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- Veux-tu troquer ce collier contre un coup d’œil sur ton avenir ?
Jyn reconnut la voix du pèlerin. Elle fronça les sourcils et avança pour essayer de localiser la source.
- Oui, c'est à toi que je parle.
Sans la sobriété monocorde du refrain, la voix semblait presque amusée.
Jyn trouva enfin le pèlerin assis sur le sol, à quelques pas de l'alignement d’échoppes. Il était vêtu d'un simple chemise foncée et d'une tunique couleur charbon dans le style local. Ses yeux laiteux étaient perdus dans le vide et un solide bâton en bois était posé à côté de lui dans la poussière.
Afficher en entierGalen Erso était un piètre fermier. Ce n’était pas son seul défaut, mais c’est grâce à lui qu’il était encore en vie.
Un autre homme plus doué – un autre Galen, un Galen qui aurait été capable de déterminer quelles semences sortiraient du sol si elles étaient plantées sur une planète étrangère ou qui aurait été capable de vérifier si un arbre flétri était pourri ou non sans arracher son écorce – aurait fini par s’ennuyer. Son cerveau, désœuvré dans les champs, se serait rabattu sur les sujets auxquels il avait renoncé, sur les recherches qui l’avaient poussé à l’exil. Il aurait plongé dans le cœur des étoiles, il aurait formulé des théorèmes à la portée cosmique. Il aurait fini par attirer l’attention. Ses obsessions l’auraient condamné à une mort certaine.
Heureusement, celui qui s’improvise fermier sans en avoir les compétences n’a pas une minute de répit. Par conséquent, le vrai Galen, celui qui habitait la réalité et pas un monde imaginaire où il se tournait les pouces, n’avait aucun mal à occuper ses journées sur Lah’mu, sans céder à la tentation de réfléchir. Il prélevait sur des rochers des échantillons de bactéries laissées par des volcans préhistoriques et admirait les mousses, les mauvaises herbes et le gazon persistant qui semblaient s’épanouir sur les surfaces les plus variées. Il contemplait les collines infinies de son domaine, ravi de ne pas encore avoir maîtrisé sa nouvelle profession.
Il ordonnait ses pensées comme une équation, tout en regardant par la fenêtre, par-delà les rangées de maïs céleste bourgeonnant, le sable noir de la plage. Une petite fille jouait près des plantations ; elle faisait vivre à sa figurine de soldat de merveilleuses aventures dans la terre fraîchement retournée.
— Elle creuse encore ? Je te jure que ce n’est pas moi qui lui ai appris ce qu’est une mine à ciel ouvert, mais nous allons mourir de faim l’année prochaine si elle continue comme ça !
Ces paroles tirèrent lentement Galen de ses pensées. Quand il comprit leur signification, il sourit en hochant la tête.
— Les droïdes agricoles répareront les dégâts, laisse-la faire.
— Oh, je n’avais pas l’intention d’intervenir. Je te la confie.
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