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Pour la première fois de sa vie, Renée éprouva de la jalousie. Elle n’était pourtant pas d’un naturel possessif. La distance qu’elle mettait entre elle et le monde et la vie incertaine qu’elle menait ne s’accommodaient pas de ce désir d’exclusivité absolue, qui s’accompagne souvent d’une méfiance profonde à l’égard des sentiments de l’autre, et d’une piètre estime de soi, deux traits de caractère qui n’appartenaient pas à Renée. Les manifestations de jalousie qu’elle avait observées chez les autres la laissaient perplexe. Elle profitait des bonnes choses que certains de ses semblables étaient prêts à lui donner, et elle avait appris que cela variait beaucoup en fonction des circonstances et de l’humeur du moment. Cela pouvait aussi bien cesser du jour au lendemain, si elle devait quitter un lieu de vie pour un autre. Renée se protégeait très efficacement de l’arbitraire de l’existence et de l’inconstance des hommes en vivant le moment présent intensément, comme si c’était le dernier. Dans cette manière d’être au monde, il n’y avait pas de place pour un sentiment aussi inutile et parasite que la jalousie.
Afficher en entierPendant longtemps, il avait été grisé par ces instants de duperie, quand il était reçu comme un libérateur, comme un héros par les braves gens crédules. Il se repaissait de cette liesse qui précédait la déconfiture et l’horreur qu’inspirait une telle imposture. Car le Mal qui prend l’apparence du Bien gagne une dimension nouvelle, sans égale et sans rémission.
Afficher en entierElle est la plus forte,plus forte que tous ces braves Belges réunis,plus forte que lui,plus forte que ses hordes de SS qui terrorisent le monde.Plus forte que toutes les images de cheveux et de mort.
Afficher en entierWâpamiskw,un grand chasseur cri,lui avait expliqué que,parfois,il arrive que le chasseur rate sa proie,parce qu'elle n'est pas prête à mourir,parce qu'elle est plus forte que le chasseur.Alors il faut s'incliner devant la vie,et rentrer chez soi.
Afficher en entierElle ne négociait pas avec la réalité.Jamais.En revanche,elle se plongeait avec passion dans les légendes et les contes,des histoires anciennes très éloignées de son présent.Elle les percevait confusément comme les seuls vrais remèdes à la laideur du monde;et,paradoxalement,comme les éblouissants reflets de sa fulgurante beauté.
Afficher en entierRenée aimait bien cette expression,c'était drôle,ça donnait l'impression que ce n'était pas tout à fait terminé,puisqu'on faisait encore quelque chose,pas très folichon,certes,mais c'était quand même mieux que rien.Renée n'avait jamais cru à toutes ces histoires d'aller au ciel,d'être avec les anges,de voir le bon Dieu.L'image de la terre et des racines de pissenlits était bien plus conforme à ce qu'elle pressentait.
Afficher en entierPendant que la petite racontait,il s'était senti léger,apaisé,loin de cette guerre.Il était revenu là-bas,dans la tente de la vieille indienne.Mais c'était un autre temps,un autre lui-même.
Afficher en entierCelle qui à présent réchauffe ses mains à la fourrure d'un animal à peine mort,qui se repaît de cette bonne chaleur,qui suit Mathias dans le bois comme son ombre,qui le couve intensément de ses yeux profonds,qu le veille quand il dort,et lui procure quelque chose qu'il n'a encore jamais connu,et qu'il est incapable d'appréhender.
Afficher en entierQuelque chose en lui avait remué.Quelque part entre sa poitrine et son abdomen.C'était comme un frémissement infime,une poussée à la fois douce et brutale.Quelque chose de familier.Comme quand il était là-bas,dans les grands bois,dans cette autre vie.
Afficher en entierLa petite se leva,vint se placer sagement près de l'homme.La mère sentait son coeur bondir dans sa poitrine.Pourquoi la perspective de devoir se séparer d Renée la bouleversait à ce point?Elle n'avait jamais eu le sentiment d'aimer réellement l'enfant.
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