle n’autorisait une perspective d’ensemble.
Afficher en entierOh, Oiseau, tu veux l'Indépendance, mais tu en portes l'idée comme on porte des menottes. D'abord : sois libre face à l'idée. Ensuite : dresse le compte de ce qui dans ta tête et dans ton ventre t'enchaîne. C'est d'abord là, ton combat...
Afficher en entierÀ terre dans Fort-de-France, il était devenu un Maître de la parole incontestable, non par décret de quelque autorité folklorique ou d'action culturelle (seuls lieux où l'on célèbre encore l'oral) mais par son goût du mot, du discours sans virgule. Il parlait, voilà. Sur le marché aux poissons où il connaissait tout le monde, il parlait à chaque pas, il parlait à chacun, à chaque panier et sur chaque poisson. S'il y rencontrait une commère folle à la langue, disponible et inutile, manman! quelle rafale de bla-bla..
Afficher en entierDes nègres à gueule douce commençaient à rôder : Bien le bonjour Man Sidonise, et la santé ?…, et snif-snif par-ci, et snif-snif par-là…, Alors Madââme Sidonise, ça fait tellement longtemps que je ne t’ai pas vue, tu vas bien ?… […] je les regardais de côté : Eh bien un tel, tu as rêvé de moi aujourd’hui, alors ? !
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