Ajouter un extrait
Liste des extraits
-Pourquoi tu traites tout le monde comme des tas de marde?
-J'hais les humains, Jonathan, comment est-ce que je pourrais les traiter autrement?
Afficher en entier-As-tu fait du sport aujourd'hui?
-Ben en masse,
-Paraît pas, il dit.
-Je suis grosse?
-Non. T'es fucking désagréable.
Afficher en entierDire que j'ai déjà été capable de pleurer au cinéma. Au théâtre. En lisant. L'art m'ennuie comme les humains ennuient les psychiatres. À trop regarder les arbres, on voit plus la forêt.
Afficher en entier-C'est plate pour elle.
-Surtout plate pour moi. Elle a pris du cul, en plus. C'est épouvantable.
Robert charrie, sur ce point. Ariane a une très belle silhouette. Mais bon, puisque ça lui fait plaisir, j'abonde dans son sens.
-Ouais, j'ai remarqué.
-C'est épouvantable. Prend jamais du cul de même.
-C'est pas dans mes plans.
-C'est épouvantable. Les filles, ça prend tellement de cul.
-Pas toutes les filles.
-Beaucoup de filles. Ça finit l'école, c'est tout menu, pis après ça en travaillant ça arrête de bouger, ça boit trop, ça mange trop, pis ça vient le cul large comme une bus. C'est pour ça que j'ai pas beaucoup de filles dans l'agence.
-Tu vas me mettre dehors si je finis par avoir un gros cul?
-On traversera le pont quand on sera rendu à la rivière.
Faut pas se demander, après ça, pourquoi j'obsède sur mon poids.
Afficher en entierJe comprends les pauvres de mépriser les riches. Je serais la première à être terriblement amère si je travaillais au salaire minimum.
Afficher en entierDire que le petit chinois qui fabrique ce savon est probablement payé deux dollars et un bol de riz par jour. La vie est injuste mais j'en sors gagnante, je ne tenterai certainement pas de bousculer l'ordre établi.
Afficher en entierLe vieux qui était assis à côté de nous sort du bar en maugréant. Dos arqué. Moustache jaunie par la clope. Il sent le compost et le feu de foyer.
-Fait chier, il dit. Toujours les mêmes qui ont tout.
Presque tout, oui. Presque. Mais toi, le vieux, toi, tu as toujours la capacité de t'émerveiller devant deux cents dollars, alors que nous, vraiment, deux cents dollars de plus ou de moins, on s'en torche un peu. Si tu goûtais à notre victoire de ce soir, elle te serait mille fois plus douce.
-Regardez, je dis.
Je sors un vingt dollars de ma poche et le passe sur la flamme de mon briquet. Je vois le visage du vieux se décomposer, passer d'abord à l'incrédulité, puis au dégoût et au désespoir, alors que le polymère du billet lisse et tendu se rabougrit en une petite boulette fumante que je jette dans une grille d'égout, au son de Félix-Antoine qui s'étouffe de rire avec sa cigarette.
-Pourquoi vous faites ça? le vieux demande, presque en pleurs.
-Si seulement on savait, je réponds.
Afficher en entierIl est physiologiquement impossible pour un être humain honnête d'apprécier la course à pied. Je suis sortie jogger uniquement parce que Félix-Antoine m'a ordonné de le faire, mais je dois me rendre à l'évidence : courir fait chier, courir est absurde, courir n'a de sens que dans les marathons, ces courses-spectacles où les gens sont là pour nous regarder, et alors là il faut leur sourire, et c'est encore pire. J'ai pitié des hamsters niais qui galopent sans cesse dans leur roue et j'offre déjà trop de sourires faux au monde.
Afficher en entier