Extraits

Ce qui m'amène à ce que j'aime dans ce livre, ai-je enchaîné en m'approchant de mes rosiers miniatures. J'ai apprécié que, lorsque Rochester et Jane se séparent, il coure à la fenêtre et l'appelle. Elle l'entend, elle lui répond même. Voilà ce que devrait être le grand amour : l'autre est une part de vous, de votre âme, et vous savez ce qu'il ou elle ressent tout le temps

J'ai sauté sur le type au moment où il essayait de se carapater. Mes jambes de bête étaient cependant plus rapides et plus fortes que les siennes. Mes griffes ont plongé dans la chair molle de sa cuisse. Il a poussé un cri.

- Lâchez-moi ! J'ai un flingue ! Je vais tirer !

- Vas-y !

J'ignorais si j'étais vulnérable aux balles, mais la colère qui faisait battre mon sang dans mes veines (...)

-Ta jeune vie a été marquée au sceau de la cruauté. Toutefois, dans les heures qui ont précédé ta mutation, tu as eu un geste, un tout petit geste empreint de gentillesse. Pour ça, je t'accorde une seconde chance. À cause de la rose.

« Un monstre. »

– Cette gothique était super zarbi, ai-je confié à Trey tandis que nous nous changions pour la gym.

– Elle t’a méchamment fait flipper, hein ?

– Après dix années à contempler ta sale gueule, plus rien ne me fait flipper.

– Ben tiens ! C’est sûrement pour ça que tu n’arrêtes pas de l’incendier depuis la fin du cours ?

– C’est faux !

Mais il avait raison. Lorsque cette cinglée avait dit, en m’adressant un ultime coup d’œil dédaigneux, que j’avais intérêt à espérer ne jamais devenir laid, j’avais eu le sentiment qu’elle lisait en moi, qu’elle déchiffrait mes secrets – par exemple, que j’avais pleuré quand ma mère nous avait quittés parce que je pensais ne plus jamais la revoir (ce qui s’est peu ou prou produit d’ailleurs). Sauf que c’était idiot. Cette nana ne connaissait rien de moi.

– Puisque tu le dis, a marmonné Trey.

– Bon, d’accord, ai-je concédé, elle m’a flanqué les jetons. Les débiles dans son genre ne devraient pas exister.

– Ni fréquenter ce bahut avec des élèves soi-disant triés sur le volet et nous pourrir la vie.

– Exact. Il faudrait la virer.

Je croyais sincèrement à mes paroles. J’avais beau afficher une indifférence de façade vis-à-vis de mon élection au titre de prince, elle comptait beaucoup à mes yeux, en réalité. Ma journée aurait dû être chouette, et voilà que cette sorcière me l’avait gâchée. Oui, je pensais à elle comme à une sorcière. D’ordinaire, j’aurais plutôt recouru au mot de six lettres commençant par s pour la qualifier. Mais quelque chose chez elle, la façon dont elle m’avait fixé de ses prunelles effrayantes et d’un vert que je n’avais jamais vu, m’incitait à la traiter de sorcière. Ça la résumait très bien.

Quelques instants plus tard, je l’ai recroisée. Nous courions sur la piste du gymnase, pas elle. Au lieu d’un survêtement, elle arborait toujours ses fringues noires informes. Elle était assise sur un gradin, juste au-dessous d’un Velux. Le ciel était sombre, il n’allait pas tarder à pleuvoir.

– Cette bêcheuse mériterait une bonne leçon, ai-je maugréé.

J’ai repensé à ses mots : « Laid, tu l’es déjà, à l’intérieur, là où c’est le plus important... Tu es un monstre. » Quelles conneries !

– Elle est comme tout le monde, en fait. Si elle avait une chance de fréquenter notre cercle, elle n’hésiterait pas une seconde.

Aussitôt, j’ai compris ce que j’allais faire.

-Tu es très intéressante aussi.

-Tu veux dire bizarre ?

-"Bizarre" n'est pas forcément négatif,non?

-C'est vrai.

La beauté extérieure- et là, elle m'a carrément fixé-, cheveux blonds et yeux bleus, est facile à voir. En revanche, le courage, la force, l'intelligence sont des valeurs moins aisées à détecter.

Tu es un monstre, Kyle Kingsbury.

J'étais un monstre.

Le miroir me renvoyait le reflet d'une créature hybride ni tout à fait loup, ours, gorille ou chien, sort de mutant atroce et bestial marchant debout comme un humain, sans en être un cependant ma bouche dénuée de lèvres laissait voir des crocs, des griffes me tenaient lieu d'ongles, et des poils me poussaient partout.

EXTRAIT 1: -Tout le monde a besoin d'un peu de beauté, a-t-il répondu en secouant la tête.

-Que savez-vous de la beauté? Vous n'êtes même pas capable de distinguer ma monstruosité!

-Je n'ai pas toujours été aveugle.Ma grand-mère avait une roseraie et,petit,elle m'a appris à m'en occuper. 'Une rose peut modifier l'existence',avait-elle coutume de dire.

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EXTRAIT 2: Et pourtant,j'aurais refusé de redevenir celui que j'avais été,avec tout ce que ça comportait,même si j'en avais eu la possibilité,car j'aurais alors vécu comme mon père,qui n'avait rien dans l'existence,si ce n'est de l'argent et un physique avantageux; j'aurais été malheureux sans jamais comprendre pourquoi.Sans la transformation, je ne me serais pas rendu compte de ce que je manquais.Désormais,je le savais.Quand bien même je serais obligé de rester monstrueux jusqu'à la fin de mes jours,ce serait préférable à ma vie d'avant.

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- Pour contrer ta perfection. Dont je suis si loin. Les garçons très beaux ne sortent pas avec les filles banales. Adrian m'aimait peut-être, mais Kyle Kingsbury acceptera-t-il de me garder alors qu'il pourrait trouver mieux?

La prenant dans mes bras, je l'ai serrée très fort.

- Mieux? Lindy, tu m'as aimé alors que je n'étais même pas humain. Tu m'as embrassé alors que je n'avais pas de lèvres. Tu as eu accès à ce qu'il y avait de plus profond en moi. Fais-moi confiance, je ne trouverai jamais une fille mieux que toi. A mes yeux, tu es la perfection incarnée.