Extraits

Shelley hocha la tête, puis caressa encore la peau rugueuse des doigts de Tate.

— Je n’aurais jamais de Prince Charmant, dit-elle, d’une voix si triste que c’était insupportable.

— Parce que tu as des cicatrices ?

Elle leva les yeux, avec des prunelles aussi noires que de l’encre dans son petit visage pointu. Autour de sa tête, ses cheveux blonds platine flottaient comme un nuage.

— Oui.

— Ce n’est pas vrai. J’ai des cicatrices, et j’ai un Prince Charmant.

Elle éclata de rire.

— Tu ne peux pas avoir de Prince Charmant !

Elle ouvrit la bouche, scandalisée.

— Les garçons ne doivent pas avoir de Prince Charmant.

Tate fit un signe de tête, puis il commença un autre dessin. Un chaton, cette fois, parce qu’ils étaient très faciles à faire.

— Oui, dit-il tout doucement, mais les gens ne doivent pas nous donner de cicatrices, tu ne crois pas ? D’après moi, si les gens m’ont fait mal alors qu’ils ne devaient pas, alors j’ai le droit d’avoir un Prince Charmant, même si je ne dois pas. Qu’est-ce que tu en dis ?

- Tu sais, chuchota Tate, je ne suis pas certain qu'un mot existe pour décrire ce qu'il y a dans ma poitrine, en cet instant, quand je te regarde.

- Mais si, il existe, murmura Brian. Tu l'utilises aussi quand tu parles de Pearl Jam - mais alors il devient galvaudé.

À cette idée, Tate ressentait à la fois beaucoup de joie et de culpabilité. Retourner à l’école – le pied ! Pour devenir quoi ? Il l’ignorait encore.