Extraits

- Ah non ? répliqua Griffin en scrutant le visage de Finley. Tu dois pourtant te douter qu’il a des sentiments pour toi.

Finley rougit.

- Nous sommes amis, c’est tout.

Griffin se mit à caresser un bouton de rose, un sourire douloureux aux lèvres.

- Dans ce cas, il s’agirait peut-être d’informer M. Dandy de cette petite nuance.

- Tu penses que j’ai pu lui laisser croire le contraire ?

Cette fois, il eut un rire amer.

- Finley : tu as passé la nuit chez lui. Comment pourrais-tu lui reprocher d’imaginer des choses ?

Elle se ficha les poings sur les hanches et le fusilla du regard.

- Et je vis chez toi. Alors, quel genre de choses as-tu imaginé, monsieur Ton Excellence ?

Oups ! Il aurait mieux fait de rester dans sa chambre, finalement…

- Rien du tout, répondit-il maladroitement. En ce qui te concerne, j’ai bien compris qu’il ne fallait s’attendre à rien.

Ce n’est pas exactement comme ça qu’il aurait voulu le formuler…

- Ce qui est censé signifier quoi ?

Griffin haussa les épaules ; c’était un combat perdu d’avance.

- Rien du tout, Finley. Ça ne signifie rien. Je suis désolé de t’avoir dérangée. Bonne nuit.

source site "dans notre petite bulle"

- J'ai bien l'impression que vous n'avez pas envie de parler du tout, fit-elle sèchement.

Dalton eut un petit rire et, l'espace d'un instant, ses traits prirent une beauté encore plus remarquable qu'à l'accoutumée. Il était si beau que le regarder était presque douloureux - les anges du ciel auraient détourné les yeux de son visage...

- Non, admit-il doucement. Parler ne m'intéresse pas en ce moment.

Elle s'était attendue à ce baiser - elle le redoutait presque. Et ce fut... agréable. Un baiser, et rien d'autre.

Oh ! bien sûr, elle ressentit un petit coup au cœur quand leurs lèvres se touchèrent, mais cela n'alla pas plus loin. Elle n'eut pas l'impression d'être frappée par la foudre, ne fut pas saisie d'une irrépressible envie de s'accrocher à lui pour ne jamais le laisser partir. Et aucun papillon dans son ventre...

Griffin n'avait qu'à la regarder d'une certaine façon pour qu'elle chavire.

C'était un très mauvais moment pour comprendre qu'elle était amoureuse - pendant qu'elle était en train d'embrasser un autre garçon.

Folle de joie, Emily sauta du lit et s'élança en direction de son amie, la bombardant de questions :

- C'est vrai que tu as frappé Griffin ? Comment va Jasper ? As-tu découvert ce que manigance Dalton ?

Finley dut battre en retraite devant l'enthousiasme de leur amie. Du coin de l'œil, elle lança un regard interrogateur à Sam.

- Tu l'as encore laissée boire du café ?

- Comment était la conférence ? demanda-t-il après avoir refermé la porte derrière lui.

- Brillante ! répondit Emily avec enthousiasme, levant la tête de ses cartes.

Ses yeux étincelaient.

- Griffin, M. Tesla est un véritable génie.

- Si c'est vraiment le cas, pourquoi il n'utilise pas des mots que tout le monde peut comprendre ? maugréa Sam.

Emily lui lança un regard amusé.

- C'est vrai, il y en a qui se sont endormis en plein milieu de l'exposé...

Plus grave, si elle avait participé aux combats de la veille, c'était en parte pour irriter Griffin. Pour lui prouver qu'elle en était capable. Et pourquoi ? Juste parce qu'il la mettait en colère.

Et qu'il la rendait heureuse.

Et nerveuse.

Tout ça à la fois.

Finley le fia un instant, bouche bée.

- Griffin...

Il la coupa brutalement.

- Et moi, j'ai dû rester assis toute la soirée pendant que tu recevais raclée sur raclée, sans pouvoir rien faire, même pas montrer mes émotions. Je ne pouvais pas crier de joie quand tu gagnais ni gémir de terreur quand tu prenais des coups. Je ne pouvais rien faire !

Et, bon sang, il détestait se sentir impuissant.

- Un bouquet de roses, ça me paraît suffisamment romantique, répliqua Emily, admirative, tout en humant le parfum des fleurs.

- Si Jack Dandy avait voulu me faire la cour, il m'aurait envoyé un bouquet qui me complimente vraiment, un arrangement qui soit conçu en fonction de ma personnalité. Ces roses ne servent qu'à dire "bonjour".

Emily poussa un soupir.

- J'aimerai bien qu'on me dise "bonjour" de cette façon...

Finley se dirigea vers la commode, et choisit la plus belle rose du vase, qu'elle tendit à son amie.

- Bonjour, Em.

Allez, Dandy, essaie de faire mieux que ça, murmura-t-il intérieurement. Il le savait : voir ce criminel comme un rival était stupide, mais Dandy plaisait au côté sombre de Finley. Peu importe que les deux faces de sa personnalité aient pratiquement réussi à fusionner ; un aspect menaçait toujours de prendre le pas sur l’autre. Et sa part ténébreuse en pinçait pour Jack Dandy, il le savait. Griffin n’avait jamais été partisan de la violence physique, mais savoir que Finley pouvait trouver ce type attirant… Cela lui donnait l’envie de frapper sur quelqu’un. Et plus précisément sur Dandy. En pleine figure, même.

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Jasper s'assit à une table, et Finley l'imita. Une jeune femme leur apporta une bassine de faïence remplie d'eau ainsi que des linges pour s'essuyer le visage. Wildcat s'éclipsa un moment, pour ne revenir que quand Finley eut achevé de nettoyer le sang qui maculait les joues de Jasper.

- Si tu continues comme ça, le prévint-elle, narquoise, tu peux dire au revoir à ton joli minois, mon grand.

Il eut un demi-sourire - l'autre côté de sa bouche était fendu et il prenait grand soin de ne pas le bouger.

- Je me suis laissé dire que les femmes aimaient les hommes avec des cicatrices.

- Les femmes aiment les hommes avec des cerveaux, le coupa Wildcat avant de déposer devant lui une caisse poussiéreuse. Ce qui n'est pas ton cas, San Francisco.

La deuxième porte qu'ils ouvrirent était la bonne. Dalton lui lança un regard triomphant.

- Entrez vite, ordonna-t-il.

- Vous, vous savez parler aux femmes, minauda-t-elle avant de se glisser dans le bureau.