Commentaire de Camarade_Luminescente

Que dire de cette lecture...

J'avais très envie de lire un ouvrage des éditions Magic Mirror, qui ont une ligne éditoriale très intéressante je trouve. Mon amour pour Peter Pan étant inconditionnel, de même que celui pour les grands méchants, je me suis dit que j'allais tenter l'aventure avec Tant que vole la poussière. Et sur le papier, tout portait à croire que j'allais apprécier ma lecture : Wendy, accro à l'opium, qui tente le voyage de la dernière chance en compagnie de son ancien ennemi, ça promet !

Quelle déception...

Prenons la forme pour commencer. J'ai lu ce livre en numérique. L'histoire est démesurément longue pour ce qu'il s'y passe. Le texte est truffé de paragraphes inutiles et inutilement lourds, qui n'apportent rien à l'histoire Spoiler(cliquez pour révéler)(décrire la nature environnante en plein combat, est-ce vraiment nécessaire... ?). A la fin, je sautais les paragraphes trois par trois pour arriver à suivre l'action correctement. Mais ce n'est pas le seul problème : le texte était truffé de fautes. Des verbes au pluriel pour des sujet au singulier, des fautes d'accord, des virgules là où il n'en fallait pas, et absentes là où il en fallait, des sujets séparés de leur phrase par des points, et le fameux "les quand dira t'on" qui est véritablement venu m'achever sur la fin de l'ouvrage... Et je ne m'attarderai pas sur les répétitions, beaucoup trop nombreuses, ainsi que sur les incohérences qui parsèment l'ouvrage.

A côté de ça, nous avons une intrigue plutôt chouette, bien pensée, un personnage de Peter Pan plutôt bien maîtrisé et un style agréable (si on oublie, comme dit, les longueurs trop présentes). Mais l'ouvrage faute avec ses personnages principaux. Spoiler(cliquez pour révéler)On nous agite sous le nez une Wendy brisée, accro à l'opium, bien sombre et torturée, mais nous nous retrouvons avec une jeune femme tantôt faible, tantôt forte, tantôt sombre, tantôt brillante, sans consistance - et puis, oublié son addiction à l'opium, apparemment elle s'en sort très bien sans, même après une consommation assidue qui a sans doute contribué à son internement au début du roman. De même pour le Capitaine Crochet (ou Hook, dans le roman, puisque tous les noms ont été conservés en anglais, sauf celui de Neverland qui, allez savoir pourquoi, a opté pour la traduction en français, à savoir le Pays de Jamais - je cherche encore la logique de continuité dans ce choix). On nous présente un tueur, un homme froid, taillé pour le combat et la vengeance ; à peine a-t-il embarqué avec Wendy qu'il devient doux comme un agneau, avec de vagues sursauts de colère incompréhensibles qui ne mènent à rien. On tente de nous vendre une sorte de changement, de rédemption, alors qu'on sait parfaitement où on va dès le deuxième chapitre de l'histoire, où Crochet et Wendy sont déjà soumis à une tension sexuelle des plus plates et évidentes. Je suis vraiment déçue : les promesses n'ont pas été tenues pour ma part.

En bref, une fanfiction plutôt agréable à lire, si on saute le gros quart de description quelque peu barbant et inutile, les personnages totalement clichés, loin de la tension promise, et la forme même du texte qui laisse sérieusement à désirer. A côté de ça, certains personnages sont intéressants et donnent du relief à l'histoire : Peter Pan est bien traité je trouve, de même que "Tiger Lily" et les Indiens de façon générale. J'ai également assez aimé le ton du conte, parfois pris par l'autrice, qui fait un rappel efficace de l'oeuvre originale. On ne peut nier, également, une immense culture à l'autrice, qui la sème au fil de son roman - j'ai beaucoup aimé ces petits détails. Je ne sais pas me prononcer sur la fin : je ne peux pas dire ne pas avoir apprécié, mais j'ai trouvé ça plat. Il manquait d'un élément final pour venir relever la barre de la succession de manquements, et je ne l'ai malheureusement pas trouvé.