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Il resta un instant figé, immobile. Les yeux perdus dans l’encre virtuelle, le cerveau complètement déconnecté. Il fronça les sourcils. Une fille. Ils avaient eu une fille. Pas un garçon. Et il ne l’avait pas abandonnée. Non. Une déception furtive l’enveloppa, très vite suivie par un soulagement intense : il devait être uniquement le fils de Julien. Pas celui de Clara. Pas elle, qu’il avait si ardemment désirée voilà quelques jours de ça. Il avait l’impression d’être plus léger. Plus intègre. Mais ce sentiment fut vite remplacé par une saveur amère. Si Julien avait eu un fils, celui-ci résultait forcément d’une relation antérieure ou d’un adultère. Il ne croyait pas une seule seconde que Julien et Clara aient pu se séparer, tellement l’amour qui les liait était puissant. Dans son esprit, c’était clair : soit Julien l’avait abandonné, soit il ne savait rien de l’existence de son fils. Il ferma le dossier avec rage, ne voulant pas en savoir davantage. La tête entre les mains, il grogna de frustration. Il ne résoudrait pas cette énigme ce soir, mais peut-être qu’il pouvait en savoir un peu plus sur leur fille.
Afficher en entierTaddeuz fixa intensément la jeune fille. Se pouvait-il qu’elle soit sa mère ? Un frisson de dégoût le prit aux tripes, et il eut un mouvement de recul en pensant à tous les baisers qu’ils avaient échangés, à tous ces instants où il n’avait pensé qu’à une chose : l’avoir dans son lit, la posséder entièrement. La nausée le reprit de plus belle, et il vomit une nouvelle fois. Il s’accrocha au rebord du lavabo, s’efforçant de se vider l’esprit de ces souvenirs malsains. Peine perdue. La migraine, de plus en plus forte, lui écrasait le cerveau d’un poids énorme. Des souffrances si intenses qu’il dut se tenir le crâne à deux mains. Et il apparut d’un seul coup. Le premier flash. Celui de cette vie qu’il n’avait pas connue. Image furtive de cette réalité. Puis il fut suivi par un autre, et un autre, jusqu’à n’en plus finir. Et à chaque fois, la migraine devenait plus agressive, broyant ses neurones, brûlant ses synapses. Fiévreux, il ouvrit l’armoire à pharmacie sur le côté, cherchant tant bien que mal de l’aspirine, puis la découvrant enfin, il s’en saisit en urgence, envoyant balader les autres médicaments qui éclatèrent au sol. Il déboucha le flacon avec les dents, prit quatre comprimés dans sa paume et les ingurgita aussitôt, sans eau. Puis il s’écroula, se recroquevilla par terre, la tête entre les genoux. Il fallait que ça s’arrête, il n’y survivrait pas. Les souvenirs s’enchaînaient sans répit, l’assaillaient de toute part. Malheureusement, c’étaient à peu près les mêmes souvenirs que les siens véritables.
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